Back to Home Page of CD3WD Project or Back to list of CD3WD Publications

4. Analyse des pertes de stockage de maïs chez les petits paysans

Table des matières - Précédente - Suivante

4.1 Matériels et méthodes
4.2 Résultats
4.3 Analyse critique

Pour pouvoir se livrer à une évaluation économique des méthodes de stockage et des mesures de protection des stocks, il est indispensable de disposer de données fiables concernant les pertes. Dans ce but, on a effectué dans le cadre de cette étude un certain nombre d'essais, s'étendant sur trois périodes de stockage. Ces essais sont désignés dans la suite par essai 2/86, essai 1/87 et essai 2/87.

Les objectifs de ces essais étaient les suivants:

  1. Etablir les pertes quantitatives de stockage.
  2. Tester dans des conditions pratiques la méthode du poids des échantillons élaborée par PANTENIUS (1987).

Les essais, auxquels les paysans ont apporté leur concours, se sont déroulés sur plusieurs exploitations ("on farm"). On a voulu en l'occurrence intégrer les pratiques de stockage de manière aussi réaliste que possible. Au contraire de ce qui se passe dans les essais en laboratoire et les essais conventionnels aux champs, les diverses phases et répétitions des essais effectués "on farm" sont soumises à des conditions de départ et facteurs d'influence différents. Dans le cas qui nous occupe, l'élément essentiel consiste dans l'infestation naturelle par des insectes, ce qui veut dire que l'on n'a pas créé d'infestation artificielle. Autres facteurs importants:

- la variabilité des espèces de maïs traditionnelles
- la période de récolte et la période de mise en magasin
- les quantités emmagasinées
- le matériau de construction (variété de bois) et l'âge des greniers
- les quantités prélevées et les intervalles de prélèvement
- les facteurs climatiques et les caractéristiques locales spécifiques
- l'éventail des espèces et l'importance numérique des insectes nuisibles

Il est impératif de tenir compte de la variabilité de ces facteurs pour l'interprétation des résultats.

4.1 Matériels et méthodes

4.1.1 Matériel d'examen et variantes adoptées pour les essais
4.1.2 Méthodes d'établissement des pertes

Les critères de sélection des emplacements, ainsi que la répartition locale des fermes expérimentales figurent au chapitre 2. Dans le cadre des essais, on a utilisé uniquement des variétés de mais traditionnelles.

4.1.1 Matériel d'examen et variantes adoptées pour les essais

Essai 2/86

Le maïs examiné au cours de cet essai provenait de la récolte de la seconde période de culture 1986. Il a été uniquement entreposé sous forme d'épis en spathes, que l'on a placés dans des greniers traditionnels. La période d'emmagasinage se situait entre le début et la fin de janvier 1987. Au moment de sa mise en stocks, le maïs. déjà atteint un taux d'humidité relativement bas du fait qu'il avait pu commencé à sécher sur pied avec le début de la "grande" période de sécheresse (décembre à février). Cet essai s'étendait sur cinq mois de stockage. Le dernier échantillon a été prélevé à la mi-juin 1987.

Les trois variantes suivantes ont été examinées, avec à chaque fois n = 6 répétitions:

- stockage en grenier; sans traitement
- stockage en grenier; traitement à l'Actellic (pirimiphos-méthyl (2%); en poudre)
- stockage en grenier, traitement au Sumithion (fénitrothion (3%); en poudre)

La première période d'essais avait également pour objet la description et l'analyse des techniques d'application. Les insecticides ont donc été appliqués par les paysans à la main, selon la méthode dite "du sandwich qu'ils emploient habituellement, c'est-à-dire qu'ils n'ont reçu aucune consigne de dosage. Cette technique d'application consiste à répartir uniformément l'insecticide sur la surface du maïs. au moment du remplissage du grenier, en appliquant une couche de produit tous les 20 à 30 kg de maïs.

On n'a pas exercé non plus d'influence sur les quantités prélevées dans le grenier. L'essai s'est prolongé en d'autres termes durant toute la période de stockage observée par le fermier, ce qui fait que l'on ne dispose pas de données d'essai équilibrées.

Lors du premier échantillonnage, l'un des fermiers de la "variante Sumithion. a formulé des réserves d'ordre culturel et religieux contre un prélèvement. Le grenier concerné a alors été exclu de l'enquête.

Essai 1/87

Le maïs examiné au cours de cet essai provenait de la récolte de la première période de végétation 1987. On a entreposé en l'occurrence aussi bien des épis de maïs en spathes que du maïs en grains. Les épis de maïs ont été stockés dans des greniers traditionnels, le maïs en grains dans des sacs. La période de stockage allait de fin juillet à fin août 1988. Avant sa mise en magasin, le maïs conservé dans des sacs a été étalé pendant quelques jours sur une aire de séchage. Le maïs stocké en grenier a été rentré aussitôt après la récolte. L'essai s'est poursuivi sur une période de stockage de six mois. Le dernier échantillonnage a eu lieu fin février 1988.

Du fait de l'apparition du coléoptère nuisible Prostephanus truncatus dans certains greniers au cours de la première période d'essai, on a décidé de tester à cette occasion des insecticides binaires dont l'emploi n'était pas encore autorisé. Dans le cadre des expériences faites en laboratoire et des essais contrôlés sur le terrain, les agents actifs des insecticides testés ont fait la preuve de leur efficacité (LABORIUS 1986, GOLOB et al. 1985, GOLOB 1984, ADESUYI 1982).

On a examiné en l'occurrence les quatre variantes suivantes, en procédant à chaque fois à n = 6 répétitions:

- stockage en grenier; sans traitement
- stockage en grenier, traitement aux produits traditionnels

* 1 grenier avec des neems (feuilles fraîches)
* 1 grenier avec de la cendre (provenant du foyer)
* 4 greniers avec des résidus de la distillation de l'eau-de-vie de palme ("sodabi")

- stockage en grenier; traitement aux insecticides binaires

* 3 greniers à l'Actellic Super (pirimiphos-méthyl (1,6%), perméthrine (0,3%), en poudre)
* 3 greniers au K-Othrine Kombi (pirimiphos-méthyl (1,0%), deltaméthrine (0,1%), en poudre)

- stockage en sacs, traitement aux insecticides binaires

* 3 magasins contenant des sacs à l'Actellic Super (pirimiphos-méthyl (1,6%), perméthrine (0,3%), en poudre)
* 3 magasins contenant des sacs au K-Othrine Kombi (pirimiphos-méthyl (1,0%), deltaméthrine (0,1%), en poudre)

Les moyens de protection traditionnels ont été appliqués par les paysans de la manière habituelle. Tous les 20 à 30 kg d'épis de maïs on applique uniformément à la surface de la couche des feuilles de neem, de la cendre ou des résidus de "sodabi". Dans le cas du stockage en grenier avec traitement aux insecticides, ceux-ci ont été appliqués selon la "méthode du sandwich., à l'aide d'une boîte perforée, en fonction de consignes de dosage déterminées. La concentration donnée était de 50 9 d'insecticide/ 100 kg de maïs ce qui correspond pour chacun des produits utilisés aux concentrations suivantes:

- pour l'Actellic Super: 8,0 ppm de pirimiphos-méthyl; 1,5 ppm de perméthrine
- pour le K-Othrine Kombi: 5,0 ppm de pirimiphos-méthyl; 0,5 ppm de deltaméthrine

Pour ce qui est du stockage en sacs avec traitement aux insecticides, les produits ont été appliqués selon des consignes de dosage déterminées et aux mêmes concentrations.

Essai 2/87

Le maïs. examiné au cours de cet essai provenait de la récolte de la seconde période de végétation 1987. On a mis ici en magasin du maïs en grains, stocké dans des sacs de jute. L'emmagasinage est intervenu à la mi-février 1988. De manière à prévenir les dommages dus à l'humidité, les grains stockés en sacs doivent avoir un taux d'humidité de 13 à 14 % au moment de leur mise en magasin (DICHTER 1978, p. 27). A la suite du déspathage et de l'égrenage, les grains ont été par conséquent exposés quelques jours durant sur une aire de séchage. L'essai s'est toutefois poursuivi sur une période de stockage de huit mois. Le dernier échantillonnage a eu lieu en octobre 1988.

On a examiné en l'occurrence les trois variantes suivantes, en procédant à chaque fois à n = 4 répétitions:

- stockage en sacs; sans traitement
- stockage en sacs; traitement à l'Actellic Super (pirimiphosméthyl (1,6%), perméthrine (0,3%), en poudre)
- stockage en sacs; traitement au K-Othrine Kombi (pirimiphosméthyl (1,0%), deltaméthrine (0,1%), en poudre).

Comme pour la variante de stockage en sacs de l'essai 1/87, les deux insecticides ont été appliqués selon des consignes de dosage déterminées.

Echantillonnage

En ce qui concerne les variantes avec stockage en grenier, on a prélevé dans chaque grenier des échantillons de 100 épis, une première fois au moment de la mise en stocks puis, durant la suite de la période de stockage, à intervalles d'un mois. En raison du mode de construction particulier des greniers considérés, il n'était pas possible de prélever les épis de maïs au hasard. Les échantillonnages ont été effectués selon le schéma suivant:

- division de la surface de prélèvement en 4 secteurs: nord, est, sud et ouest
- subdivision de chacun de ces secteurs en un secteur extérieur et un secteur intérieur
- prélèvement de 15 épis dans chacun des secteurs extérieurs
- prélèvement de 10 épis dans chacun des secteurs intérieurs

En ce qui concerne les variantes avec stockage en sacs, on a également prélevé un échantillon de 2 kg de maïs au moment de la mise en stocks, ainsi que des échantillons de la même importance à intervalles d'un mois au cours de la période de stockage.

4.1.2 Méthodes d'établissement des pertes

Les méthodes d'établissement des pertes exposées ici se limitent aux pertes quantitatives causées par les insectes nuisibles durant le stockage de céréales, dans le cas présent donc aux pertes de mais. Les méthodes les plus courantes d'établissement de pertes de stockage sont les méthodes de mesure. Ces méthodes sont relativement simples et exactes. Elles sont également reproductibles dans la mesure où les pertes sont déterminées directement au niveau de la marchandise stockée. Elles reposent sur certaines propriétés physiques, telles que le poids (spécifique) ou le nombre des grains infestés et des grains intacts du produit stocké, propriétés que l'on peut déterminer directement à l'aide d'instruments de travail comme les tamis, balances, hygromètres et appareils à compter les grains. Les méthodes d'établissement des pertes de mais stocké sont les suivantes:

- Méthode du comptage et du pesage (MCP); 'Count and Weight Method", ANON. (1 969)
- Méthode des dommages et pertes (MDP); "Converted Percentage Damage Method", d'après ADAMS et SCHULTEN (1978)
- Méthode du volume/poids standard (MVPS); 'Standard Volume/Weight Method" d'après ADAMS et SCHULTEN (1978)
- Méthode du poids de 1000 grains (MPMG);"Thousand Grain Mass Method, d'après PROCTOR et ROWLEY (1983)
- Méthode du poids des échantillons (MPE); "Sample Weight Method" d'après PANTENIUS (1987).

Dans le cadre de ses recherches, PANTENIUS (1987, p. 156 et suiv.) a procédé à une étude comparative, dans les conditions de stockage rencontrées au Togo, de la méthode du comptage et du pesage, de la méthode du poids spécifique standard, de la méthode du poids de 1000 grains, ainsi que de la méthode des échantillons, du point de vue de leur comparabilité, de leur exactitude et de leur facilité d'application. Les résultats en sont résumés dans une publication que l'on peut se procurer auprès du Projet GTZ sur les problèmes de post-récolte, à Hambourg. Les meilleurs résultats ont été obtenus par la méthode du comptage et du pesage, qui exige énormément de travail. La méthode du poids des échantillons, élaborée par PANTENIUS lui-même, a été jugée adéquate du fait qu'elle est facile à appliquer et permet d'établir rapidement les pertes de stockage. Elle n'est toutefois applicable qu'à la condition que le maïs soit stocké en épis.

On s'est servi pour les essais décrits dans la présente étude de la méthode du comptage et du pesage. Dans le cas du stockage en grenier, on a par ailleurs testé dans des conditions pratiques la méthode du poids des échantillons élaborée par PANTENIUS (1987).

4.2 Résultats

4.2.1 Evolution des dommages
4.2.2 Evolution des pertes

Les résultats des essais figurent aux figures 4.1 à 4.8. On trouvera chez ALBERT (1991) d'autres résultats (teneur en eau, analyses d'insecticides, analyses de résidus), correspondant à des essais également effectués dans le cadre de cette étude. Les résultats de l'essai 2/86 ne sont que partiellement fiables dans la mesure où le nombre de répétitions a diminué vers la fin de la période de stockage (installation expérimentale non équilibrée).

4.2.1 Evolution des dommages

Pour exprimer l'ampleur des dommages, on a pris comme paramètres le nombre des épis infestés par les ravageurs, ce qui explique que la distinction entre les facteurs de dommages est limitée au variantes avec stockage en greniers. 80 à 90 % en moyenne des dégâts infligés aux épis étaient à mettre au compte de coléoptères. Les dommages dus aux larves de lépidoptères ne jouaient qu'un rôle secondaire. Les dommages dus aux termites, rongeurs et oiseaux, ou encore aux moisissures, étaient pratiquement inexistants.

Lors de l'essai 1/87 (figure 4.2), il y avait en moyenne, au début des opérations d'emmagasinage, deux fois plus d'épis endommagés par des coléoptères que lors de l'essai 2/86 (figure 4.1). Pendant toute la période de stockage, les dommages se sont constamment aggravés pour toutes les variantes. Il est frappant de noter le taux de dégâts élevé de la variante faisant intervenir les produits traditionnels (figure 4.2) qui, avec 60 % d'épis infestés en moyenne, est demeuré constant durant toute la période de stockage.

Fig. 4.1: Epis endommagés par des coléoptères (en %) lors de l'essai 2/86

Fig. 4.2: Epis endommagés par des coléoptères (en %) lors de l'essai 1/87

Les variétés de coléoptères rencontrées étaient les mêmes pour la totalité des essais. Sitophilus sp. et Cathartus sp. ont été mis en évidence dans l'ensemble des échantillons. Les populations de Tribolium sp., de Palorus sp. et de Carpophilus sp. se sont peu à peu accrues, si bien qu'on les rencontrait de plus en plus fréquemment au bout de trois mois de stockage. La première infestation de Prostephanus truncatus ne s'est manifestée qu'à partir du 3ème mois de stockage. C'est la variante avec stockage en sacs qui était la moins infestée par ce coléoptère nuisible.

4.2.2 Evolution des pertes

Aussi bien lors de l'essai 2/86 (figure 4.3) que durant l'essai 1/87 (figure 4.5), la méthode du poids des échantillons a fourni des chiffres de pertes irréalistes. Cette méthode a fourni pour les deux essais des valeurs de pertes négatives relativement élevées. Il est frappant de constater l'importance des pertes au niveau des variantes traitées aux insecticides au cours des deux premiers mois de stockage (valeurs minimums: jusqu'à 35 %), de même que les chiffres de pertes alternants de la variante non traitée lors de l'essai 2/86.

Les résultats obtenus à partir de la méthode du comptage et du pesage ont montré pour tous les essais une augmentation continue des pertes relatives durant tout le déroulement de la période de stockage. Au contraire de la méthode du poids des échantillons, on n'a pas enregistré avec cette méthode de chiffres de pertes négatifs, ni de valeurs alternantes.

L'évolution des pertes observée au cours de l'essai 2/86 (figure 4.4) a été à peu près similaire pour toutes les variantes. Au moment de la mise en stocks, les pertes s'élevaient à environ 1 %, passant à 5 à 6 % après 5 mois de stockage.

Lors de l'essai 1/87 (figure 4.6), les pertes enregistrées au moment de la mise en stocks pour la variante stockage en grenier et traitement aux produits traditionnels se chiffraient à environ 4 %, ce qui était le signe d'une forte infestation dans les champs. Les pertes enregistrées à la même époque pour les autres variantes s'élevaient à 1 %. Au bout de six mois de stockage, on signalait dans les greniers non traités 10 % de pertes, et 20 % dans les greniers traités aux produits de protection traditionnels. Les insecticides binaires ont permis de ramener les pertes de stockage en grenier à 6 %, et à moins de 2 % en ce qui concerne les stockage en sacs. Le produit K-Othrine Kombi s'est révélé légèrement plus efficace que le produit Actellic Super (figure 4.7).

Lors de l'essai 2/87 (figure 4.8), les pertes enregistrées au début des opérations d'emmagasinage étaient de l'ordre de 2 %. Dans aucune des variantes, on n'a constaté d'augmentation des pertes jusqu'au 4ème mois de stockage. A la fin du 8ème mois, les pertes subies par la variante non traitée avoisinaient les 10 %. Pour les deux variantes traitées aux insecticides binaires, l'augmentation de pertes observée au cours de la totalité de la période de stockage est demeurée inférieure à 0,5 %. Lors de cet essai également, les pertes subies par la variante traitée au K-Othrine Kombi étaient en moyenne inférieures à celles subies par la variante traitée à l'Actellic Super.

Fig. 4.3: Evolution des pertes relatives de poids au cours de l'essai 2/86 selon la méthode du poids des échantillons

Fig. 4.4: Evolution des pertes relatives de poids au cours de l'essai 2/86 selon la méthode du comptage et du pesage

Fig. 4.5: Evolution des pertes relatives de poids au cours de l'essai 1/87 selon la méthode du poids des échantillons

Fig. 4.6: Evolution des pertes relatives de poids au cours de l'essai 1/87 selon la méthode du comptage et du pesage

Fig. 4.7: Comparaison des insecticides binaires lors de l'essai 1 /87; détermination des pertes par la méthode du comptage et du pesage

Fig. 4.8: Evolution des pertes relatives de poids au cours de l'essai 2/87 selon la méthode du comptage et du pesage

4.3 Analyse critique

4.3.1 Comparaison des différentes méthodes d'établissement des pertes
4.3.2 Evaluation des pertes de stockage

4.3.1 Comparaison des différentes méthodes d'établissement des pertes

Lors des essais réalisés "on farm" ,la méthode du poids des échantillons ne s'est pas révélée fiable. Les pertes extrêmement élevées constatées à l'issue d'une courte période de stockage à l'aide de cette méthode, de même que les valeurs de pertes négatives enregistrées en ont montré les insuffisances.

D'un point de vue logique, les valeurs de pertes négatives sont irréalistes, car elles signifieraient une augmentation de poids. Si des valeurs de pertes négatives relativement faibles, mais restant toutefois dans les limites d'erreurs inhérentes à la méthode utilisée pour l'essai sont tout à fait acceptables, il n'en va pas de même pour des valeurs de pertes négatives de -34 %, par exemple, au bout d'un mois de stockage (il s'agit en l'occurrence de la valeur négative résultant du traitement à l'Actellic au cours de l'essai 2/86), valeurs qui se situent en dehors de toutes tolérances. Cette remarque s'applique tout aussi bien aux valeurs maximales. Eu égard aux conditions pratiques données, une augmentation de pertes de 35 % au bout d'un mois de stockage (valeur maximale de la variante non traitée de l'essai 2/86) est tout à fait irréaliste, même en présence d'une forte infestation.

Ces résultats pourraient s'expliquer par les causes suivantes:

  1. Les conditions hétérogènes de départ et d'exécution, qui sont caractéristiques des essais "on farm", entraînent en général une variabilité accrue des paramètres de dispersion des données de pertes.
  2. Eu égard à l'hétérogénéité du matériel de départ, il est probable qu'un échantillon de 100 épis est insuffisant.
  3. Le type de construction spécial du grenier ne permet pas de procéder à une sélection d'épis représentative (voir échantillonnage). A l'intérieur des greniers, il n'y a pas d'homogénéité, ni dans la répartition des épis du point de vue taille, ni au niveau des infestations de ravageurs. Les données de pertes obtenues reflètent uniquement l'état de la couche supérieure de chaque grenier et ne sont pas représentatives du grenier dans son ensemble.
  4. Une certaine préférence subjective envers les gros ou les petits épis n'est pas à exclure lors du prélèvement d'échantillons. Lorsque cela est le cas, il faut s'attendre dans le cadre de l'essai, à une augmentation du quota d'erreurs.

En dépit des problèmes que nous venons d'exposer, la méthode du poids des échantillons peut s'avérer utilisable dans d'autres circonstances, à condition cependant que l'on ait affaire à des données d'essai contrôlées, à un échantillonnage représentatif, et que l'on prélève davantage d'épis par échantillon.

Pour les essais "on farm" la méthode du comptage et du pesage a permis d'obtenir des données plus réalistes. Si les (faibles) baisses de pertes enregistrées pendant la durée du stockage (essai 2/87) sont dues à certaines insuffisances méthodiques, elles se situent néanmoins dans des limites d'erreur tout à fait acceptables.

L'un des avantages de cette méthode réside dans le fait qu'on peut l'appliquer avec une relative facilité à n'importe quel moment de la de stockage si l'on désire évaluer l'état provisoire des pertes, et cela d'une part parce qu'elle dispense d'avoir recours, au début de la période de stockage, au prélèvement d'un échantillon destiné à servir de standard externe d'évaluation des pertes, et parce qu'elle ne demande d'autre part qu'un matériel réduit.

La destruction totale des épis, symptôme de dégâts typique d'une infestation avancée par Prostephanus truncatus, constitue un inconvénient au niveau de la rigueur analytique. Lorsque l'infestation par Prostephanus truncatus prend de l'ampleur, les grains ne sont même plus reconnaissables en tant que tels, ce qui supprime toute possibilité d'évaluation. Il n'est plus possible, dans ces cas-là, de calculer directement la perte de substance, ce qui conduit à une sous-estimation de la perte réelle.

Autre inconvénient, surtout en cas de faible infestation: on ne peut pas exclure les pertes négatives. Il est toutefois possible de minimiser les effets de ces erreurs de méthode en augmentant le nombre des échantillons.

4.3.2 Evaluation des pertes de stockage

Outre les données d'ordre général et l'emplacement géographique au sein du système de post-récolte, il est avant tout nécessaire d'être en possession de données spécifiques relatives au stockage, à la protection des stocks et aux pertes (cf. tableau 4.1). Une simple divergence au niveau d'un seul paramètre peut déjà conduire à des résultats totalement différents.

Pour ce qui est des variétés de maïs locales en épis avec spathes, stockées sans traitement dans des greniers traditionnels, on constate au Togo des écarts prononcés de pertes de poids. Un rapport de KRALL (1982) sur les résultats des essais de stockage à l'échelon du village effectués au cours des années 1975 à 1981 indique une amplitude de variation de 10 à 45%.

En ce qui concerne les essais menés dans le cadre de la présente étude, les pertes établies au moyen de la méthode du comptage et du pesage pour les variantes non traitées de stockage en épis étaient de 5 % en moyenne après 5 mois de stockage, et de 10 % au bout de 6 mois. BILIWA (1984) avait, dans des essais similaires, établi des pertes de 5,5 % après dix mois de stockage. Notons toutefois que ces essais s'étaient déroulé dans la Région des Plateaux. Chez PANTENIUS (1987), les pertes avoisinaient 7,7 % après six mois de stockage, ATCHITIKI (1988) ayant constaté pour sa part des pertes de 11,1 % au bout de 5 mois de stockage.

Une modification de la méthode de stockage implique également une modification des pertes de stockage. Comparées à celles du stockage en épis, les pertes de maïs en grain sont beaucoup moins importantes. Dans les essais entrepris, les pertes subies par la variante stockage en sacs se situaient aux alentours de 5,6 % après 6 mois de stockage et de 10,2 % après 8 mois de stockage. GOLOB et al. (1985) sont arrivés à des résultats similaires au cours des essais en plein champ qu'ils ont effectués en Tanzanie. Ils ont en effet calculé des pertes de 4,7 % après six mois de stockage, ces pertes passant à 14,9 % au bout de 8 mois.

En cas de forte infestation par Prostephanus truncatus, il faut cependant s'attendre à des pertes beaucoup plus élevées, ce qui vaut aussi bien pour le stockage en épis que pour le stockage en sacs.

Tabl. 4.1: Paramètres nécessaires à une analyse comparative des pertes

Paramètres Exemple
Données générales
Pays Togo, Malawi,...
Année 1986, 1987, ...
Produit mais,...
Variété traditionelle, améliorée, hybride
Echelon de post-récolte
Décideur paysan, commerçant, consommateur, ...
Fonction technique stockage, transport, traitement, ...
Collecte des données
Méthode de collecte essai, interview, évaluation
- lors de l'essai - type "on farm", en plein champ, en laboratoire
  - conditions sous contrôle, sans contrôle
  - infestation naturelle, artificielle
Paramètres spécifiques de stockage
Forme de stockage épis (avec/sans spathes), grains, ...
Méthode de stockage grenier, "crib", magasin fumigable, ...
Paramètres spécifiques de protection des stocks
Mesures de protection insecticides chimiques, ...
Nom commercial Actellic
Matière active (taux) pirimiphos-méthyl (2 %)
Présentation poudre,...
Dosage 50 9/100 kg
Technique d'application à la main, au pulvérisateur,...
Paramètres spécifiques de pertes
Cause de pertes insectes (coléoptères), rongeurs, oiseaux, ...
Type de pertes quantité, qualité
Méthode d'établissement des pertes MCP, MDP, MVPS, MPMG, MPE *)
Perte au moment de la mise en stock (%) 1,5    
Durée de stockage (en mois) 3 6 8
Pertes (%) 2,8 7,2 12,9

*) Cf. p.41 et p.42

Au niveau du stockage en épis avec infestation artificielle par Prostephanus truncatus, VON BERG et BILIWA (1987) ont constaté des pertes de 32 % après 7 mois de stockage. Avec 30,2 % de pertes constatées pour une période de stockage de 6 mois, PANTENIUS (1987) arrive à un résultat comparable. Pour ce qui est des épis de maïs stockés sans les spathes, les pertes sont encore beaucoup plus considérables (information verbale émanant du Service National de la Protection des Végétaux, 1990). Au cours des essais effectués, les répétitions infestées par Prostephanus truncatus, présentaient des chiffres de pertes comparables (valeur maxi. de 34,5 % pour la variante non traitée de l'essai 1/87 après six mois de stockage).

Bien que les pertes soient moins importantes pour le stockage en sacs du fait que ce ravageur s'adapte plus facilement sur le maïs en épis que sur le grain (COWLEY et al. 1980), elles n'en sont pas moins relativement élevées. Les répétitions infestées par Prostephanus truncatus, de la variante en sacs non traitée accusaient au bout de 8 mois de stockage des pertes de 16 % (cf. valeur maxi. de l'essai 2/87). Dans le cadre d'essais similaires, effectués par le Service National de la Protection des Végétaux et faisant intervenir une infestation artificielle, on a même constaté des pertes de 26 % pour une période de stockage de même durée.

En traitant le maïs stocké avec des produits de protection, on enregistre une réduction de pertes, aussi bien pour le stockage en épis que pour le stockage en sacs. ATCHITIKI (1988), BILIWA et al. (1988), KRALL (1988), VON BERG et BILIWA (1987), GOLOB et al. (1985), BlLIWA (1984), GOLOB et al. (1983) en arrivent dans leurs recherches aux mêmes conclusions.

La combinaison stockage en grenier et traitement aux insecticides binaires permet une réduction de pertes substantielle. Après 6 mois de stockage, les pertes se situaient en effet aux alentours de 6,4 %. Il faut dire toutefois que l'ampleur des pertes dépend étroitement du degré d'infestation dans les champs, puisque aussi bien les coléoptères se trouvant déjà sur les épis sont protégés de l'insecticide par les spathes. Les ravageurs des stocks ne sont atteints par l'insecticide que si l'infestation intervient dans l'entrepôt.

Les chiffres de pertes minimes de la variante de stockage en sacs montrent bien l'efficacité des insecticides binaires au niveau de cette méthode de stockage. A l'issue d'une période de stockage de huit mois, les pertes étaient en effet de 2 % environ. Le fait que 50 % des entrepôts abritant des sacs étaient infestés par Prostephanus truncatus permet de conclure à l'efficacité des insecticides binaires contre ce ravageur des stocks. Ce résultat est confirmé par les essais plus récents effectués par le Service National de la Protection des Végétaux. En présence d'une infestation artificielle, les pertes subies après traitement aux deux composantes pirimiphos-méthyl et deltaméthrine étaient d'env. 5 % à l'issue d'une période de stockage de 8 mois.

Pour en revenir aux essais effectués ici, l'insecticide K-Othrine Kombi, dont les composantes sont le pirimiphos-méthyl et la deltaméthrine, s'est montré plus efficace que l'insecticide Actellic Super, dont les substances actives sont le pirimiphos-méthyl et la perméthrine. KRALL (1988) arrive dans ses essais au même résultat. Au cours des essais en plein champ réalisés par GOLOB et HANKS (1990) en Tanzanie, et des expériences de laboratoire de SAMSON et PARKER (1989), la deltaméthrine s'est révélée plus efficace que la perméthrine contre les ravageurs des stocks.

Les pertes de la variante stockage en grenier avec traitement par les moyens de protection traditionnels montrent que ceux-ci n'offrent pas de protection suffisante contre les ravageurs des stocks, ce qui est confirmé par les recherches de MAKANJUOLA (1989) et celles de HARNISCH (1981). Les pertes élevées enregistrées ici par rapport à la variante non traitée sont dues au fait qu'à l'époque de sa mise en stocks, le maïs avait déjà été victime de fortes infestations dans les champs.

Les résultats d'essai dont nous disposons permettent en résumé de constater que


Table des matières - Précédente - Suivante

CD3WD Project Donate