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PROGRAMME D'APPUI AU DEVELOPPEMENT
DU SECTEUR AGRICOLE (PADSA)

H. ERIKSSON

Consultant, DANIDA et Ministère du Développement Rural, Cotonou, Bénin


Présentation du PADSA

Le PADSA, le Programme d'Appui au Développement du Secteur Agricole, est un appui du Danemark par l'intermédiaire de Danida au Secteur agricole du Bénin. Ce programme, qui porte sur les produits alimentaires, a une durée de 5 ans, de 1997 à 2001, un budget global d'environ 13 milliards de francs CFA, dont 3 milliards pour la recherche-développement de technologies post-récolte. Ce programme représente une innovation au Bénin par son approche programme. En effet, il appuie et renforce plusieurs institutions et activités en cours. Il est mis en œuvre par le gouvernement béninois à travers différentes unités d'exécution nationales appuyées par un conseiller Danida. Le PADSA est également unique en ce sens qu'il appuie directement le secteur privé à travers le même programme et suivant les mêmes orientations. L'appui de Danida au développement du secteur agricole béninois a pour ultime objectif:

*

«d'améliorer le niveau de vie des producteurs ruraux en améliorant leur compétitivité et leurs chances de conquérir des marchés.»

Le gouvernement de Bénin et Danida se sont mis d'accord sur 4 objectifs intermédiaires jugés prioritaires dans la Lettre Politique du Développement rural de 1991. Ces objectifs guideront le choix et la réalisation des interventions entrant dans le cadre de chacun des 4 thèmes majeurs du PADSA:

Thème I: Réforme du secteur agricole
Améliorer l'efficacité et réduire les coûts d'intervention de l'État dans le secteur agricole

Thème II: Insécurité alimentaire et pauvreté rurale
Réduire l'insécurité alimentaire et la pauvreté rurale

Thème III: Développement des systèmes post-récolte
Valoriser la production vivrière au profit des populations rurales et des consommateurs

Thème IV: Intégration sociale et économique des femmes
Améliorer l'intégration sociale et économique des femmes dans le développement rural

Sous chaque thème, il y a plusieurs activités qui sont exécutées soit par une Composante Publique soit par une Composante Privée. Un bureau de coordination de chaque composante est chargé de suivre le travail effectué par les unités d'exécution du secteur public ou du secteur privé.

La réforme du secteur agricole — Thème I — comporte un appui à la mise sur pied du PASA (Programme d'appui au Secteur Agricole) ainsi qu'à la phase intérimaire du PRSA (Projet de restructuration des Services Agricoles) au ministère du Développement rural. Cet appui est cofinancé par plusieurs bailleurs de fonds, dont la Banque Mondiale. Étant donné que le gouvernement s'engage dans le transfert de compétences au secteur privé, ce thème inclut également un appui aux associations professionnelles paysannes et aux ONG.

La lutte contre l'insécurité alimentaire et la pauvreté rurale — Thème II — concerne principalement la Composante Privée et comporte un appui au PILSA (Projet d'Interventions Locales pour la Sécurité Alimentaire) cofinancé avec la Banque Mondiale, un renforcement des capacités des associations professionnelles paysannes et des ONG, un appui au Centre Songhai ainsi qu'un soutien aux différents systèmes de financement rural mis en place par des ONG et le projet PAGER, (Projet d'Activités Génératrices de Revenus), avec le cofinancement du FIDA.

Pour le développement des systèmes post-récolte — Thème III —, un appui est apporté au développement des techniques de post-récolte en milieu paysan ainsi qu'à la diffusion des techniques et pratiques post-récolte améliorées à travers les CARDER ainsi que dans le secteur privé par le biais des ONG et des organisations paysannes.

Pour l'intégration sociale et économique des femmes — Thème IV —, une assistance est offerte aux services d'élaboration de la politique sectorielle et aux services d'appui direct aux groupements féminins du MDR. Dans le secteur privé, les activités de ce thème sont orientées vers les organisations non étatiques d'amélioration des conditions de vie des femmes rurales.

C'est surtout le Thème III (Développement des systèmes post-récolte) qui nous concerne dans le cadre de ce séminaire.

Les techniques traditionnelles encore en usage au Bénin sont le fruit d'un long processus d'expérimentation et d'adaptations, exigeant du paysan qu'il trouve des solutions appropriées à partir de ses propres ressources. Auparavant, ces techniques s'inscrivaient dans une économie de subsistance et d'autoconsommation. Les échanges étaient peu monétarisés et l'urbanisation peu développée. Par ailleurs, les phénomènes de désertification et d'urbanisation n'avaient pas l'ampleur qu'on leur connaît aujourd'hui.

L'on assiste aujourd'hui à des mutations consécutives à des contraintes nouvelles par rapport aux opérations post-récolte traditionnelles. Il s'agit de:

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Modifications des conditions écologiques (déforestation entraînant la raréfaction de certaines espèces végétales (bois, paille) jadis utilisées dans la confection des greniers; apparition de nouveaux déprédateurs des stocks, tel le Grand Capucin du Maïs, dans la partie méridionale du Bénin qui restent difficiles à combattre par les méthodes traditionnelles et infligent de lourdes pertes au maïs;
* Mutations technologiques (l'introduction d'équipements pour améliorer une seule des opérations post-récolte, créant un déséquilibre dans le système); l'introduction de variétés améliorées à haut rendement, mais souvent plus sensibles aux attaques des insectes); l'utilisation de produits chimiques (certains produits mal utilisés ou recommandés uniquement sur le coton, en vente libre sur les marchés locaux, peuvent avoir de graves conséquences sur l'efficacité du traitement comme sur la santé des consommateurs);
* Évolution socio-économique: passage d'une économie d'autoconsommation vers une économie de marché (avec la monétarisation des échanges qui oblige le paysan à vendre une partie de sa récolte pour satisfaire de nouveaux besoins; la nécessité de nourrir les villes en pleine croissance, donc l'augmentation des quantités récoltées par producteur, créant ainsi de nouveaux besoins d'équipement post-récolte).
* Toutes ces mutations dans les systèmes post-récolte au Bénin font que les producteurs et les transformatrices de produits vivriers maîtrisent de moins en moins les aspects techniques liés au traitement, au conditionnement et à la transformation de leurs produits en vue de leur mise sur le marché. A ce titre, l'on peut citer notamment les problèmes de séchage et de stockage du maïs, surtout dans le sud du pays, les techniques de battage, d'égrenage et de décorticage des grains qui demeurent encore très rudimentaires et pénibles, de même que la faible productivité des procédés de transformation des produits. De plus, les méthodes traditionnelles et les conditions de transformation primaire des denrées alimentaires ne garantissent pas aux produits transformés les qualités indispensables pour une conservation de longue durée et l'approvisionnement des zones urbaines en croissance très rapide.

Pourtant, il existe un vrai potentiel en matière d'amélioration technologique et de valorisation des produits agricoles par l'augmentation de l'efficacité des procédés de traitement des récoltes, la réduction des pertes de stockage, une plus grande productivité et efficacité des technologies de transformation des produits et une réduction des contraintes de commercialisation. Ces opportunités sont cependant encore peu exploitées et une bonne partie des travaux de recherche reste malheureusement au niveau des stations de recherche sans être adaptés en milieu réel auprès d'utilisateurs potentiels. Cette situation est due à l'absence d'un programme de transfert de technologies adaptées au milieu rural.

Une exploitation de ce potentiel devrait entraîner une augmentation des revenus et une amélioration du niveau de vie dans le monde rural.

Le bureau de Coordination du PADSA, basé au ministère du Développement rural, renforce les capacités de recherche - développement dans le secteur post-récolte au Bénin, sous la direction de l'INRAB, ainsi que les capacités de diffusion des technologies grâce à: (i) un volet recherche-développement post-récolte exécuté dans le cadre de son Programme Technologie Agricole et Alimentaire; (ii) et un volet diffusion des technologies et appui à la commercialisation qui sera exécuté par les CARDER.

Volet recherche - développement de technologies post-récolte

La démarche utilisée consiste toujours à associer étroitement les opérateurs pour:

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l'identification des besoins réels et des contraintes à partir de diagnostics de filières;

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l'ébauche de solutions à partir d'innovations endogènes ou d'expériences réussies dans d'autres pays;

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la mise au point et l'expérimentation de nouvelles solutions techniques;

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l'appui à la diffusion des technologies ayant fait leurs preuves sur le terrain.

Pour les solutions techniques ayant fait leurs preuves dans d'autres pays, on procédera à une confirmation de leurs performances dans les conditions béninoises avant de passer à une phase de pré-vulgarisation.
A court terme, ce sont en priorité les filières "racines et tubercules" et "grains" qui seront abordées, mais certaines actions déjà engagées, notamment par le LTA (extraction d'huiles d'arachide, de karité, de palmiste, etc.) et par la Cellule Nationale Post-récolte (construction de greniers et stockage du maïs), seront poursuivies. Les diagnostics de filières pourraient se faire dans le cadre de séminaires-ateliers utilisant des méthodes participatives, avec la participation de tous les acteurs concernés par la filière: opérateurs et organisations professionnelles (producteurs, transformateurs, commerçants), partenaires du développement (vulgarisateurs, chercheurs, ONG), constructeurs d'équipements, etc.
Les contraintes socio-économiques devront être prises en compte dès la phase de conception des alternatives techniques. Les expériences passées montrent en effet que les conditions d'acceptation ou de rejet des innovations sont autant, sinon plus, de nature socio-économique que purement technique. Les différentes activités devraient être coordonnées par un binôme technologue et socio-économiste dont l'ascendant relatif dépendra de la nature même de l'activité. Les études diagnostiques seront ainsi coordonnées par l'équipe de coordination technique (ECT) du volet recherche-développement du projet. La mise au point et l'expérimentation en milieu réel de solutions techniques seront menées par l'équipe du LTA. Par ailleurs, celle-ci participera et apportera son assistance, avec l'assistance du LESR (pour la prise en compte des problèmes socio-économiques), aux actions de pré-vulgarisation confiées aux CARDER.
La première phase du projet (1997 - 1998) sera consacrée aux analyses/diagnostic des filières sélectionnées, aux tests en milieu réel de technologies déjà éprouvées dans d'autres pays, à l'identification et à la poursuite d'actions de recherche-développement concernant l'élaboration de solutions techniques nouvelles. La seconde phase sera plutôt tournée vers des actions de suivi-évaluation et de pré-vulgarisation d'innovations mises au point durant la première phase, vers la valorisation des résultats et le déploiement du projet sur de nouvelles activités ou de nouvelles filières.
Certaines études spécifiques pourront être sous-traitées à des institutions telles que la FSA et la DANA, à des ONG ou encore à des bureaux d'études locaux. Ainsi, par exemple, dès la première année, le projet pourrait sous-traiter les études techniques sur le comportement des greniers en terre (niveau d'infestation, évolution thermique et hygrométrique, etc.) à la FSA. De même, l'étude sur les niveaux de mycotoxines dans les produits séchés pourrait être confiée à la DANA.
Les actions de R-D seront réalisées en collaboration étroite avec les Centres Régionaux de Recherche qui devraient voir leurs compétences en technologies alimentaires renforcées au cours des prochaines années. Le projet développera des liens étroits de collaboration avec le projet Recherche Appliquée en Milieu Réel (RAMR) financé par les Pays-Bas et dont l'un des assistants techniques sera un spécialiste de la transformation des produits vivriers et sera basé au Centre de Niaouli.

Volet diffusion des technologies post-récolte et appui à la commercialisation

La vulgarisation agricole est la fonction principale des CARDER. Dans le passé, les chercheurs établissaient leurs programmes de recherche avec une faible participation des autres partenaires du développement tels que les CARDER et les ONG. Le projet néerlandais RAMR prévoit d'appuyer une réorganisation de la coopération entre les CARDER et la recherche - développement, avec notamment la redéfinition du rôle de l'Agent Spécialisé Recherche-Développement (ASRD), la constitution d'un comité technique de R-D au sein de chaque CARDER et la collaboration dans les sites avec les partenaires du développement (ONG, projets, organisations paysannes, etc.).
Le projet post-récolte adapte sa stratégie en matière de R-D et diffusion des innovations technologiques à cette nouvelle approche. Pour assurer la liaison entre la recherche-développement et les ultimes bénéficiaires, le PADSA appuie les services de vulgarisation au niveau CARDER — la Direction de la Vulgarisation et de l'Appui aux Organisations Paysannes (DVAOP) — par la formation et le déploiement de 12 techniciens spécialisés en Technologie Agro-Alimentaire et Commercialisation (TSTAC), deux par département. En plus d'être associés aux diagnostics et au suivi des essais en milieu réel, les TSTAC seront chargés du suivi des tests de pré-vulgarisation.
L'Appui DANIDA à l'intégration des femmes dans le développement rural prévoit notamment des études sur les contraintes dans les filières de transformation agro-alimentaire (fromagerie traditionnelle, extraction d'huile de palme, transformation du manioc, etc.). Il faudra surtout veiller à éviter tout double emploi. Ces études de filières, de même que la programmation des actions qui en découlent, devront être conduites conjointement par les équipes de coordination des deux projets. Pour ce faire, dès le début, des réunions mensuelles entre les principaux cadres du projet post-récolte et ceux du projet "Intégration des femmes dans le développement rural" permettront d'assurer un suivi conjoint des activités des deux projets et une meilleure prise en compte des besoins spécifiques aux femmes dans le domaines post-récolte.

 

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