L'intensification des activités déployées dans le secteur de la protection des denrées stockées a, avec le temps, soulevé un nombre croissant de questions sur les incidences sociales, culturelles et économiques de l'engagement dans ce domaine. Le faible taux d'adhésion à certaines recommandations des services de vulgarisation pourtant tout à fait rationnelles d'un point de vue technique, telles que l'installation de tôles antirats sur les greniers traditionnels ou le traitement des haricots à l'huile de neem pour les protéger des bruches, a contraint la GTZ à élargir son horizon en prenant davantage en compte les conditions d'ensemble de tout le système post-récolte. Pour les raisons les plus diverses, certaines innovations impliquant des modifications en profondeur des systèmes de stockage traditionnels, comme la mise en service de greniers-séchoirs du type « narrow crib », ou encore le magasin fumigeable du type « Cacaveli », n'ont pas été adoptées par les intéressés. Etant donné que pour les paysans concernés, la compétitivité économique constitue - outre la nécessaire mobilisation des ressources- le facteur clé de l'adhésion à une innovation, cet aspect occupe désormais le devant de la scène. Bien qu'elle soit en principe gratuite pour les paysans, la lutte biologique contre le GCM doit elle aussi s'avérer avantageuse d'un point de vue économique.
Cette somme d'expériences a été à l'origine d'une série d'enquêtes de dimension socioculturelle et, plus encore, socio-économique, visant à mieux appréhender le phénomène. Entrer dans le détail des aspects socioculturels dépasserait le cadre de cette brochure. On notera cependant que les études d'ALBERT (1992), HENCKES (1992) et MUTLU (1998), de même que les grandes enquêtes réalisées par le projet « Protection post-récolte dans les greniers ruraux » dans certains pays d'Afrique orientale et occidentale fournissent des informations sur le sujet. Il en ressort que les questions de capacité de travail et de répartition des tâches suivant le sexe dans les ménages paysans ainsi que les conditions et le déroulement des prises de décisions concernant l'utilisation et la vente des stocks jouent un rôle essentiel.
L'évaluation économique des mesures de protection post-récolte soulève quatre questions majeures :
1. À combien faut-il chiffrer les pertes effectives survenant dans les greniers traditionnels ?
2. Quelle est la compétitivité de certaines mesures de protection post-récolte innovantes par rapport aux méthodes déjà pratiquées par les paysans ?
3. Quels sont les effets de la mise en place de nouvelles méthodes de protection post-récolte dans les systèmes d'exploitation agricole sur le niveau de vie des familles paysannes ?
4. Quelles sont les incidences macro-économiques des différentes mesures de réduction des pertes ?
On trouvera par conséquent dans les sections suivantes divers éléments de réponse à ces questions ainsi qu'une présentation, à titre d'exemple, des résultats obtenus dans le cadre de la lutte contre le GCM.
