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Tabl. 15: Tableau comparatif des pertes relatives de poids de MS (en %) au cours de la grande saison de stockage, en fonction du traitement, et à la suite d'une infestation d'insectes, en jours après la mise en entrepôt (JME).

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JME
Espèces locales (+) fum. obligatoire Espèces locales (+) fum facultatif
n x +/- SD min. max. n x +/- SD min. max.
(F) 2 0.2 0.0 0.2 0.2 2 0.2 0.0 0.2 0.2
E 2 0.4 0.3 0.2 0.6 4 0.3 0.6 -0.3 11
30 3 0.3 0.1 0.2 0.4 5 1.0 0.6 0.4 1.9
60 3 1.3 1.2 0.3 2.7 4 2.1 1.4 0.8 3.9
90 3 0.7 0.2 0.4 0.8 5 2.9 3.4 1.1 8.9
120 3 0.4 0.3 0.2 0.7 5 3.3 3.4 1.1 9.2
150 3 1.0 1.1 0.3 2.3 5 5.1 7.8 1.2 14.9
180 3 0.6 0.2 0.5 0.8 - - - - -

(F) = échantillon prélevé dans les champs, de 1 à 7 jours avant la récolte.
(-) = sans fumage; (+) = avec fumage

Là où le fumage n'a été qu'occasionnellement pratiqué, on n'a pas noté d'influence quelconque sur l'évolution des pertes. Même dans le cas des espèces hybrides, il n'a pas été observé d'effets paralysants. En ce qui concerne les "Kédélin", on a relevé au 150ème jour après la ME une perte de poids de 5,1 %, dont 4,8 Z. en valeur absolue, étaient à considérer comme pertes de stockage

3.3.3 Comparaison des méthodes d'établissement des pertes

On a présenté au point 2.4 trois méthodes d'établissement des pertes de stockage, qui sont actuellement, parmi d'autres, à l'étude.

Ces trois méthodes, à savoir la méthode du comptage et du pesage (MCP), la méthode du poids volumique standard (MPVS), ainsi que la méthode du poids de mille grains (MPMG), ont été testées au cours des deux années d'enquête du point de vue de leur comparabilité et de leur facilité d'application.

Ainsi que le montre la fig. 17, c'est la courbe établie selon la MCP qui présente en moyenne le développement le plus harmonieux. Les résultats livrés par la MCP se situaient entre ceux fournis par la MPVS, qui présentait des résultats légèrement inférieurs, et ceux de la MPMG, qui a fourni de loin le chiffres de pertes le plus élevé.

On n'a pas observé, au cours de la seconde période d'enquête, de différences notables entre la MCP et la MPVS (cf. tabl. 16). A partir du 30ème jour ME, les deux méthodes ont fourni des résultats presque identiques quant à l'importance des pertes causées par une infestation d'insectes et une infestation de champignons.

Fig. 17: Tracé des courbes de pertes établies selon les différentes méthodes (MCP = méthode du comptage et du pesage, MPVS = méthode du poids volumique standard; MPMG = méthode du poids de mille grains).

Les droites fondamentales fournies par la MPVS pour la totalité des greniers testés présentaient dans l'ensemble un coefficient de corrélation très élevé (r = 0,99). On a également pu mettre en évidence, et cela sur la totalité des échantillons, l'interdépendance existant entre le taux d'humidité du grain et le poids volumique de MS.

On ne peut néanmoins espérer obtenir par cette méthode la même exactitude que celle offerte par la MCP, ce qui veut dire que l'on est en l'occurrence obligé de prévoir une certaine sur- ou sous-estimation quant au résultat, surtout dans 1e cas d'une évolution des pertes de niveau réduit. L'imprécision de la MPVS s'explique en partie par les divergences standard liées à l'humidité et au degré d'endommagement du grain. On a ainsi observé que les valeurs partielles de poids volumique relevées présentaient entre elles des différences plus importantes, et cela en raison d'une augmentation du pouvoir adhésif intervenant parallèlement à celle de l'humidité du grain. Le même phénomène a été observé sur les échantillons qui comportaient un pourcentage élevé de grains fortement endommagés.

Tabl. 16: Comparaison entre la MCP et la MPVS au niveau de l'établissement des pertes de poids de MS (en %) au cours de la période d'enquête 1984/85 de la grande saison de stockage, en jours après la mise en entrepôt (JME).

JME MCP MPVS Différ. test t
N x +/- SD n x +/- SD
E 9 1 1.3 1.1 9 -1.3 4.3 2.6 n.s.
30 10 2.1 2.2 10 1 1.3 2.2 0.8 n.s.
1 60 1 9 1 3.2 3.0 1 9 1 2.6 1.9 0.6 n.s.
90 10 4.6 3.8 10 1 5.0 3.5 -0.4 n.s.
120 10 1 6.1 7.4 1 10 1 6.9 4.3 -0.8 n.s.
150 10 8.2 7.2 10 1 8.8 5.6 -0.6 n.s.
1 180 7 10.0 10.6 1 7 1 9.0 4.3 1.0 n.s.

*** : p = 0,001; ** : p = 0,01; * : p = 0,05; p.d.n. = pas de différences notables.

Les résultats fournis par la MPMG étaient en revanche fondamentalement différents de ceux obtenus par les deux autres méthodes. Non seulement le tracé de la courbe présentait une grande irrégularité, mais il entraînait dans tous les cas une forte surestimation des pertes, qui a pu être constatée aux dates 1, 3 et 6, et cela en partie avec un pourcentage d'exactitude élevé (cf. tabl. 17) Outre les possibilités d'erreurs, difficiles à contrôler au départ, lors de l'estimation des grains brisés, cette méthode était condamnée à fournir des données imprécises en raison de l'hétérogénéité du substrat.

Il s'est avéré de manière générale que les méthodes s'appuyant sur un standard externe pour déterminer l'importance des pertes ne pouvaient fournir de données aisément reproductibles qu'en présence d'un substrat homogène. Au vu des conditions existant au niveau des greniers des petits paysans togolais, il s'est ainsi avéré que la MPVS et la MPMG ne pouvaient trouver qu'un champ d'application limité

C'est la raison pour laquelle la MCP, dans les conditions exposées plus haut, s'est avérée être la meilleure méthode d'établissement des pertes. Elle a permis d'estimer l'importance des pertes sur la base des grains, intacts à l'oeil nu, trouvés dans chacun des échantillons, ce qui fait que les fluctuations dues au caractère des échantillons ne se sont pas répercutées de la même manière sur le résultat au cours des examens.

Tabl. 17: Comparaison entre la MCP et la MPMG au niveau de l'établissement des pertes de poids de MS (en %) au cours de la période d'enquête 1984/85 de la grande saison de stockage, en jours après la mise en entrepôt (JME).

JME
MCP MPMG Différ. test t
n x +/- SD n X +/- SD
E 9 1.3 1.1 9 4.3 2.0 -3.0***
30 10 2.1 2.2 10 3.2 6.3 -1.1 n.s.
60 9 3.2 3.0 9 8.0 4.2 -4.8**
90 10 4.6 3.5 10 10.1 7.7 -5.5 n.s.
120 10 6.1 7.4 10 13.1 11.0 -7. 0 n. s.
150 10 8. 2 7.2 10 18. 0 12.0 -9. 8*
180 7 10.0 10.6 7 16.7 10.4 -6.7 n.s.

*** : p = 0,001; ** : p = 0,01; * : p = 0,05; p.d.n. = pas de différences notables.

3.3.4 Estimation des pertes à travers les relations dommages - pertes

HARRIS et LINDBLAD (1978) ont présenté une méthode appelée "Converted Ramage Percentage Method", qui est destinée à l'estimation rapide des pertes de stockage. Cette méthode est fondée sur l'hypothèse d'un rapport linéaire entre l'évolution des dommages causés par les insectes et celle des pertes. Un facteur de conversion, qui peut être déduit de l'interdépendance des deux paramètres concernés, permet de procéder à une évaluation rapide des pertes de poids de MS par le biais du pourcentage de dommages.

On a pu établir pour les conditions de stockage régnant au Togo le rapport dommages - pertes suivant:

y = 0,32 x = 0,13 ; r = 0,87 ; n = 142
y = perte de poids de MS (%) ; x = dommages (%)

Le facteur déduit du rapport dommages - pertes et destiné à l'estimation des pertes sera:

perte de poids de MS (%) = 0,31 x dommages (%)

L'observation séparée des saisons de stockage et des périodes d'enquête n'a pas révélé de divergences fondamentales.

Il faut plutôt s'attendre dans la réalité à une évolution exponentielle du rapport dommages - pertes Etant donné qu'au début de la période de stockage les insectes ravageurs ne se sont pas encore complètement établis dans le milieu concerné, la détermination des pertes reposant sur des facteurs d'estimation entraîne souvent une surestimation des pertes de poids Il faut s'attendre à un résultat opposé à la fin de la saison de stockage. Dans le cas de grains fortement infestés, l'estimation des pertes effectuée au moyen de cette méthode peut conduire à leur sous-estimation.

D'après les indications fournies par HARRIS et LINDBLAD (1978), cette méthode a malgré tout donné de bons résultats et l'on peut la recommander en particulier pour le cas où l'on dispose d'une dotation limitée en personnel et en matériel. En raison de sa facilité d'application. cette méthode peut également être employée par un personnel ne possédant qu'une formation pratique, dispensée spécialement en vue de cette tâche. Les deux auteurs précités proposent pour l'établissement des pertes intervenant sur le mais stocké en spathes le facteur 0,22 Comme le montre cependant l'analyse de régression indiquée plus haut, ces facteurs de conversion ne sont valables que pour des conditions de stockage déterminées. Pour déterminer les pertes on peut éventuellement appliquer le facteur qui a été calculé en fonction des conditions de stockage au Togo bien qu'il soit recommandé de modifier ce facteur en fonction des diverses situations rencontrées: conditions de stockages différentes, espèces, conditions climatiques et fluctuations au niveau de l'éventail des espèces d'appartenance des insectes nuisibles, etc...

3.3.5 Evolution des pertes à la suite d'une infestation causée par p. truncatus

L'attention a déjà été attirée dans la partie matériels et méthodes (cf. à ce propos 2.4.4) sur les conditions nouvelles auxquelles l'on se trouve confronté à la suite d'une infestation par P. truncatus, dans la mesure où ce ravageur des denrées stockées n'a été introduit que récemment au Togo.

Cette découverte était la deuxième du genre en Afrique, après celle faite en Tanzanie. GOLOB et HODGES (1982) ont fait état de pertes anormalement élevées survenues dans les greniers à mais des petits paysans à la suite d'une infestation causée par ce bostryche.

Etant donné que les enquêtes décrites ci-dessus, qui avaient pour but d'établir l'état des pertes dans les greniers à mais traditionnels, étaient déjà en cours à l'époque des premières découvertes de P. truncatus au Togo, le caractère d'actualité de cette découverte i fourni l'occasion d'examiner de plus près les conditions nouvellement créées en effectuant un premier essai.

Les essais entrepris en vue de chiffrer les pertes subies dans les greniers infestés par P. truncatus ont été effectués au cours de la saison de stockage 1984/85. Ce n'est qu'au bout de huit semaines après la mise en magasin que l'on a pu observer la première infestation manifeste à mettre au compte de ce ravageur. L'évolution des pertes de poids de MS a été déterminée sur la base de la méthode du poids des échantillons (MPE), décrite plus haut.

Ainsi que le montrent le tabl. 18 et la fig. 18, la courbe des pertes dues à l'infestation par P. truncatus était fortement accentuée.

Jusqu'au 6ème mois de stockage (180 jours après la M.E.), on a enregistré des pertes moyennes de 30,2 % (cf tabl. 18). Ces pertes étaient ainsi 4 fois plus élevées que celles de 7,1 % qui étaient pour leur part, imputables à un parasitage déjà connu, et ont éte relevées dans le même temps dans les entrepôts. Même dans les greniers abritant certaines espèces hybrides réputées sensibles, les pertes de 12,5 % de MS à mettre au compte d'infestations d'insectes étaient de 40 : inférieures.

Fig. 18: Evolution des pertes de poids relatives après une infestation par P. truncatus, en fonction de l'importance des quantités de farine produites par l'activité alimentaire des insectes et du nombre relatif d'épis présentant une infestation d'insectes nuisibles.

Tabl. 18: Evolution des pertes de poids de MS (en %) à la suite d'une infestation par P. truncatus, en mois après la mise en entrepôt (MME).

MME x +/- SD min. max.
3 8.6 9.5 - 0.5 18.4
4 18.9 10.6 10.9 30.9
5 25.0 14.5 14.4 41.5
6 30.2 21.0 12.6 53.5
7 37.1 25.4 14.2 68.9
5 44.8 25.6 27.5 77.8

A l'issue des deux mois de stockage suivants, les pertes ont augmenté d'1/3, atteignant alors le chiffre de 44 8 S. 52 % des épis présentaient alors des symptômes d'infestation dûes aux activités alimentaires d'insectes. Ces épis étaient si fortement endommagés que la partie de céréale résiduelle était devenue impropre à la consommation humaine (cf. tabl. 19).

Tabl. 19: Augmentation du pourcentage d'épis endommagés, en mois après la mise en entrepôt (MME).

MME x +/- SD min. max.
3 25.4 5.1 21.0 31.0
4 27.8 4.5 23.0 32.0
5 41.0 27.1 22.0 72.0
6 48.3 26.3 28.0 78.0
7 55.3 25.7 39.0 85.0
8 52.0 32.1 32.0 89.0

Phénomène symptomatique: l'importance de la farine alimentaire produite au cours de l'infestation par P. truncatus. Ainsi que le montre le tabl. 20, la part de farine alimentaire contenue dans 1e poids total des échantillons (cette part est passée de 0,4 % à la fin du 3ème mois après la ME à 15,2 5 au 8ème mois après la ME) a été multipliée par 38. On en déduit donc que la part de farine alimentaire représentait 34 % des pertes de substance survenues au 8ème mois de stockage.

Tabl. 20: Augmentation de la part de farine alimentaire (en % de MS), en mois après la mise en entrepôt (MME).

MME x +/- SD min. max.
3 0.4 0.4 0.2 0.9
4 1.1 1.0 0.5 2.2
5 4.6 5.6 0.4 11.0
6 8.8 9.6 1.4 18.2
7 13.9 13.0 4.5 28.8
8 1.2 16.0 5.1 33.6

L'application de la MPE est soumise aux mêmes conditions que celles indiquées précédemment pour la MPVS et la MPMG. Compte tenu du caractère hétérogène des échantillons, il faut partir du principe que les chiffres de pertes relevés, tout au moins ceux qui l'ont été au début de l'enquête, sont trop élevés. On a en revanche fixé des critères d'évaluation très stricts en ce qui concerne les échantillons, puisque l'on a estimé les restes de grain comme étant encore propres à la consommation. Lors de l'évaluation des pertes causées par une infestation de P.truncatus, il est absolument indispensable d'analyser de plus près le comportement des paysans au plan de la consommation, et cela de manière à pouvoir mieux définir les pertes effectives On a ainsi régulièrement constaté que les épis fortement infestes n'étaient plus utilisés pour la préparation des repas, mais au contraire donnes au bétail.


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