La conception d'un projet d'unité de transformation doit être effectuée selon une procédure permettant de dégager des critères de choix aussi bien techniques qu'économiques.
Le présent chapitre aborde de manière très succincte certains problèmes d'ordre financier et technique présents dans toute étude de projet.
L'élaboration d'un projet comprend trois phases successives:
- une étude d'identification qui, en fonction des habitudes alimentaires, des besoins nutritionnels, du pouvoir d'achat des consommateurs, de l'analyse des disponibilités en matières premières, en énergie, en main-d'oeuvre et en infrastructure, et suite à la décision prise de desservir un marché local ou régional, permet de choisir un type de transformation;- une étude de faisabilité (comportant un dossier technique, un dossier emploi et un dossier économique) visant à déterminer la capacité de production de l'unité à implanter, le montant des investissements nécessaires et un essai d'implantation des différents postes de l'entreprise en fonction des surfaces allouées;
- une étude d'avant-projet d'exécution (planning d'exécution, matériels à mettre en place, évaluation précise de leur coût, etc.) qui prépare la réalisation pratique des travaux de montage de l'entreprise.
Dans le cas des unités de transformation de petite taille qui nous préoccupent ici, certaines phases préalables d'évaluation pourront être regroupées afin de minimiser les coûts qu'entraînerait une étude exhaustive.
Le présent chapitre a donc pour but d'exposer une méthode d'évaluation économique simple, applicable à des entreprises modestes dont la capacité de production, souvent limitée par les disponibilités en crédits d'investissement, sera conçue pour satisfaire la demande de marchés locaux ou régionaux.
Les entrepreneurs désireux d'investir des sommes importantes dans des entreprises de transformation agro-industrielles fruitières tournées vers les marchés nationaux ou internationaux devront en tout état de cause requérir les services de sociétés d'ingénierie spécialisées qui établiront des dossiers comparatifs de faisabilité complets et fiables quant à la rentabilité attendue des différentes options technologiques examinées dans le cadre d'un projet donné.
On procédera, dans un premier temps, à l'analyse du marché en vue de déterminer le volume et la gamme des produits que l'on se propose de fabriquer au cours d'un certain nombre d'années.
Dans un deuxième temps, on vérifiera, par une première estimation des coûts d'investissement et des coûts de production, si l'entreprise est rentable ou non et l'on déterminera les conditions de sa rentabilité.
Les unités de plus grande capacité, dans lesquelles le management joue un rôle primordial, devront approfondir leur analyse et établir un ou plusieurs échéanciers de flux financiers prévisionnels portant sur une période de 5 à 20 ans.
Il s'agit de déterminer, pour un produit fini donné, la taille du marché, son évolution et le niveau de production que la future unité de production peut espérer écouler en fonction du pouvoir d'achat et des goûts de la clientèle visée ainsi que de la concurrence et de la structure des coûts. Il est également souhaitable d'effectuer une analyse de l'évolution des prix de gros et de détail ainsi que des prix à l'importation du produit considéré, car les coûts de production devront être inférieurs à ceux de la concurrence locale ou étrangère.
S'il s'agit d'introduire sur le marché un produit nouveau, le marché potentiel est théoriquement considérable, à condition toutefois que le produit en question soit accepté par les consommateurs. Le taux d'acceptabilité probable d'un produit nouveau devra dès lors être déterminé par des méthodes statistiques parfaitement définies et éprouvées, et non de manière empirique comme c'est trop souvent le cas.
Ces diverses données une fois acquises, l'entrepreneur devra faire un choix quant à la capacité de production de la future entreprise, pour autant que le marché soit suffisamment ouvert et que la limitation des capitaux disponibles n'exclue pas toute possibilité de choix. La taille de l'entreprise devra être déterminée non seulement en fonction des débouchés, mais également en fonction des possibilités d'approvisionnement en matières premières, de façon à ce que l'entreprise soit assurée de tourner à sa capacité maximale de production pendant toute l'année. Cette dernière contrainte implique, pour rentabiliser les investissements, la nécessité pour l'entreprise de ne pas limiter sa production à un seul fruit et à un seul type de produit.
L'entreprise devra, par ailleurs, nécessairement adapter sa production au calendrier de production des espèces fruitières choisies (comme le montre l'exemple donné tableau 60) et orienter si possible sa production vers la fabrication de deux ou trois produits finis (confiture, gelée et pâte de fruits ou marmelade par exemple), tout en simplifiant au maximum sa ligne de fabrication.
Nous verrons, dans la section 12.1 du chapitre suivant, quelles autres données de base l'entrepreneur devra rassembler pour s'assurer que l'unité de transformation envisagée soit adaptée à son environnement et puisse travailler dans de bonnes conditions.
Après avoir déterminé le niveau de production en fonction des possibilités du marché et des approvisionnements et une fois que le matériel de fabrication a été soigneusement choisi après un appel d'offres en fonction de différents critères (coût et nature du matériel proposé - importé ou fabriqué partiellement sur place -, choix d'une ligne de fabrication, disponibilités en énergie, niveau de qualification de la main-d'oeuvre locale, traitement des sous-produits et rejets, possibilitées de transport locales, etc.), l'entrepreneur devra estimer les coûts comparatifs de production par unité de produit fini en fonction des diverses variantes de production offertes par différentes techniques possibles de fabrication, différents matériels ou différentes formes d'énergie disponibles.
Si l'on veut pouvoir comparer entre elles différentes options techniques, l'estimation des coûts unitaires de production doit également tenir compte des éléments suivants:
- frais d'entretien et de réparation;
- coût des intrants (fluides, matières premières, autres matières fongibles);
- frais de personnel;
- frais de gestion et d'administration;
- immobilisations foncières;
- intérêts du fonds de roulement.
Les méthodes permettant d'estimer ces différents postes sont exposées dans les sections qui suivent.
L'amortissement annuel des biens mobiliers et immobiliers dépend de leur prix d'achat, du taux d'intérêt pratiqué et de leur durée de vie. L'amortissement sera d'autant plus élevé que les taux d'intérêts seront plus élevés et que la durée d'utilisation des bâtiments et des matériels sera plus courte.
Connaissant le prix d'achat (Z) d'un bien et le taux d'intérêt annuel (i), il est facile de déterminer son coût annuel d'amortissement en divisant son prix d'achat par le facteur (F) indiqué au tableau 61. Ainsi, le taux annuel d'amortissement d'une machine ayant été achetée 25 000 UM1 à un taux d'intérêt de 16 pour cent et dont la durée d'utilisation (n) est de 7 ans est égal à:
1 Unité monétaire fictive.
a) Valeur des bâtiments et des ouvrages
Celle-ci englobe le coût de tous les travaux de construction (génie civil, bâtiment, aménagements fixes - eau, énergie, routes, clôtures, etc.) et peut varier dans des proportions considérables selon les matériaux utilisés, l'emplacement choisi et les conditions locales. En 1985, la valeur d'une construction pouvait varier dans la proportion de 1 à 10. On établira la valeur des investissements immobiliers sur la base de plusieurs devis établis par des entrepreneurs locaux auxquels les travaux pourraient être confiés.
b) Valeur des biens d'équipement
L'estimation de la valeur des matériels non fongibles doit porter sur le coût des assurances, des emballages, des transports et des manutentions, de façon à obtenir le prix total de l'équipement monté et prêt à fonctionner. Pour les matériels importés, il convient donc d'ajouter à la valeur f.a.b. (pour franco à bord)2 tous les frais d'assurances, de transports, de transitaires, etc. qui vont grever le matériel depuis son port d'embarquement jusqu'à son lieu de montage, ou d'ajouter à la valeur c.a.f. (coût, assurance, frêt) tous les frais afférents au débarquement et à l'acheminement du matériel, du port d'arrivée à son lieu d'utilisation.
2 On dit aussi f.o.b.
Si l'on veut obtenir une valeur plus exacte du coût annuel d'amortissement des bâtiments et des matériels en tenant compte de leur valeur résiduelle à la fin de leur durée de vie utile, on peut utiliser la formule:
dans laquelle (Z), (F), (i) et (n) sont identiques aux paramètres précédents et (S) est la valeur résiduelle attribuée aux bâtiments et aux matériels après amortissement.
L'entrepreneur aura tout avantage à s'adresser à un transitaire pour connaître les coûts d'acheminement du matériel de fabrication nécessaire. Le poids et l'encombrement de ce matériel sous emballage seront communiqués par le fournisseur.
Tableau 61. Table d'actualisation: valeur actuelle, au taux d'intérêt (i), de la somme de (n) annuités de 1 UM payables en fin d'année
Nombre d'années (n) |
Taux d'intérêt (i) | |||||||||||||||||
|
5% |
6% |
8% |
10% |
12% |
14% |
15% |
16% |
18% |
20% |
22% |
24% |
25% |
26% |
28% |
30% |
35% |
40% |
1 |
0.952 |
0.943 |
0.926 |
0.909 |
0.893 |
0.877 |
0.870 |
0.862 |
0.847 |
0.833 |
0.820 |
0.806 |
0.800 |
0.794 |
0.781 |
0.769 |
0.741 |
0.714 |
2 |
1.859 |
1.833 |
1.783 |
1.736 |
1.690 |
1.647 |
1.626 |
1.605 |
1.566 |
1.528 |
1.492 |
1.457 |
1.440 |
1.424 |
1.392 |
1.361 |
1.289 |
1.224 |
3 |
2.723 |
2.673 |
2.577 |
2.487 |
2.402 |
2.322 |
2.283 |
2.246 |
2.174 |
2.106 |
2.042 |
1.981 |
1.952 |
1.923 |
1.868 |
1.816 |
1.696 |
1.589 |
4 |
3.546 |
3.465 |
3.312 |
3.170 |
3.037 |
2.914 |
2.855 |
2.798 |
2.690 |
2.589 |
2.494 |
2.404 |
2.362 |
2.320 |
2.241 |
2.166 |
1.997 |
1.849 |
5 |
4.330 |
4.212 |
3.993 |
3.791 |
3.605 |
3.433 |
3.352 |
3.274 |
3.217 |
2.991 |
2.864 |
2.745 |
2.689 |
2.635 |
2.532 |
2.436 |
2.220 |
2.035 |
6 |
5.076 |
4.917 |
4.623 |
4.355 |
4.111 |
3.889 |
3.784 |
3.685 |
3.498 |
3.326 |
3.167 |
3.020 |
2.951 |
2.885 |
2.759 |
2.643 |
2.385 |
2.168 |
7 |
5.786 |
5.582 |
5.206 |
4.868 |
4.564 |
4.288 |
4.160 |
4.039 |
3.812 |
3.605 |
3.416 |
3.242 |
3.161 |
3.083 |
2.937 |
2.802 |
2.508 |
2.263 |
8 |
6.463 |
6.210 |
5.747 |
5.335 |
4.968 |
4.639 |
4.487 |
4.344 |
4.078 |
3.837 |
3.619 |
3.421 |
3.329 |
3.241 |
3.076 |
2.925 |
2.598 |
2.331 |
9 |
7.108 |
6.802 |
6.247 |
5.759 |
5.328 |
4.946 |
4.772 |
4.607 |
4.303 |
4.031 |
3.786 |
3.566 |
3.463 |
3.366 |
3.184 |
3.019 |
2.665 |
2.379 |
10 |
7.722 |
7.360 |
6.710 |
6.145 |
5.650 |
5.216 |
5.019 |
4.833 |
4.494 |
4.192 |
3.923 |
3.682 |
3.571 |
3.465 |
3.269 |
3.092 |
2.715 |
2.414 |
11 |
8.306 |
7.887 |
7.139 |
6.495 |
5.938 |
5.453 |
5.234 |
5.029 |
4.656 |
4.327 |
4.035 |
3.776 |
3.656 |
3.544 |
3.335 |
3.147 |
2.752 |
2.438 |
12 |
8.863 |
8.384 |
7.536 |
6.814 |
6.194 |
5.660 |
5.421 |
5.197 |
4.793 |
4.439 |
4.127 |
3.851 |
3.725 |
3.606 |
3.387 |
3.190 |
2.779 |
2.456 |
13 |
9.394 |
8.853 |
7.904 |
7.103 |
6.424 |
5.842 |
5.583 |
5.342 |
4.910 |
4.533 |
4.203 |
3.912 |
3.780 |
3.656 |
3.427 |
3.223 |
2.799 |
2.468 |
14 |
9.899 |
9.295 |
8.244 |
7.367 |
6.628 |
6.002 |
5.724 |
5.468 |
5.008 |
4.611 |
4.265 |
3.962 |
3.824 |
3.695 |
3.459 |
3.249 |
2.814 |
2.477 |
15 |
10.380 |
9.712 |
8.559 |
7.606 |
6.811 |
6.142 |
5.847 |
5.575 |
5.092 |
4.675 |
4.315 |
4.001 |
3.859 |
3.726 |
3.483 |
3.268 |
2.825 |
2.484 |
16 |
10.838 |
10.106 |
8.851 |
7.824 |
6.974 |
6.265 |
5.954 |
5.669 |
5.162 |
4.730 |
4.357 |
4.033 |
3.887 |
3.751 |
3.503 |
3.283 |
2.834 |
2.489 |
17 |
11.274 |
10.477 |
9.122 |
8.022 |
7.120 |
6.373 |
6.047 |
5.749 |
5.222 |
4.775 |
4.391 |
4.059 |
3.910 |
3.771 |
3.518 |
3.295 |
2.840 |
2.492 |
18 |
11.690 |
10.828 |
9.372 |
8.201 |
7.250 |
6.467 |
6.128 |
5.818 |
5.273 |
4.812 |
4.419 |
4.080 |
3.928 |
3.786 |
3.529 |
3.304 |
2.844 |
2.494 |
19 |
12.085 |
11.158 |
9.604 |
8.365 |
7.366 |
6.550 |
6.198 |
5.877 |
5.316 |
4.844 |
4.442 |
4.097 |
3.942 |
3.799 |
3.539 |
3.311 |
2.848 |
2.496 |
20 |
12.462 |
11.470 |
9.818 |
8.514 |
7.469 |
6.623 |
6.259 |
5.929 |
5.353 |
4.870 |
4.460 |
4.110 |
3.954 |
3.808 |
3.546 |
3.316 |
2.850 |
2.497 |
21 |
12.821 |
11.764 |
10.017 |
8.649 |
7.562 |
6.687 |
6.312 |
5.973 |
5.384 |
4.891 |
4.476 |
4.121 |
3.963 |
3.816 |
3.551 |
3.320 |
2.852 |
2.498 |
22 |
13.163 |
12.042 |
10.201 |
8.772 |
7.645 |
6.743 |
6.359 |
6.011 |
5.410 |
4.909 |
4.488 |
4.130 |
3.970 |
3.822 |
3.556 |
3.323 |
2.853 |
2.498 |
23 |
13.489 |
12.303 |
10.371 |
8.883 |
7.718 |
6.792 |
6.399 |
6.044 |
5.432 |
4.925 |
4.499 |
4.137 |
3.976 |
3.827 |
3.559 |
3.325 |
2.854 |
2.499 |
24 |
13.799 |
12.550 |
10.529 |
8.985 |
7.784 |
6.835 |
6.434 |
6.073 |
5.451 |
4.937 |
4.507 |
4.143 |
3.981 |
3.831 |
3.562 |
3.327 |
2.855 |
2.499 |
25 |
14.094 |
12.783 |
10.675 |
9.077 |
7.843 |
6.873 |
6.464 |
6.097 |
5.467 |
4.948 |
4.514 |
4.147 |
3.985 |
3.834 |
3.564 |
3.329 |
2.856 |
2.499 |
En dehors des cas où, dans les entreprises de très petite taille, l'entretien et la réparation du matériel et des bâtiments ne sont pas assurés par le propriétaire lui-même, les frais d'entretien et de réparation doivent comprendre non seulement les pièces de rechange et autres matières fongibles comme les peintures, les détergents, les graisses, etc., mais également le coût de la main-d'oeuvre affectée à ces travaux.
Globalement, les travaux et produits d'entretien peuvent être évalués annuellement à environ 5-7 pour cent du coût total du matériel de fabrication dans l'exemple considéré.
Il importe de connaître avec précision les besoins en matières premières (fruits) et en matières annexes fongibles (sucre, acides, pectine, par exemple) ainsi que les besoins en fluides (électricité, fuel, eau) qui vont être consommés en une année pour couvrir les besoins de la fabrication. Les besoins en emballages (boîtes, bocaux, capsules, cartons, etc.) entrent également dans l'établissement des bilans matières qu'il convient d'établir et de chiffrer avec soin pour pouvoir déterminer les coûts annuels de fabrication.
En cas d'alimentation de l'installation par le réseau, le coût de la consommation annuelle d'électricité s'obtient en multipliant la puissance de chaque moteur (exprimée en kW) par le nombre présumé de ses heures d'utilisation, en faisant la somme des produits ainsi obtenus et en multipliant celle-ci par le prix d'achat du kWh. Il faudra éventuellement ajouter à ce coût annuel le montant des charges fixes d'abonnement, de location de transformateur, etc.
Si l'entreprise produit son électricité elle-même, le coût annuel sera égal au coût du combustible utilisé pour actionner le groupe (dont l'amortissement et l'entretien seront également pris en compte).
Les coûts annuels des combustibles (fuel, gaz ou bois utilisés pour actionner des moteurs ou produire de la vapeur) seront calculés en multipliant les consommations horaires en litres de chaque appareil par le nombre d'heures d'utilisation et par le prix du litre du combustible correspondant et en faisant la somme des produits ainsi obtenus.
La puissance d'un moteur exprimée en CV peut être convertie en kW en divisant le nombre de CV par 1,3410. Ainsi, un moteur de 16 CV équivaut à un moteur d'environ 12 kW.
Dans certains cas, l'entreprise aura intérêt a acheter son électricité pendant certaines périodes de l'année et à en produire elle-même à d'autres moments, par exemple en périodes d'étiage. Dans ce dernier cas, elle pourra même envisager de vendre du courant électrique à l'Etat ou à des tiers si la puissance installée le permet.
Les charges annuelles de personnel sont étroitement liées à la taille de l'entreprise, à sa structure et à la nature des produits fabriqués.
Une toute petite unité de production de fruits confits ou de confitures peut facilement restreindre son personnel au cercle familial, alors qu'une entreprise semi-industrielle produisant 150 kg/h de confitures en boîtes et de pâtes de fruits, comme dans l'exemple cité au chapitre 12, devra consacrer une part non négligeable de son budget aux salaires versés à quelque 30 personnes.
L'entrepreneur doit pouvoir évaluer ses besoins en main-d'oeuvre non qualifiée, compte tenu de la capacité de production de l'entreprise. Le nombre d'ouvriers nécessaire pour effectuer une tâche donnée correspond au volume de travail à effectuer en un laps de temps donné (par exemple 8 h) divisé par la productivité horaire moyenne. C'est ainsi que s'il faut peler et dénoyauter 120 kg de mangues par heure (pour obtenir les 70 kg de mangues préparées nécessaires à la production des 150 kg de confiture) et qu'une femme est capable de préparer 10 kg de mangues par heure, le poste nécessitera la présence de 12 femmes pendant 8 h.
L'effectif de la main-d'oeuvre non qualifiée peut varier journellement ou de façon saisonnière selon la nature des travaux à accomplir et les impératifs de la production. Cette main-d'oeuvre fluctuante est rénumérée à l'heure ou à la tâche selon la législation en vigueur, à l'encontre du personnel permanent payé sur une base mensuelle ou hebdomadaire.
Le coût annuel total (P) du personnel peut être calculé dans ce cas à partir de la formule:
P = Wt dst + 12 Wp sp + 12 M,
dans laquelle:
- Wt = nombre de manoeuvres journaliers temporaires;- d = nombre de jours durant lesquels les manoeuvres temporaires sont employés;
- st = salaire journalier de la main-d'oeuvre temporaire;
- Wp = nombre d'employés permanents;
- sp = salaire mensuel du personnel permanent (ou salaire mensuel moyen pondéré si tous les membres de ce personnel n'ont pas le même salaire);
- M = salaire du directeur de l'entreprise.
Le salaire du directeur de l'entreprise devrait être au moins égal à celui qu'il pourrait obtenir dans une autre entreprise. Quant aux salaires des employés qualifiés et des manoeuvres, ils doivent correspondre aux barèmes fixés par la loi.
Ces frais sont négligeables dans les entreprises familiales de très petite taille et peuvent atteindre 0,75-1,0 pour cent du chiffre d'affaires dans les entreprises plus importante susceptibles de commercialiser leur production à l'échelle locale ou nationale, voire d'exporter une partie de leurs produits.
Que l'entreprise soit propriétaire ou locataire du terrain sur lequel elle est implantée, il convient de tenir compte, pour établir un choix technologique, de la valeur de ce terrain. Le coût annuel de cette immobilisation foncière peut être estimé en fonction de la superficie occupée et du prix de location d'un terrain situé à proximité.
Le fonds de roulement nécessaire varie en fonction du volume des stocks de matières premières et des stocks de produits finis requis pour assurer la bonne marche de l'entreprise. Ces stocks de sécurité sont ceux que l'entreprise estime devoir constituer en intrants (fruits, combustibles, emballages, réserves de produits de fabrication, etc.) ou en produits finis pour faire face aux demandes de la clientèle.
L'intérêt que cet argent immobilisé sous diverses formes rapporterait s'il était placé à un taux donné est comptabilisé dans les frais fixes d'exploitation au même titre que les immobilisations foncières.
Une petite entreprise familiale pourra fonctionner au jour le jour sans immobiliser des sommes importantes, tandis qu'une entreprise semi-industrielle produisant par exemple 150 kg de confiture par heure devra prévoir un stock de sécurité amont de matières premières d'environ deux mois et un stock aval de produits finis d'un mois (soit 30 tonnes de confiture), ce qui représente une somme d'environ 15-17,5 pour cent du chiffre d'affaires annuel. Le fonds de roulement varie en fonction du choix technologique retenu, notamment en ce qui concerne les intrants de fabrication nécessaires.
En général, le fonds de roulement est estimé à 20-25 pour cent des dépenses d'exploitation (coût des intrants plus charges de personnel).
L'estimation des coûts unitaires de production, qui représentent la somme des coûts annuels de production définis dans les sections 11.3.1 à 11.3.7 divisée par le tonnage annuel de produits finis fabriqués, constitue la dernière étape analytique avant le choix technologique. En effet, la technique la mieux appropriée sera celle dont le coût de production est le plus bas; il convient de choisir le matériel et l'échelle de production en fonction de ce critère.
Dans les très petites entreprises artisanales utilisant la seule main-d'oeuvre familiale, le choix technologique se portera sur la technique associée au taux d'amortissement des constructions et des matériels ainsi qu'au coût unitaire de l'énergie consommée les plus bas, le coût de la main-d'oeuvre restant constant.
Dans les entreprises semi-industrielles, le choix devra porter sur la technique susceptible d'assurer la plus forte valeur ajoutée1 pour le plus faible investissement en matériel et les coûts de production les plus bas. Il s'agit dans ce cas de comparer le coût des divers équipements, ainsi que les prix de vente au détail des produits finis et des sous-produits qu'ils permettent d'obtenir. Autrement dit, le choix technologique devra être simultanément la résultante d'un choix technique et d'un choix de produits.
1 La valeur ajoutée se calcule en retranchant du chiffre d'affaires les dépenses d'exploitation versées à des agents extérieurs à l'entreprise: achat des intrants, travaux exécutés par l'extérieur.
Quant aux entreprises industrielles, elles devront procéder à des analyses économiques et financières beaucoup plus fines fondées sur l'étude des échéanciers de flux financiers relatifs aux différentes variantes d'un projet. Ce travail, on l'a vu, doit être réalisé par des sociétés d'ingénierie spécialisées.