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Avant-propos

Table des matières - Suivante

Les appellations employées dans cette publication et la présentation des données qui y figurent n'impliquent, de la part de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, aucune prise de position quant au statut juridique des pays, territoires, villes ou zones, ou de leurs autorités' ni quant au tracé de leurs frontières ou limites Les opinions exprimées n'engagent que la responsabilité de leur(s) auteur(s).

P-00
ISBN 92-5-202209-3

Reproduction (par quelque procédé que ce soit) et traduction interdites, en tout ou en partie, sans l'autorisation écrite de l Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, seule détentrice des droits. Adresser une demande motivée au Directeur de la Division des publications, Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, Via delle Terme di Caracalla, 00100 Rome, Italie, en indiquant les passages ou illustrations en cause.

(c) FAO 1986
Imprimé en Italie

Depuis 1977, la FAO accorde une haute priorité à la prévention des pertes après récolte, notamment en entreprenant des actions visant à réduire les pertes au niveau de l'exploitation et du village. Une des principales difficultés auxquelles se heurtent les pays en développement pour organiser et exécuter des programmes de prévention des pertes après récolte vient du manque de personnel qualifié.

Dans le cadre de son Programme d'action pour la prévention des pertes de produits alimentaires, la FAO a lancé un programme de formation au cours duquel plusieurs stages ont été organisés en vue de former des techniciens africains aux technologies propres à réduire les pertes de céréales après la récolte. Ces stages ont porté sur divers aspects de l'entreposage et du traitement des récoltes, en particulier sur le problème des ravageurs des produits entreposés et les moyens de les combattre, l'évaluation des pertes, le séchage, le stockage, le traitement des céréales et les incidences économiques.

Le présent manuel a été testé au cours des stages. Sur la base de l'expérience acquise, il a ensuite été révisé. Il paraît maintenant dans la Collection FAO: formation.

Je suis convaincu que les techniciens responsables de la prévention des pertes de produits alimentaires après récolte dans les pays en développement trouveront dans ce manuel de précieux conseils pratiques.

D.F.R. Bommer
Sous-Directeur général
Département de l'agriculture


Préface

Le présent manuel réunit des matériaux-provenant d'un large éventail de disciplines en rapport avec la prévention des pertes de produits alimentaires, tels que céréales, légumineuses, racines et tubercules. Il s'adresse au personnel de terrain. aux chefs de projets et aux agents de vulgarisation qui prennent part à des programmes de prévention.

L'intérét de ce manuel est qu'il rassemble dans un même volume tout ce qui peut concerner la prévention des pertes de produits alimentaires en cours d'entreposage. Dans les sections traitant du séchage, du traitement et de l'évaluation des pertes, on a adapté un point de vue technique, sans pour autant négliger les aspects sociaux et économiques de ces pertes.

Nous espérons que les participants à des sessions de formation trouveront une réponse à leurs questions essentielles dans le présent ouvrage qui devrait être éventuellement complété par des fiches techniques détaillées portant sur des thèmes particuliers et faisant l'objet de travaux pratiques, ainsi que par des notices sur des sujets d'intérêt local.


Remerciements

Nous tenons à remercier MM. D.J. Greig et M. Reeves, consultants de la FAO; M. Greig pour la mise en forme du texte et M. Reeves pour les dernières corrections et l'édition. Nos remerciements vont également aux spécialistes de la FAO qui ont pris part à la préparation de ce manuel.


1. Introduction

1.1 Définitions

Il importe de bien comprendre les principes d'échantillonnage et de mesure pour pouvoir adapter la théorie aux conditions locales et avoir relativement confiance dans les mesures obtenues. La liste ci-après donne la définition des termes couramment employés à propos des pertes de produits alimentaires après récolte.

Après récolte: période comprise entre la maturité de la plante et sa consommation finale.

Pertes de produits alimentaires: on entend par là toute modification de la quantité, de la combustibilité ou de la qualité de l'aliment qui lui fait perdre de sa valeur pour la consommation humaine.

Pertes directes: pertes causées par des fuites ou par la consommation du produit par les insectes, les rongeurs et les oiseaux.

Pertes indirectes: pertes causées par une baisse de la qualité du produit qui entraîne un refus de la part du consommateur. Ce refus peut n'être qu'un phénomène. local et être lié à une coutume.

Pertes de produits cultivés: les pertes de produits cultivés peuvent survenir à tout stade de la chaîne alimentaire entre la plantation et la préparation pour la consommation immédiate. On distingue généralement trois stades.

Les pertes avant la récolte qui se produisent avant que la récolte ne soit effectuée et qui peuvent être dues à des facteurs nuisant à la culture - insectes, mauvaises herbes ou maladies.

Les pertes à la récolte qui se produisent durant les opérations de récolte, par exemple à la suite du secouement des épis et de la chute des grains sur le sol.

Les pertes après la récolte qui surviennent après la récolte.

Pertes après production: c'est la combinaison des pertes à la récolte et après la récolte.

Il est toujours difficile de faire une séparation nette entre les stades définis arbitrairement qui vont de la production à la consommation. Les périodes de maturation-séchage-traitement se chevauchent souvent pendant la période après récolte, par exemple, le séchage du mais dans le champ après qu'il a atteint le stade de maturité. Il n'y a d'ailleurs rien à gagner à établir des limites rigides et à faire des distinctions artificielles entre les stades qui se chevauchent. Il est peut-être préférable de lier les pertes à un processus ou une opération plutôt qu'à une période précise.

Produits alimentaires: denrées habituellement consommées par les hommes; poids, déduction faite de l'humidité, des éléments sains comestibles, normalement consommés par les humains. Les parties non comestibles de la plante, telles que tiges, balles et feuilles, ne sont pas des aliments. Les produits fourragers ne sont pas considérés comme des produits alimentaires. L'évaluation des pertes après récolte se fait généralement sur la base des modifications de la matière sèche. En principe, on ne tient pas compte des pertes nutritives ou financières.

Perte: perte de poids survenant pendant une période précise, exprimée sur la base du produit sec qui aurait pu autrement servir à l'alimentation humaine.

Teneur en eau: quantité d'eau libre contenue dans un matériau donné. A des fins scientifiques, on dit que les matériaux d'origine organique se composent de matière sèche et d'eau. La perte d'humidité pendant le séchage n'est pas une perte de produit alimentaire. La teneur en eau est exprimée soit par un rapport décimal, soit par un pourcentage, de l'une des deux manières suivantes.

Produit humide. La teneur en eau est le rapport entre le poids d'eau et le poids total de matière sèche et d'eau. C'est la méthode la plus couramment employée dans l'agriculture.

Produit sec. La teneur en eau est le rapport entre le poids d'eau et le poids de matière sèche. C'est la méthode utilisée habituellement par les laboratoires scientifiques.

Dans l'agriculture, on utilise traditionnellement la teneur en eau mesurée à partir du produit humide. Si la teneur en eau est indiquée sans la mention produit humide ou produit sec, on peut présumer qu'elle a-été mesurée sur la base du produit humide.

Pour passer d'un système à l'autre, on peut convertir les valeurs numériques décimales au moyen des formules suivantes:

teneur en eau du produit humide = (teneur en eau du produit sec)/(1 + teneur en eau du produit sec)

teneur en eau du produit sec = (teneur en eau du produit humide)/(1- teneur en eau du produit humide)

On notera que la valeur obtenue au moyen de œs formules diffère pour le même échantillon.

1.2 Entreposage

Les exploitants récoltent des produits végétaux. Ces produits exigent une œrtaine transformation avant d'être propres à la consommation humaine. Ils ne sont disponibles qu'en de courtes périodes de l'année, mais les hommes souhaitent pouvoir les consommer de façon régulière tout au long de l'année. Il faut donc trouver un moyen de les stocker.

Les conditions d'entreposage de récoltes sont très variables. Pour les denrées durables, comme les céréales en grain, elles sont relativement simples; pour les denrées périssables, telles que les fruits ou les légumes, l'entreposage de longue durée revient très cher. On peut vaincre ces difficultés soit en prolongeant la saison de production des cultures périssables, soit en les transformant partiellement ou totalement en produits concentrés plus faciles à conserver.

1.3 Critères d'entreposage

Le produit récolté doit être entreposé de sorte que:

• sa qualité ne s'altère pas pendant la période d'entreposage;
• la quantité entreposée ne diminue pas;
• il soit protégé contre les attaques de ravageurs, les maladies et les pertes physiques;
• il soit accessible en temps et en quantité voulus.

Les principaux produits récoltés demandant des installations d'entreposage sont:

• les denrées durables (céréales en grain);
• les denrées périssables (fruits et légumes);
• les denrées semi-périssables (plantes-racines et tubercules).

Les produits périssables exigent un certain traitement. Les denrées semipérissables, comme l'igname et la patate douce, peuvent nécessiter des soins particuliers et des structures spécialisées pour être entreposées sans dommage. Le coût du traitement et œlui de l'entreposage sont des considérations à ne pas négliger lorsqu'on établit une stratégie de stockage.

Les denrées durables sont, par rapport aux deux autres catégories, relativement faciles à entreposer.

1.4 Agents de détérioration des produits entreposés

Les principaux agents responsables de la détérioration des produits entreposés sont:

Figure 1.1 Structures traditionnelles d'entreposage.

Figure 1.2 Insectes nuisibles.

Figure 1.3 Rongeur.

- les micro-organismes (champignons, bactéries et levures)
- les insectes et les acariens
- les rongeurs
- les oiseaux
- l'activité métabolique

Champignons. Ils sont les plus importants des micro-organismes susceptibles de provoquer ou de favoriser la détérioration des récoltes. Tout en appartenant au domaine végétal, les champignons sont privés de chlorophylle et ne peuvent donc fabriquer leur propre substance nutritive par photosynthèse. C'est pourquoi ce sont soit des parasites qui vivent sur d'autres organismes vivants, soit des saprophytes qui vivent sur des organismes vivants mais inactifs, ou sur des organismes morts. Les champignons parasites peuvent provoquer des maladies dans l'organisme hôte, tandis que les saprophytes dégradent ou détruisent l'organisme dont ils se nourrissent. Dans le cas des denrées durables entreposées, les plus importants sont les champignons saprophytes.

Bactéries. Elles ne constituent généralement pas un problème pour les denrées sèches durables. Cependant. elles peuvent se multiplier et se propager sur des parties déjà endommagées du produit pendant l'entreposage.

Insectes. De nombreuses espèces d'insectes sont présentes dans les produits récoltés entreposés, mais quelques-unes seulement causent des dommages et des pertes. Certaines peuvent même être utiles, car elles attaquent d'autres espèces nuisibles. Il est bon de pouvoir identifier avec précision les principales espèces afin de connaître leur action sur le produit entreposé et d'établir les mesures de protection à prendre.

Figure 1.4 Activité métabolique.

Figure 1.5 Réduction de la teneur en eau des céréales.

Rongeurs. Les rats et les souris préfèrent ne pas vivre dans les entrepôts de grains, car ils n'y trouvent pas d'eau à boire. Ils peuvent survivre sans avoir d'eau à portée, mais l'atmosphère des entrepôts est trop sèche pour qu'ils puissent s'y reproduire rapidement, à moins qu'ils aient la possibilité de sortir pour trouver de l'eau et de rentrer facilement. Les rongeurs mangent les grains et attaquent les sacs et les installations, mais ils contaminent plus encore qu'ils ne consomment par leur urine et leurs déjections. On les neutralise en les empoisonnant et en les empêchant d'accéder aux installations d'entreposage.

Oiseaux. Comme les rongeurs, les oiseaux mangent les grains, mais en contaminent également une quantité plus grande encore par leurs déjections. On évite ces pertes en empêchant les oiseaux d'accéder aux installations d'entreposage.

Activité métabolique. Le produit récolté est un matériau vivant; il est le lieu de réactions chimiques normales qui produisent de la chaleur et des produits chimiques dérivés. Présents en grand nombre. les insectes, les acariens et les micro-organismes sont aussi une source de chaleur qui peut provoquer une élévation importante de la température du produit entreposé.

1.5 Lutte contre les agents de détérioration

Les agents de détérioration (à l'exception de quelques espèces anaérobies) ont besoin d'humidité, d'oxygène et d'une température égale pour se multiplier et donc endommager le produit.

La lutte contre les nuisibles consiste à maintenir un ou plusieurs de ces facteurs à un niveau qui empêche (ou tout au moins ralentit) leur croissance, ou à employer divers moyens de lutte comme l'application d'insecticides ou de fongicides (acide propionique par exemple).

1.5.1 Réduction de la teneur en eau. Le taux d'activité métabolique diminue sensiblement dans la plupart des céréales si la teneur en eau des grains tombe à 14 pour cent; cette activité cesse pratiquement lorsque la teneur en eau tombe audessous de 8 pour cent. Le séchage est donc le traitement couramment appliqué aux céréales humides avant l'entreposage. Il nécessite de l'énergie pour évaporer l'eau, et une circulation d'air pour éliminer la vapeur d'eau dégagée. L'énergie peut provenir du brûlage de combustibles fossiles ou de bois, ou des rayons du soleil - comme dans le cas du séchage au soleil. Elle peut provenir aussi de l'air ambiant s'il n'est pas totalement saturé de vapeur - comme dans le cas du séchage en cribs des épis de mais. La circulation d'air peut être provoquée par des courants de convention dus à des différences de température relativement faibles, par un déplacement général de l'air (vent ou brise), ou artificiellement, par exemple, par un ventilateur. Les méthodes de séchage ont été très étudiées et l'on peut en prédire les résultats sans risques d'erreurs.

1.5.2 Réduction de l'oxygène. Les grains en vrac peuvent être entreposés dans des conteneurs étanches pour en exclure l'oxygène. Si le grain est humide (17-20 pour cent d'eau), l'activité métabolique épuisera rapidement le volume d'oxygène initial et la céréale ne perdra rien de sa qualité nutritive. Mais le germe sera détruit et la fermentation anaérobie risque de laisser des traces inacceptables. Ce grain ne sera utilisé que pour l'alimentation animale. Si le grain est sec (12-13 pour cent d'eau), il peut être entreposé pendant plusieurs années, à condition de le traiter avec soin. Dans des conditions d'entreposage en atmosphère contrôlée (modifiée), on remplace souvent par du N2 et du CO2 l'air présent à l'origine quand le conteneur est chargé pour la première fois.

1.5.3 Contrôle de la température. Jusqu'à 42°C, plus la température s'élève, plus l'activité des insectes et l'activité métabolique générale augmentent. Grâc'e aux techniques modernes de réfrigération qui permettent de maintenir de basses températures dans la masse de grain entreposé en vrac, il a été possible d'enrayer la détérioration et de conserver la viabilité des céréales. Ces techniques s'emploient dans des domaines spécialisés, comme l'entreposage des semences et des céréales de brasserie. Le coût des installations et les dépenses de fonctionnement sont élevés.

1.5.4 Méthodes chimiques. On traite les céréales en vrac avec de l'acide organique ou de l'ammoniac gazeux. Ces produits stérilisent le grain et tuent le germe, mais ils donnent en général une odeur désagréable (pour les humains) au grain qui est alors donné au bétail. Les traitements par insecticides et fumigants peuvent aussi être considérés comme des méthodes chimiques de protection.


2. Mesures

2.1 Introduction

Une personne expérimentée peut souvent. par ses observations, identifier un problème et suggérer une solution possible. Toutefois, il est extrêmement difficile, même pour un observateur averti, d'évaluer avec précision les coûts et les avantages potentiels de la solution envisagée. Les mesures, à condition qu'elles soient prises correctement, permettent de chiffrer le problème et sa solution. Elles donnent également aux autres personnes qui travaillent sur le terrain la possibilité de profiter des résultats.

2.2 Unités de mesure

Les mesures fondamentales sont la masse, la longueur, la température et le temps; toutes les autres unités de mesures en découlent.

Les unités dérivées sont celles que l'on utilise dans les mesures et les calculs de tous les jours. Les plus importantes qui seront mentionnées dans le présent manuel sont les suivantes:

Paramétre Unité Symbole Autres unités
Poids kilogramme kg tonne (1000 kg)

quintal 100 kg)

Temps seconde s minute (mn), heure (h)
Distance mètre m kilomètre (km)
Température degré Celsius °C degré Fahrenheit (ºF)
Superficie mètre carré m3 hectare (ha)
Volume mètre cube m3 litre (1)
Densité kilogrammes/mètre cube kg/m3 grammes/millilitre (g/ml)
Force newton N  
Pression pascal P newton/mètre carré (N/m2)

2.3 Répétibilité et précision

Le degré de précision exigé de la mesure dépend de l'ordre de grandeur de la mesure et de son objet. Parler d'un trajet de 100 km en car mesuré au mètre près serait sans intérêt, et pourtant des unités de 1 millimètre seraient trop grandes pour décrire la taille d'un acarien des céréales. Les erreurs de mesure viennent du manque de précision des instruments et de leur faculté de reproduire les mêmes indications de mesure.

Dans des mesures ou des calculs normaux, il suffit généralement d'utiliser quatre chiffres significatifs et d'arrondir à trois chiffres significatifs; il serait bon de se le rappeler lorsqu'on utilise des calculatrices électroniques qui indiquent 10 chiffres.

2.4 Mesure de la teneur en eau

La teneur en eau des produits de récolte entreposés est probablement à elle seule, l'élément le plus important d'un bon entreposage. La teneur en eau des céréales est particulièrement critique. Il est impossible de spécifier, pour chaque type d'entreposage, des degrés d'humidité optimaux. Trop de facteurs entrent en jeu: type et variété des céréales. degré de contamination par des matières étrangères; degré de dommage; quantité entreposée; conditions d'aération. Mais plus le grain est humide, plus le risque de pertes est élevé.

Il importe donc de connaître la teneur en eau du grain quand il entre en magasin et de savoir comment elle évolue au cours de l'entreposage. Dans les entrepôts courants (à la différence des entrepôts expérimentaux), il n'est en principe pas nécessaire de connaître exactement la teneur en eau, ce qui est de toute manière très difficile en raison des problèmes d'échantillonnage. Cependant, le gérant doit avoir une idée - généralement à I pour cent près - de la teneur en eau pendant l'entreposage.

Il existe deux catégories de méthodes de mesure de la teneur en eau: les mesures directes et les mesures indirectes.

Mesures directes de la teneur en eau. Pour effectuer des mesures directes, on divise l'échantillon en sous-échantillons, et l'on traite chaque sous-échantillon successivement. Pour déterminer la teneur en eau, on peut soit peser un souséchantillon, puis enlever l'eau. et peser à nouveau l'échantillon sec (la différence de poids étant égale à la quantité d'eau présente à l'origine), soit recueillir et peser l'eau retirée. La première méthode est la plus couramment employée. On retire l'eau de l'échantillon en chauffant celui-ci dans un four dans des conditions contrôlées. On calcule ensuite la moyenne des teneurs en eau des sous-échantillons pour obtenir la teneur en eau de l'échantillon original.

Méthode du séchage au four. Le matériau est pesé, séché dans un four à une température donnée pendant un temps donné, puis repesé. On suppose que la perte de poids correspond à la quantité d'eau contenue dans le matériau d'origine. Pour éviter des erreurs, on utilise un formulaire type pour noter les poids mesurés.

Précision du pesage. La marge d'erreur du pesage doit être de I pour 1000, et la teneur en eau des sous-échantillons doit être exprimée jusqu'à trois chiffres significatifs. La taille du sous-échantillon dépend de l'instrument de pesage, de la dimension du four et des conteneurs à échantillons disponibles. La dimension d'un échantillon type correspond à 50 g de grain contenus dans une boîte de 75 mm de diamètre x 20 mm de hauteur, pesés à 0,01 g près.

Four à sécher. Le four à sécher doit être pourvu d'un système de ventilation à pales. Sa température doit être réglable et contrôlable à± 1°C, entre 95°C et 135°C.

Durée et température de séchage. Il existe plusieurs combinaisons possibles, selon le milieu ambiant et selon que le grain est entier ou moulu. Les quatre combinaisons les plus communément employées sont les suivantes:

1) 2 heures à 130°C (grain moulu)
2) 16 heures à 105°C (grain moulu)
3) 72 heures à 100°C (grain entier)
4) 16 heures à 130°C (grain entier)

On emploie généralement les méthodes 3) et 4) avec du grain entier, car le fait de moudre l'échantillon peut libérer de l'humidité avant que l'échantillon ne soit pesé et donc entraîner des inexactitudes.

Si le grain contient plus de 25 pour cent d'eau à l'état humide, il est recommandé de faire un séchage en deux étapes - la première à 95°C pendant le temps nécessaire pour faire tomber la teneur en eau à environ 18 pour cent du produit, et la seconde pendant 16 heures à 130°C.

Mesures indirectes de la teneur en eau. Les méthodes indirectes employées pour déterminer la teneur en eau consistent à mesurer une propriété du grain qui est elle-même liée à la teneur en eau. Les deux propriétés les plus couramment utilisées à cette fin sont la résistance électrique et la constante diélectrique d'un échantillon de grain qui a été versé dans une cellule de mesure selon un protocole normalisé. Ainsi, les quantités de grain employées sont uniformes, de même que la pression exercée sur l'échantillon.

Les instruments utilisés avec œs méthodes permettent de lire la teneur en eau directement sur une échelle graduée ou avec l'aide d'une table de conversion. Une correction est parfois nécessaire pour tenir compte des températures qui sortent de la fourchette calibrée.

Un grand nombre de ces appareils sont vendus dans le commerce. Il est indispensable de suivre exactement les instructions du fabricant et de recalibrer les instruments au moins une fois par an en prenant comme étalon des échantillons séchés au four.

Une autre propriété des céréales qui peut servir à estimer la teneur en eau est l'humidité d'équilibre de l'air qui entoure les grains. L' <<hygromètre à cheveu >> réagit aux variations de l'humidité relative et peut être calibré en fonction de la teneur en eau des céréales. Cette méthode est moins précise que les autres, et il faut parfois plusieurs heures pour que l'appareil arrive à l'état d'équilibre.

Le test du sel est une méthode très simple pour savoir si le grain est apte à être entreposé. On mélange dans un bocal en verre du sel sec commun (non iodé) avec l'échantillon de grain, et l'on secoue. L'humidité relative d'équilibre du sel sec est de 75 pour cent à des températures ambiantes. La teneur d'équilibre en eau des céréales, à une humidité relative de 75 pour cent, est d'environ 15 pour cent. Si le sel contenu dans l'échantillon de grain adhère aux parois du bocal, c'est qu'il a absorbé de l'humidité de l'air qui devait donc avoir une humidité relative supérieure à 75 pour cent. Cela signifie que le grain a lui-même une teneur en eau supérieure à 15 pour cent du produit humide et qu'il ne peut être stocké en vrac. La méthode n'est pas précise, mais elle est peu coûteuse et n'est pas difficile à réaliser.

Autres méthodes de détermination de l' aptitude des céréales à l'entreposage. Une personne expérimentée, qui ne dispose pas de sondés hygrométriques, est capable de juger de l'aptitude des céréales à l'entreposage d'après l'aspect, le toucher et la dureté de l'enveloppe des grains. Bien sûr, cette méthode ne donne pas une idée exacte de la teneur en eau, mais elle aide à décider si le grain peut être entreposé relativement sans risques.

Figure 2.1 Test du sel.

Figure 2.2 Mordre un grain-une façon de déterminer l'aptitude des céréales à l'entreposage.

2.5 Evaluation des pertes: l'échantillonnage

2.5.1 Généralités. Il est difficile de se faire, par des mesures directes, une idée des divers éléments d'une situation d'ensemble. D'une part, la tâche serait tout simplement immense et, d'autre part, le fait même de prendre des mesures modifie probablement l'objet de l'étude et des mesures, de sorte que la mesure ne reflète plus la situation réelle. Il est plus fréquent de procéder à des essais sur des échantillons. Toutefois, si l'on veut que les résultats de ces essais sur échantillons correspondent à la situation dans son ensemble, il faut que l'échantillon lui-même soit vraiment représentatif.

Par exemple, on veut connaître la teneur en eau d'une livraison de 100 tonnes de mais (situation d'ensemble) de qualité homogène et à teneur en eau uniforme (ce qui est impossible dans la pratique). Il faut donc que la teneur en eau de n'importe quel échantillon de I gramme pris dans n'importe quelle partie des 100 millions de grammes de la masse des 100 tonnes soit la même. Les seules erreurs qui pourraient se produire seraient humaines ou imputables à des défauts des appareils de mesure. L'échantillonnage ne devrait pas poser de problème. Tous les échantillons, de quelque manière qu'ils soient choisis, contiendront du maïs de qualité identique et d'égale teneur en eau.

Dans la pratique, cependant, un lot de 100 tonnes de maïs présentera dans la masse, au départ, des différences de qualité et de teneur en eau selon les emplacements, et même entre les grains. Cette hétérogénéité s'accentuera avec le temps; les insectes et les moisissures n'attaqueront pas le maïs de façon uniforme. En outre, il y aura, par endroits, un échauffement qui produit des « tâches de chaleur » et entraîne par conséquent une altération plus rapide de la qualité et des modifications de la teneur en eau.

Pour évaluer la perte de grain, il faut donc être capable de faire des mesures correctes sur un échantillon représentatif. Quelle que soit l'exactitude avec laquelle le laboratoire a déterminé les caractéristiques d'un échantillon, les résultats n'auront guère d'utilité si l'échantillon n'est pas représentatif du matériau original. Il est également vrai que tout représentatif que puisse être un échantillon, le résultat final ne sera valable que dans la mesure où les instruments sont précis et les manipulateurs compétents. Dans la pratique, il faut viser un niveau de précision acceptable, pour un prix raisonnable.

2.5.2 Echantillonnage. Prélever des échantillons qui représentent le matériau original n'est pas chose aisée. Les échantillons peuvent contenir des erreurs ou être faussés. Ainsi, si l'on choisit la meule qui, dans le champ, a le plus bel aspect, ou celle qui est la plus proche de la maison, ou encore celle que l'exploitant a désignée, il faut s'attendre à obtenir des résultats biaisés. Il en sera de même si les échantillons sont toujours prélevés près de l'entrée du grenier, ou là où le grain a un bel aspect (ou un mauvais aspect). D'un autre côté, à trop vouloir échapper au biais. on risque de faire trop de corrections. Pour éviter les sacs à portée de la main, on choisira systématiquement ceux qui sont difficiles à atteindre. La solution consiste à enlever la possibilité de choisir à l'individu pour la laisser au hasard, en se servant d'une table des nombres aléatoires. C'est le principe de l'échantillonnage par probabilité et les échantillons ainsi obtenus s'appellent « échantillons de probabilité ». Les avantages de l'échantillonnage aléatoire sont les suivants:

2.5.3 Unité d'observation. L'unité d'observation est le récipient, le lieu ou le conditionnement d'où est tiré l'échantillon qui servira à déterminer la perte. C'est la plus petite division ou unité sous laquelle se présente le grain. Ce peut être des meules dans un champ, de petits silos ou greniers sur une exploitation, ou des paniers d'osier. On prendra de préférence un seul panier à l'ensemble des paniers à grain d'un exploitant et des sacs individuels plutôt que l'entrepôt tout entier. L'intérêt de toute l'enquête dépendra de la précision avec laquelle la perte est calculée pour chaque unité d'observation.

Pour faciliter l'échantillonnage, il convient de prendre la plus petite unité d'observation possible. Cela permet de bien mélanger les grains et d'obtenir un échantillon représentatif en façonnant des cônes et des quarts, ou en utilisant un diviseur d'échantillon. On peut employer cette méthode lorsque le grain se trouve dans des paniers ou en meule dans le champ. Cela n'est pas toujours possible quand il est dans des silos ou des greniers et, à moins que l'opération ne soit conduite habilement, l'échantillon risque de contenir une erreur systématique qui ne pourra être rattrapée ensuite par le calcul ou l'analyse.

Figure 2.3 Diviseur d'échantillon

Figure 2.4 Sondes pour prélèvement d'échantillons dans les sacs.

Figure 2.5 Risques d'erreurs (chaque point noir représente unun insecte). On peut A: sousestimer une population nombreuse; B: surestimer une population faible.

Quand un conteneur est pris comme unité, on suppose que le défaut, la contamination ou toute autre caractéristique à identifier est uniformément (ou du moins aléatoirement) réparti dans l'unité. Ce n'est généralement pas le cas dans la pratique. Par exemple, les déprédations causées par les insectes ou acariens, les moisissures et les rongeurs, ainsi que les grains endommagés par les insectes se trouvent habituellement en poches ou couches dans la masse de grain.

Compte tenu des contraintes de temps et d'argent, et souvent des traditions culturelles, le mieux que l'on puisse faire est d'élaborer une méthode d'échantillonnage permettant d'obtenir un grain aussi représentatif que possible du matériau indemne et des couches ou poches endommagées.

Dans route étude, l'enquêteur doit communiquer ce qui a été fait et pourquoi, de façon que les utilisateurs puissent connaitre la signification des données.

2.5.4 Prélèvement des échantillons. La plupart des estimations chiffrées des pertes se fondent sur le pesage à l'entrée et à la sortie. Par exemple, dans une opération par lots, on pèse toutes les unités d'observation après le prélèvement des premiers échantillons; ces unités sont pesées de nouveau quand le traitement par lots est terminé et avant prélèvement des derniers échantillons.

Cependant, il arrive souvent que l'on doive choisir les unités d'observation à l'aide de nombres aléatoires. On appliquera alors la méthode générale décrite dans la section précédente sur l'évaluation des pertes.


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