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2.6 Ecoulement des céréales aux niveaux de l'exploitation et du village

Table des matières - Précédente - Suivante

Le circuit par lequel sont acheminées les céréales, depuis le champ du producteur jusqu'au consommateur, est souvent tortueux; il fait penser à l'écoulement de l'eau à travers un système de canalisations. Des fuites peuvent se produire en tout point du circuit. Il faut connaître le volume de chaque fuite pour pouvoir réduire les plus importantes.

De même, les céréales s'écoulent du producteur au consommateur et sont sujettes à des fuites ou à des pertes pendant le voyage. Il importe de se placer en un point d'où l'on pourra visualiser l'importance des pertes totales de grain subies entre le producteur et le consommateur, comparer le chiffre total avec la quantité perdue en un point particulier, et mesurer cette perte par rapport à la quantité de grain qui passe en ce point.

Pour tout programme d'évaluation des pertes, il faut réunir le plus d'informations possibles sur l'écoulement des céréales; comment et quand le grain passe de la moissonneuse au consommateur; les itinéraires qu'il suit et ses points de halte; où et comment il est traité. Chaque district ou collectivité a un système pour commercialiser les céréales vivrières. Il est indispensable de repérer les chenaux d'écoulement et d'établir les quantités qui les empruntent, tout cela afin de choisir des points prioritaires où seront effectuées l'observation et la mesure des pertes.


3. Ravageurs des entrepôts

3.1 Microbiologie après récolte

3.1.1 Champignons. La structure la plus simple d'un champignon consiste en un filament (ou hyphe) qui croît l'intérieur d'un matériel hôte. Plusieurs hyphes se ramifient pour former une espèce de réseau, appelé mycélium. Les structures reproductives asexuées, connues sous le nom de sporangiophores, sortent de ce mycélium et s'étendent à la surface du substrat, ou matériel hôte. A l'extrémité de ces sporangiophores se trouve le sac (ou sporange) qui contient les spores. Les espèces à reproduction sexuée sont moins fréquentes. Les classes de champignons particulièrement importantes du point de vue de l'entreposage des végétaux sont les moisissures, champignons microscopiques pour lesquels la température optimale pour proliférer est supérieure à 20°C.

Pour se multiplier, les champignons ont besoin d'eau, d'oxygène et d'une température adéquate. Ils ont aussi besoin de substances nutritives qu'ils tirent du substrat; ces substances sont dissoutes avant d'être absorbées dans le mycélium. Si l'on n'y prend pas garde, les produits végétaux entreposés offrent un terrain idéal pour la croissance des champignons.

D'un point de vue écologique, on peut diviser les champignons en deux catégories: les champignons des champs et ceux des entrepôts.

Les champignons des champs, tels que Alternaria, Fusarium, Cladosporium et Helminthosporium, envahissent les graines avant la récolte. Ces champignons ne se développent que sur des graines ayant une forte teneur en eau (22-25 pour cent) et mourront si les conditions de stockage sont correctes.

Les champignons d'entrepôt, principalement les espèces Aspergillus et Penicillium, se développent sur des graines ayant une teneur en eau comprise entre 12 et 18 pour cent.

3.1.2 Quelques champignons après récolte importants. Il en existe de nombreuses variétés dont les plus importantes sont les suivantes.

Aspergillus flavus: croit sur les protéines, les amidons et les huiles, et les altère; elle affecte, en particulier, la qualité de l'huile. Certaines souches produisent un poison toxique, I'aflatoxine, surtout dans les graines oléngineuses et les céréales qui n'ont pas été convenablement séchées.

Aspergillus niger: à A. flavas, mais la toxine qu'elle produit n'est pas aussi dangereuse. La tête des spores est noire.

Groupe des Aspergillus glaucus: groupe très commun de moisissures pouvant se développer sur des substrats à très faible teneur en eau et à forte teneur en sucre; ce sont généralement les premières à envahir les produits végétaux entreposés.

Penicillium spp: couramment associée à la pourriture des fruits. Le mycélium est vert bleuâtre et peut s'étendre à la surface ou à l'intérieur du substrat; développement très épars.

Botryodipladia spp: attaque les fruits ou les graines dans le champ et continue son action destructrice en entrepôt. Le mycélium est noir dans B. theobromae, les spores sont produites dans des pycnides closes, disposées à la surface du substrat.

Fusarium spp: espèce très répandue, associée aux pourritures des denrées entreposées et connue comme agent pathogène responsable des rouilles et des brunissures des céréales et de la canne à sucre. Peut survivre dans la graine et continuer à croître pendant l'entreposage. Certaines espèces produisent des toxines sur le mals entreposé qui n'a pas été suffisamment séché et qui contient une teneur en eau trop élevée. Deux espèces faisant partie des Phyromycetes affectent aussi couramment les produits entreposés.

Rhizopas otrhilus: très répandue; se reproduit sexuellement dans des sporanges caractéristiques sur de nombreuses cultures, mais n'est pas un envahisseur important.

Mucor pusillus: champignon associé à l'altération et à la décomposition des denrées. Très thermophile; il peut, par exemple, survivre aux températures élevées qui règnent dans le cacao en fermentation.

3.1.3 Lutte contre la prolifération des champignons sur les produits entreposés. La principale cause de la détérioration des produits entreposés par les champignons est l'excès d'eau. L'air emprisonné dans la masse du produit peut arriver à des humidités relatives supérieures à 70 pour cent. Un tel taux d'humidité relative favorise le développement des mycéliums fongiques, ce qui entraîne une augmentation de l'activité biologique et une altération accrue.

Ce taux d'humidité relative (HR) de 70 pour cent (voir section 6.3) en est venu à être considéré comme un « seuil de sécurité » et la teneur en eau de denrées en équilibre avec cette HR correspond à la limite qu'il ne faut pas dépasser pour avoir un entreposage sûr (voir tableau ci-après).

3.2 Biologie et identification des ravageurs

3.2.1 Ecologie. Les produits entreposés hébergent de nombreuses espèces d'insectes. Parmi elles, seules quelques-unes abîment directement le produit.

TABLEAU. Valeurs de l'équlilbre hygrométrique avec humidité humidité de 70 pour cent et une température de 27°C

Teneur en eau Tener en eau du produit humide Denrée Denrée du produit humide
Maïs 13,5 Arachides (décortiquées) 7,0
Blé 13,5 Graine de coton 10,0
Sorgho 16,0 Fèves de cacao 7,0
Mil 16,0 Coprah 5,8
Paddy 14,0 Palmistes 5,7
Doliques 13,5 Gari (jaune) 13,6
Haricots 15,0 Gari (blanc) 12,7

Note les valeurs sont déterminées après exposition prolongée dans une atmosphère contrôlée, conditions qui ne s'appliquent pas toujours aux produits entreposés

Un produit peut abriter, outre les ravageurs primaires, toute une colonie d'insectes dont des insectes nécrophages, prédateurs et parasites. Chaque espèce fera montre d'un comportement, de tolérances et de préférences différents face à:

- la denrée
- l'humidité et la température
- l'état du produit (intact, abîmé, usiné, etc.).

En général, pour un endroit, une denrée et une méthode d'entreposage déterminés, seules quelques espèces s'avèrent des ravageurs importants.

3.2.2 Identification. Il importe d'identifier les principales espèces de ravageurs afin de:

3.2.3 Biologie. On peut renforcer de façon non négligeable l'efficacité des mesures de lutte avec un minimum de connaissances sur la biologie des espèces nuisibles. Par exemple, quelle est l'origine probable de l'infestation? Le ravageur at-il une phase de résistance? Est-il suffisamment mobile pour provoquer ailleurs une autre infestation? Quelles sont ses tolérances?

3.2.4 Collections de référence. La majorité des ravageurs agissant sur les produits entreposés sont de petite taille et difficilement identifiables par de nonspécialistes. Les notes qui vont suivre ne sont qu'une introduction.

Il est plus facile pour les personnes qui travaillent sur le terrain d'identifier les insectes si elles peuvent se reporter à des collections de référence des principaux ravageurs présents dans leur région.

Il convient donc de récolter des spécimens des ravageurs les plus courants et de les envoyer pour identification à un spécialiste. Les larves, chenilles et nymphes doivent être conservées dans de l'alcool éthylique à 70 pour cent. Les insectes adultes doivent être envoyés tels quels. Les spécimens doivent être accompagnés d'une étiquette mentionnant la date et le lieu où ils ont été trouvés, et le produit attaqué.

3.3 Notes descriptives

Dans les sections 3.3.1 à 3.3.3 de cette rubrique, les lettres qui précèdent les notes correspondent au système suivant: a) identification; b) denrées attaquées; c) importance des dégâts.

3.3.1 Principaux ravageurs primaires

Céréales

Charançons du maïs et du riz. Sitophilus spp. (Col. Curculionidae)

Figure 3.1 Sitophilus spp.

a) Diffèrent de tous les autres ravageurs habituets des entrepôts par leur long bec ou « rostre», caractéristique de tous les charançons; longs de 2,5 d 4 mm, brun foncé, avec parfois quatre taches plus claires sur les élytres.

b) Maïs, riz, sorgho, blé.

c) Ce sont les plus importants des ravageurs primaires de céréales sous les tropiques humides; attaquent les grains non endommagés; infestent souvent le produit avant la récolte. Les larves se développent d l'intérieur du grain puis, en sortant, laissent un trou rond caractéristique.

Alucite des céréales, Sitotroga cerealella (Lep., Gelechiidae)

Figure 3.2 Sitotroga cerealella.

a) Petit papillon jaune crème ou fauve, présentant parfois une petite tache noire sur les ailes antérieures; les ailes sont très étroites, bordées d'une frange de longues soies; les extrémités pointues des ailes postérieures sont caractéristiques.

b) Sorgho, mais, blé, riz.

c) Sitotroga remplace Sitophilus en tant que ravageur principal dans les zones arides. Cause des dégâts très sérieux dans le maïs entreposé en épis; affecte moins le maïs égrené, car ne pénètre pas d plus de quelques centimètres de la surface. Seules les larves sont nuisibles; les adultes ne se nourrissent pas.

Petit foreur des céréales, Rhyzopertha dominica (Col., Bostrychidae)

Figure 3.3 Rhizopertha dominica .

a) Petit coléoptère de forme presque cylindrique, dont la tête est « repliée »sous le thorax de sorte qu'elle est invisible du dessus. Sur le thorax est disposée toute une série de protubérances, comme le montre le croquis. Dinoderus spp. (également de la famille des Bostrychidue) apparaît parfois aussi dans le maïs. Il présente une forme cylindrique semblable, mais nettement plus courte et plus trapue.

b) Sorgho, maïs et autres céréales; manioc également.

c) C'est l'un des principaux nuisibles des régions tropicales arides. Les Bostrychidae sont aptes 2 forer des matières dures comme le bois et capables de s'attaquer à des grains encore intacts et d'y causer de graves dégâts. On trouve parfois aussi des Bostrychidae à l'œuvre dans le bois des structures d'entreposage.

Grand foreur des céréales, Prostephanus truncatus (Col., Bostrychidae)

Figure 3.4 Prostephanus truncatus.

a) Cet insecte est très semblable au capucin des céréales, mais légèrement plus gros. Les larves et les adultes attaquent divers produits.

b) Mais, manioc, céréales diverses et arachides.

c) Ce ravageur, originaire de l'Amérique du Sud ou de l'Amérique centrale, a été introduit accidentellement en Afrique où il cause d'énormes dégâts, surtout sur le maïs entreposé en épis et le manioc séché. Les pertes de poids imputables à ce ravageur sont de 3 d 5 fois plus élevées que celles provoquées par les ravageurs courants. Les pays actuellement infestés sont la République-Unie de Tanzanie, le Kenya et le Togo. On s'attend que cet insecte envahisse d'autres pays.

Légumineuses à graines

Bruches (notamment le bruche du haricot), Callosobruchus maculatus (Col., Bruchidae)

Figure 3.5 Callosobruchus maculatus.

a) Coléoptères plutôt trapus, actifs, munis de longues pattes et de longues antennes; ces dernières ne sont pas « claviformes »; certaines régions des ailes sont souvent zébrées, tachetées ou marquées de signes divers, le dernier segment de l'abdomen est juste visible derrière les élytres; les différents genres et espèces de ce groupe sont difficiles d identifier pour un non-spécialiste.

b) La nourriture favorite des bruches varie selon les espèces: Callosobruchus se nourrit de doliques, de pois cajan, de pois mungo; Acanthoscelides attaque les Phaseolus et Caryedon serratus préfère les arachides.

c) Plusieurs espèces de cette famille sont les principaux ravageurs de leurs cultures préférées - en particulier Callosobruchus maculatus pour le haricot dolique. L'infestation commence souvent dans le champ avant la récolte, les larves se développent cachées a l'intérieur de la gousse.

3.3.2 Ravageurs localement importants

Pyralidés, Ephestia spp., Plodia interpunctella, Corcyra cephalonica (Lep., Pyralidae)

Figure 3.6 Pyralidé.

a) Toutes les espèces de cette famille ont l'aspect général de la figure ci-dessous; les ailes sont plus larges que celles de Sitotroga et la frange de soies est plus courte. Ephestia spp. a des ailes antérieures foncées, parfois indistinctement rayées, et des ailes postérieures plus pôles, Corcyra est d'un brun gris foncé uniforme; Plodia a des ailes antérieures couleur crème à la base et brun rouge sur la moitié externe.

b) Diverses espèces attaquent les céréales les produits céréaliers usinés, les arachides les fruits séchés.

c) Peuvent être des ravageurs primaires principaux, et importants pour la farine et d'autres produits; les larves, qui sont des chenilles se déplaçant librement, tissent et laissent derrière elles un fil de soie (ce qui est d la fois un problème en soi et souvent le premier signe visible de l'infestation).

Charançons de la farine, Tribolium, Gnatocerus, Palorus, etc. (Col., Tenebrionidae)

Figure 3.7 Tribolium.

Figure 3.8 Gnatocerus

a) Coléoptères actifs de forme allongée, de couleur brun rougeâtre; on reconnaît Gnatocerus spp. à de petites cornes pointant vers le haut sur la fête du mâle.

b) Céréales (surtout lorsqu'elles ont déjà été attaquées par des ravageurs primaires), arachides, produits céréaliers usinés.

c) Peuvent attaquer le grain intact par l'embryon, mais l'infestation est généralement plus grave sur des produits endommagés ou usinés, pour lesquels on peut les considérer comme des ravageurs principaux.

Dermeste des céréales, Trogoderma granarium (Col., Derrnestidae)

Figure 3.9 Trogoderma granarium.

a) Brun foncé, « marbré » de légères panachures; très finement velu; long de 3 mm; les larves portent de longues soies très visibles; facile à confondre avec d'autres dermestidés, en cas d'infestation, il faut faire appel d un spécialiste pour identifier l'espèce.

b) Arachides, céréales, légumineuses à graines.

c) Ravageur majeur dans les régions arides; important en partie car les larves peuvent entrer dans une période de repos résistante (pouvant durer plusieurs années); très difficile à eliminer.

Silvains, Oryzaephilfls spp. (Col., Silvanidae)

Figure 3.10 Oryzaephilus spp.

a) Coléoptères actifs, brun foncé, longs de 4 mm environ, de forme nettement allongée et plate; reconnaissables à six dents hérissées de chaque côté du thorax.

b) Céréales, notamment riz, produits céréaliers, graines oléagineuses.

c) Ravageurs secondaires; peuvent être particulièrement importants pour les produits usinés.

Lasioderme du tabac, Lasioderma serricorne (Col., Anobiidae)

Figure 3.11 Lasioderma serricorne.

a) Brun rougeâtre, finement velu, long de 24 mm tête incurvée sous le thorax.

b) Tabac et cacao; secondaire sur les céréales et les légumineuses à graines

c) Peut être important sur n'importe laquelle des denrées susmentionnées.

Charançon des grains de café, Arneocerus fasciculatus (Col., Anthribidae)

Figure 3.12 Araeocerus fasciculatus.

a) Brun gris généralement tacheté semblable par la forme à un bruche avec l'extrémité de l'abdomen exposé se distingue des bouches par l'extrémité claviforme de ses antennes libre, composée de trois segments.

b) Calé. cacao; secondaire sur les céréales.

c) Généralement peu nuisible mais peut entraîner le refus des marchandises destinées d l'exportation.

Dermestidés, Dermestes spp. (Col., Dermestidae)

Figure 3.13 Dermestes spp.

a) Coléoptères plus gros (5-10 mm), généralement noirs ou noir et blanc; les larves sont velues comme celles de Trogoderma.

b) Produits animaux.

c) Principaux ravageurs du poisson séché, de la viande séchée, des peaux.

Scolyte du coprah, coprah, Necrobia (Col., Clerida)

Figure 3.14 Necrobia rufipes.

a) De 4 d 7 mm, corps d'un vert métallisé, pattes rougeâtres.

b) Coprah, palmistes, produits animaux.

c) N'endommage gravement que les produits moisis, peut se trouver sur le poisson séché etc.

3.3.3 Ravageurs mineurs répandus

Coléoptères plats des céréales, Cryptolestes spp. (Col., Cucujidae)

Figure 3.15 Cryptolestes spp.

a) Très petits (1-2 mm), de forme aplatie, de couleur brun rouge.

b) Céréales, produits céréaliers, doliques, cacao.

c) Peuvent devenir très abondants, surtout dans la farine et le grain endommagé.

Coléoptères de la sève, Carpophilus spp. (Col., Nitidulidae)

Figure 3.16 Carpophilus spp.

a) Petits coléoptères actifs, bruns ou noirs, avec parfois des taches brun orange sur les élytres; ils se distinguent des autres coléoptères par le fait que les deux derniers segments de l'abdomen ne sont pas recouverts par les élytres et nettement visibles du dessus. Chez l'espèce voisine Brachypeplus, ce sont trois segments abdominaux qui sont visibles.

b) Céréales humides, palmistes, coprah, cacao.

c) Très répandus et parfois abondants; courants dans les céréales au moment de la moisson; n'endommagent le grain entreposé qu'aux endroits où le produit est déjà endommagé ou moisi.

3.3.4 Autres arthropodes

Fourmis (Hymenoptera, Formicidae) et termites (Isoptera)

Figure 3.17 Fourmis.

Figure 3.18 Termite.

Peuvent être nombreux dans les entrepôts agricoles; n'agissent habituellement que comme nécrophages et justifient rarement des mesures de lutte- les termites peuvent causer de graves dégâts aux structures en bois. On peut supprimer les fourmis en répandant des poudres insecticides sur les itinéraires (généralement visibles) qui conduisent d leurs nids collectifs; on peut protéger le bois contre les termites (et les pourritures fongiques) en le badigeonnant régulièrement d'huile à moteur usée.

Guêpes parasites (Hymenoptera)

Figure 3.19 Guêpe parasite.

Insectes minuscules (généralement moins de 2 mm de longueur) pourvus normalement de quatre ailes transparentes. Insectes utiles qui parasitent les œuis et les larves de divers lépidoptères et coléoptères nuisibles. Peuvent aider dans certains cas d enrayer des infestations causées par les ravageurs.

Acariens

Figure 3.20 Acarien.

Les acariens forment un ordre de la classe des arachnides (sous-classe des Acarina) et se distinguent des insectes par le fait qu'ils possèdent huit pattes et un corps apparemment non segmenté. Ceux que l'on trouve dans les produits entreposés sont de taille extrêmement petite (0,2 à I mm de longueur) et échappent facilement d l'attention.

Certaines espèces sont prédatrices et se nourrissent d'oeufs de lépidoptères ou d'autres acariens, mais nombre d'entre elles causent de graves dommages dans la farine et autres aliments transformés. Les différents types sont difficiles d distinguer, mais les espèces nuisibles sont plus petites que les espèces prédatrices (il faut généralement une loupe pour les voir), elles ont une couleur blanchâtre et se déplacent lentement.

Leur importance en tant que ravageurs des produits entreposés dans les pays tropicaux n'a pas été déterminée de façon sûre, mais si on les trouve en très grand nombre il faut les considérer comme des ravageurs.

Les fumigations de phosphine tuent les acariens; les autres insecticides sont sans doute moins efficaces. Si l'on a un problème d'acariens, il importe de choisir un produit conçu spécialement pour agir sur eux - c'est-à-dire un acaricide dont l'utilisation est approuvée et recommandée pour les denrées entreposées.


4. Evaluation des pertes

4.1 Introduction

L'évaluation des pertes de produits alimentaires est à la base des programmes entrepris pour réduire les pertes après récolte. Les évaluations peuvent se faire au moyen d'enquêtes réalisées selon des méthodes aussi bien traditionnelles qu'améliorées et être suivies de comparaisons quantitatives, techniques et financières. On peut aussi conduire des essais afin de s'assurer que les structures de stockage améliorées ou les méthodes de fonctionnement sont correctes. Il convient de faire une distinction entre les enquêtes sur les pertes et les études de terrain ou essais, bien que les unes et les autres aient pour but de comparer les résultats des méthodes traditionnelles et des méthodes améliorées du point de vue de la réduction des pertes.

4.2 Définitions

Un grand nombre des termes utilisés dans les estimations des pertes ont été définis dans la section 1.1.

4.3 Enquêtes

On peut distinguer trois types d'enquêter.

4.3.1 L'enquête générale. Il s'agit d'un premier examen de problèmes ponctuels spécifiques et d'une évaluation sur place de mesures propres à réduire les pertes. Ce type d'enquête doit être mené avant le démarrage de tout projet de réduction des pertes. Il faut donc bien connaître l'ensemble des opérations qui succèdent à la récolte, déterminer le point où des pertes importantes peuvent se produire et rechercher les causes de ces pertes. (Il faut, en outre, recueillir et rassembler toutes les données pertinentes provenant d'autres sources et faire, si possible, une estimation approximative des pertes prévisibles.)

4.3.2 L'enquête pilote (enquête non aléatoire). Pour ce type d'enquête, on utilise une approche quantitative fondée sur des techniques d'échantillonnage établies, mais sans appliquer un plan d'échantillonnage parfaitement scientifique.

Des techniques d'échantillonnage utilisées dépendra la fiabilité des résultats (voir section 2.5). Une enquête entièrement aléatoire est très onéreuse, mais les difficultés dues au manque de coopération des agriculteurs et à l'inaccessibilité de certains endroits déterminent souvent de façon décisive le choix des villages et des exploitations pour l'échantillon. Il est rarement possible d'obtenir un échantillonnage statistiquement valable de produits entreposés non décortiqués sans vider le module d'entreposage, pratique souvent mal accueillie par l'agriculteur; d'autre part, l'échantillonnage perturbe les populations de ravageurs et les stratifications qui se sont formées dans le conteneur, ce qui rend celui-ci et son contenu impropres à d'ultérieures mesures des pertes. C'est pourquoi, lors des enquêtes pilotes sur les pertes en cours d'entreposage, on prélève généralement des échantillons aléatoires dans les produits se trouvant à portée de la main.

Malgré ces limitations, les enquêtes pilotes, même si elles ne sont pas statistiquement valables, peuvent fournir des données utiles sur les pertes et leur progression dans le temps.

Le but d'une enquête pilote est d'obtenir une estimation des pertes et des données sur leurs causes. Sur la base de ces résultats, on peut apporter des améliorations dont il faudra suivre les effets et qu'il faudra ajuster à mesure que de nouvelles informations deviendront disponibles.

4.3.3 L'enquête fiable (enquête aléatoire). Ces enquêtes ont pour but d'obtenir des données quantitatives, statistiquement fiables, sur les pertes aux niveaux villageois, régional ou national. Il est indispensable d'appliquer un programme d'échantillonnage aléatoire stratifié et une méthode statistiquement correcte d'analyse des échantillons. De telles méthodes sont coûteuses et nécessitent un personnel nombreux et spécialement formé à ce travail.

Ces enquêtes sont particulièrement adaptées au stade de la récolte, du battage, du séchage et du traitement; elles le sont moins quand il s'agit d'évaluer les pertes en cours d'entreposage en raison des problèmes inhérents à la détérioration biologique.

4.4 Essais sur le terrain

Les essais sur le terrain sont souvent utilisés pour comparer les pertes encourues avec les méthodes traditionnelles et avec les méthodes améliorées. Trois types d'essais peuvent être menés sur le terrain.

4.4.1 Vérification du matériel. Le matériel nouveau ou récemment acquis doit être testé pour déterminer dans quelle mesure il convient aux opérations de récolte, de battage, de séchage et de transformation des cultures de production locale. Une fois l'efficacité d'un type déterminé de matériel reconnue, il faut évaluer sa performance lorsqu'il est utilisé par les agriculteurs.

4.4.2 Simulation des conditions d'entreposage dans les stations de recherche. Il faut être très prudent lorsqu'on interprète les résultats de ce type d'essai, car la situation dans les stations de recherche n'est pas du tout la même que sur les exploitations.

4.4.3 Essais au niveau des exploitations. Ces essais ont deux objectifs. On peut évaluer de nouvelles pratiques après récolte du point de vue de leur effet sur l'importance des pertes. Les essais sont conduits avec la coopération des agriculteurs dans leurs propres champs et villages ou, si cela s'avère impossible, auprès de stations de recherche locales ou de fermes expérimentales, mais on utilisera ces résultats avec toute la réserve qu'il se doit.

On peut introduire des améliorations potentielles et les évaluer après leur application par un groupe d'agriculteurs, sans qu'elles aient été préalablement pleinement expérimentées auprès de stations de recherche. Ce type d'essais est extrêmement utile pour l'évaluation de méthodes qui ont déjà fait leurs preuves dans d'autres pays ou régions. Pendant l'essai, on peut modifier le matériel utilisé pour en améliorer les performances. Des programmes de formation technique sont organisés pour les agriculteurs.

4.5 Validité des enquêtes et des essais

Les résultats des enquêtes et des évaluations ne sont valables que pour les conditions qui règnent durant l'enquête ou l'évaluation. Il existe presque certainement un effet saisonnier sur le taux des pertes, qui ne peut être estimé qu'au bout de plusieurs années.

Une solution plus rapide consiste à faire une enquête pour identifier les points où les pertes sont élevées et leur ampleur. Les améliorations qui sont apportées sont suivies et évaluées de façon intensive. Ensuite, on compare, du point de vue de la réduction des pertes, les résultats obtenus dans le même endroit et pendant la même campagne avec les méthodes améliorées et non améliorées.

Ces enquêtes à long terme, bien que riches en informations fiables, finissent par coûter très cher et ne contribuent pas directement à réduire les pertes.


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