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8 Synthèse des avantages de la lutte contre le grand capucin du maïs

En comparant les diverses approches utilisées pour déterminer les pertes causées par le GCM dans les greniers traditionnels, leurs effets à l'échelle de l'exploitation et à l'échelle macro-économique ainsi que la rentabilité des mesures de lutte, on est frappé par un certain nombre de faits :

· les méthodologies varient (hormis pour le calcul des pertes de matière sèche) ;
· les résultats des diverses études divergent fortement, car
· la situation change d'une région et d'une saison à l'autre ;
· le nombre des sources disponibles et la précision des informations diminuent en concomitance avec le niveau d'observation (en partant du calcul des pertes, puis de l'étude à l'échelle des exploitations, pour finir par l'étude macro-économique).

La GTZ s'est employée durant toute une décennie à remédier aux lacunes existantes en commanditant des thèses de doctorat (PANTENIUS, 1988 ; BÖYE, 1988 ; ALBERT, 1992 ; HENCKES, 1992 ; HELBIG, 1995 ; MUTLU, 1998 ; de même que les travaux, encore inachevés, de SCHNEIDER et de STUMPF).

Si les approches faisant appel à la pratique (cf. encadré 6) ne satisfont que partiellement à la rigueur scientifique, puisqu'elles sont fondées sur tout un ensemble de simplifications et de généralisations, elles peuvent néanmoins fournir des valeurs approximatives pour le travail de tous les jours. Le fait d'envisager les cas de figure les plus optimistes et les plus pessimistes permet de couvrir la totalité des résultats se situant dans le domaine du possible.

L'analyse qui suie des coûts et avantages de la lutte biologique contre le GCM (tableau 2) se réfère à un calcul macro-économique établi sur la base des chiffres de la production de maïs dans les pays suivants : Togo, Bénin et Guinée (Conakry). Fondée sur les travaux de SCHNEIDER (inédit), elle prend en compte, outre les caractéristiques biologiques de la dynamique prédateur-proie et certaines données sur la distribution actuelle du ravageur et sur celle de l'organisme utile, des rapports constatant l'évolution des pertes effectives de maïs stocké dans diverses exploitations. Y sont également chiffrés les coûts externes des mesures de protection des denrées stockées, autrement dit des coûts qui ne sont pas directement à la charge de chaque exploitant. Ces coûts externes peuvent être très divers : soins médicaux, médicaments ou coûts d'opportunité liés à une perte de travail consécutive à l'application incorrecte de produits phytosanitaires. Il peut également arriver que l'on enregistre des frais grevant les fonds publics, comme le coût de la dépollution de cours d'eau ou de denrées alimentaires contaminés par des produits phytosanitaires, ou encore les coûts incombant aux services nationaux de la protection des végétaux lors du lancement d'un nouveau produit dont l'application demande une mise au courant des paysans.

La ligne 2 indique la part de la production de maïs non traitée aux pesticides (source : FAO). À la ligne 3 figure la valeur marchande moyenne d'une tonne de maïs au cours de l'année concernée. La perte évitée par la mise en _uvre de Tn est indiquée à la ligne 4. Cette économie de pertes, qui a été comptabilisée pour la première fois en 1994 à hauteur de 2,5 % de la récolte de maïs, progresse régulièrement, pour atteindre 15 % en 1999. Le bénéfice en résultant est indiqué à la ligne 5.

Les coûts de développement et de mise en place du programme de lutte biologique figurent à la ligne 6. Les coûts d'élevage, de lâcher et de suivi de Tn sont portés séparément à la ligne 7 puisque, contrairement aux coûts de développement, ces coûts s'appliqueront aussi à l'avenir si le programme est mis en _uvre dans d'autres pays. La ligne 8, enfin, indique le total des coûts.

Tableau 2 : Analyse coûts-avantages de la lutte biologique contre le GCM pour la production de maïs au Bénin, au Togo et en Guinée (Conakry) de 1980 à 2010

1 Année

 

1985-90

1991

1992

1993

1994

1995

2 Production de maïs (sans traitement)

t

3 420 000

596 000

664 000

789 000

685 000

740 000

3 Valeur marchande

DM/t

355

355

503

296

296

325

4 Perte évitée

%

0

0

0

0

2.5

2.5

5 Bénéfice

DM

0

0

0

0

5 070 000

6 020 000

6 Elaboration et mise en place du pro-gramme de lutte biologique

DM

4 067 000

581 000

823 000

488 000

983 000

983 000

7 Elevage de masse, lâcher et suivi de T. nigrescens

DM

352 000

10 000

5 000

5 000

5 000

5 000

8 Total des coûts

DM

4 419 000

591 000

828 000

493 000

988 000

988 000

9 Excédent net

DM

(4 419 000)

(591 000)

(828 000)

(493 000)

4 082 000

5 032 000

10 Excédent net
cumulé

DM

(4 419 000)

(5 010 000)

(5 838 000)

(6 331 000)

(2 249 000)

2 783 000

11 Excédent net
cumulé

             


)
DM
(2 780 000)
(2 920 000)
(3 150 000)
(3 170 000)
(1 040 000)
1 190 000

1 Année

1996
1997
1998
1999
2000
2001-10
2 Production de maïs (sans traitement)
t
907 000
891 000
891 000
891 000
891 000
8 910 000
3 Valeur marchande
DM/t
355
473
355
355
355
355
4 Perte évitée
%
5
8
10
15
15
15
5 Bénéfice
DM
16 100 000
33 740 000
31 630 000
47 450 000
47 450 000
474 500 000
6 Elaboration et mise en place du pro-gramme de lutte biologique
DM
983 000
983 000
495 000
495 000
248 000

7 Elevage de masse, lâcher et suivi de T. nigrescens
DM
5 000
98 000
41 000

8 Total des coûts
DM
988 000
1 081 000
536 000
495 000
248 000

9 Excédent net
DM
15 112 000
32 659 000
31 094 000
46 955 000
47 202 000
474 500 000
10 Excédent net
cumulé
DM
17 895 000
50 554 000
81 648 000
128 603 000
175 805 000
650 305 000
11 Excédent net cumulé (escompté à 8 %)
DM
7 110 000
18 590 000
27 800 000
40 540 000
51 320 000
87 920 000

12 Taux d'intérêt interne (10 ans)
1 %
13 Taux d'intérêt interne (20 ans)
68 %
14 Rapport coûts-avantages (10 ans)
1 / 1,3
15 Rapport coûts-avantages (20 ans)
1 / 57
16 Amortissement au bout de 9,5 années

L'excédent calculé à la ligne 9 était négatif au cours des premières années du projet (chiffres entre parenthèses). La ligne 10 indique les excédents cumulés, autrement dit la somme des excédents annuels. À la ligne 11, ces chiffres sont corrigés (escomptés) à leur valeur future. Ces valeurs constituent la base de calcul des caractéristiques économiques du programme figurant aux lignes 12 à 16. Le taux d'intérêt interne, qui est à peu près comparable à la rente d'un placement financier habituel, est de 1 % pour une durée de projet de 10 ans (68 % pour 20 ans), et le rapport coûts-avantages de 1 / 1,3 (1 / 57 pour 20 ans). La durée d'amortissement des fonds de projet investis dans ces trois pays est de 9,5 années environ.

Au Togo, au Bénin et en Guinée, les dépenses annuelles en pesticides destinés à la protection des denrées stockées se montent à quelque 660 000 DM. Selon certaines estimations, on dénombre annuellement environ 500 utilisateurs qui s'intoxiquent assez gravement pour occasionner des frais médicaux et coûts d'opportunité avoisinant les 10 000 DM. Les coûts externes les plus élevés sont cependant à mettre sur le compte du développement, de l'expérimentation et du lancement de plusieurs produits phytosanitaires binaires qu'il était prévu d'utiliser de façon ciblée dans la lutte contre le GCM. Outre les coûts de développement incombant au fabricant, et qui se chiffrent à plusieurs millions, il a fallu, surtout au Togo et au Bénin, faire face à des dépenses élevées pour la vulgarisation requise par la mise en place des mesures de protection chimiques. Au Togo, de même qu'au Bénin, le service national de la protection des végétaux a bénéficié d'un soutien financier et humain considérable de la part de la GTZ et du BMZ pour les missions de vulgarisation auprès des paysans. On peut estimer à quelque 5 millions de DM au total les coûts occasionnés en l'occurrence (et qui continuent de courir). L'effet marginal des mesures chimiques appliquées dans le cadre de la lutte contre le GCM s'explique non seulement par les conditions socio-économiques évoquées, mais aussi par la biologie du ravageur, lequel survit une grande partie de l'année dans des zones inaccessibles, sur diverses espèces de bois.

Si l'on ajoute ici les dépenses que l'on va pouvoir économiser dans l'avenir aux frais évités grâce à l'approche biologique, le bénéfice lié au programme de lutte augmente encore de manière considérable.

D'un point de vue global, il n'est pratiquement pas possible de procéder à une analyse séparée, pour chaque projet, des coûts et avantages résultant des mesures intégrées de protection des denrées stockées. C'est ainsi que le BMZ, comme il a été dit au chapitre d'introduction, a financé par exemple divers projets et recherches dont les travaux se recoupaient et se complétaient à de nombreux égards.
Il arrive fréquemment que plusieurs organismes oeuvrent simultanément dans un même domaine (dans le cas de la lutte biologique contre le GCM en Afrique, il s'agit du NRI et de l'IITA, avec des financements d'origine diverse). On ne peut pas, la plupart du temps, analyser séparément les contributions que chacun apporte à la solution globale du problème. Le recensement des activités et opérations post-récolte mises en _uvre au Bénin depuis la première apparition du GCM montre comment différents donateurs, organismes d'exécution et projets ont contribué à la résolution des problèmes posés par la protection des denrées stockées.

· Projet FAO de prévention des pertes post-récolte
· Volet de protection des denrées stockées du projet GTZ d'assistance au service national de la protection des végétaux
· Activités post-récolte du projet GTZ de développement régional au sein de CARDER Atlantique
· Activités post-récolte du projet intégré de sécurité alimentaire de la GTZ
· Activités post-récolte du projet de sécurité alimentaire de la Banque mondiale
· Activités post-récolte du projet « Systèmes de stockage décentralisés » du PNUD et de la Banque mondiale, réalisé par la FAO
· Travaux de recherche de l'IITA sur la lutte biologique contre le GCM
· Soutien à la lutte biologique contre le GCM par le projet TT&TU de la GTZ et de l'IITA
· Soutien à la lutte biologique contre le GCM par le projet supra-régional de lutte intégrée contre le GCM de la GTZ
· Activités ponctuelles post-récolte du projet supra-régional « Protection des denrées stockées dans les greniers traditionnels » de la GTZ (formation, vulgarisation)
· Formation continue de spécialistes nationaux par la Fondation allemande pour le développement international et la Centrale pour la nutrition et l'agriculture (DSE / ZEL)
· Formation continue de spécialistes nationaux par d'autres organismes
· Activités post-récolte de Sasakawa Global 2000
· Activités post-récolte de diverses autres organisations non gouvernementales

Il ne s'agit là en aucun cas d'un exemple atypique, puisque l'on peut observer la même tendance dans d'autres pays (le Ghana ou la Tanzanie p. ex.). L'analyse de la rentabilité de programmes comme la lutte biologique intégrée contre le GCM ne peut donc être pertinente que si les moyens fondamentaux mis en oeuvre sous la forme de projets de recherche et de projets opérationnels sont étudiés d'un point de vue global. Il est évident qu'il n'est pas possible de déterminer quantitativement la contribution spécifique de l'un ou l'autre donateur, car le bénéfice obtenu ne se déduit pas de l'investissement consenti.

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