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LE GRAND CAPUCIN DU MAIS ET TT&TU:
QU'ONT-ILS EN COMMUN?

M.E. ZWEIGERT

Unité de Test et de Transfert de Technologies (TT&TU),
Deutsche Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit (GTZ) GmbH,
Coopération Allemande au Développement, Eschborn,
Allemagne & Institut International d’Agriculture Tropicale (IITA), Bénin


Objectifs de la TT&TU

L'Unité de Test et de Transfert de Technologies (TT&TU) de la Division de Phytiatrie (PHMD) de l'IITA avait initialement été mise en place en 1990 pour faire face à la demande croissante d'assistance exprimée par les pays africains gravement touchés par la cochenille farineuse du manioc. Les premiers fonds avaient alors été octroyés par l'Allemagne. Par la suite, la mission de l'Unité a été progressivement étendue de manière à englober des programmes de lutte biologique tels que ceux de la cochenille farineuse du manguier, de l'acarien vert du manioc, des adventices aquatiques, etc. L'Autriche et la Suisse se sont jointes aux bailleurs de fonds pour renforcer les programmes nationaux. Aujourd'hui, les stratégies de Protection Intégrée occupent une place de plus en plus importante dans le programme de recherche de la PHMD. Il est nécessaire d'éprouver davantage ces stratégies et de les adapter - au cours du processus de recherche - bien avant la lutte biologique classique, d'où la nécessité d'un plus étroit partenariat avec les Services Nationaux de Recherche et de Vulgarisation Agricoles (SNRVA).

La collaboration assistée de la TT&TU vise un certain nombre d'objectifs directs et indirects, notamment:

* promouvoir une protection sûre et durable des végétaux;
*
permettre aux scientifiques nationaux d'acquérir, d'adapter et de diffuser les nouvelles technologies;
*
permettre à l'Institut d'expérimenter les technologies en milieu réel et dans différents milieux en partenariat avec les SNRVA;
*

améliorer les capacités de recherche nationales;

* accroître les échanges d'informations entre les parties concernées;
* renforcer la coopération régionale et éviter le double emploi au niveau des activités;
* encourager la recherche participative et la formation;
*

responsabiliser davantage les SNRVA, et enfin;

* développer et renforcer les capacités humaines.

Bien que la mission de l'IITA se limite au développement institutionnel dans le but d'améliorer les capacités de recherche nationales, le principal objectif de la collaboration avec les SNRVA reste sa contribution substantielle à la réduction de la pauvreté dans les familles africaines en accroissant et en pérennisant la production alimentaire.

Les instruments

La TT&TU joue essentiellement un rôle de facilitateur et de catalyseur. Les scientifiques de la PHMD demeurent responsables de leurs activités de recherche jusqu'à ce qu'elles soient correctement mises en œuvre dans des sites hors station. C'est là la règle de base de cette Unité qui est à la disposition tant des scientifiques de l'IITA que des programmes nationaux.
Les chercheurs et les vulgarisateurs des SNRVA travaillent dans des conditions relativement difficiles, ne sont généralement pas suffisamment motivés et sont parfois frustrés par les nombreux problèmes qui se posent dans leur milieu de travail et en dehors.
Cependant, le soutien offert par le biais de la TT&TU peut facilement contribuer à motiver davantage le personnel national, sur les plans professionnel et moral. Il est bien entendu que les mesures initiatives doivent être choisies avec prudence car il ne faut pas oublier qu'après le projet, le chercheur national est obligé de se réintégrer dans le système normal.
Depuis 1990, la TT&TU a initié et renforcé les Programmes Nationaux de Lutte Biologique d'environ 15 pays africains. Les accords de collaboration couvraient une période pouvant atteindre six années, après quoi les contributions nationales étaient censées pérenniser les programmes nationaux.
Dans le passé, le projet a fourni des moyens de travail tels que des équipements de laboratoire, des outils de communication et souvent même des véhicules; il a également pris en charge des frais d'exploitation ainsi que des indemnités de déplacement. L'organisation de stages de formation ainsi que l'invitation sélective à des conférences et à des ateliers internationaux ont été bien accueillies par les collègues nationaux. La coordination de réunions tenues à Cotonou ou dans d'autres stations de l'IITA a contribué à stimuler davantage les SNRVA. Des visites organisées entre des programmes voisins ont permis au personnel des SNRVA de comparer les contraintes auxquelles les pays sont confrontés et d'éviter les ressentiments.
Plusieurs d'entre vous ici présents ont bénéficié de ce soutien. Malheureusement, depuis juillet 1996, nous en sommes à la dernière phase du projet et les bailleurs de fonds exigent aujourd'hui d'énormes réductions de coûts. Leur aide financière et technique prendra fin en décembre 1999. Nous ne sommes plus en mesure de soutenir entièrement de nouveaux programmes nationaux; seules quelques activités bénéficient encore de notre appui.
Les récentes découvertes dans le domaine de la lutte biologique contre le grand capucin du maïs (GCM), Prostephanus truncatus (Horn) (Coleoptera: Bostrichidae), sont fort encourageantes et justifient l'appui de la TT&TU. L'accent est mis sur l'évaluation post-lâcher afin d'assurer l'acceptation de Teretriosoma nigrescens Lewis (Coleoptera: Histeridae) en tant que principal agent de lutte.

Collaboration en cours avec les SNRVA

Bénin
Le Bénin a démarré ses activités d'élevage en 1992, mais les circonstances ne lui ont pas permis de les poursuivre. La TT&TU a récemment été appelée à l'aide pour relancer la production d'insectes à Porto-Novo. Un agronome a été formé et des équipements de laboratoire ont été fournis. Il convient néanmoins de noter que, tant que l'unité d'élevage du Service National de Protection des Végétaux n'est pas complètement opérationnelle, l'IITA fournira les spécimens de T. nigrescens prélevés sur son propre stock, et les lâchers ainsi que les enquêtes de suivi seront entrepris conjointement.

Ghana
En 1994, le Ghana était le premier pays à demander l'assistance de la TT&TU pour accroître sa production d'ennemis naturels. Des petits équipements et un petit budget de fonctionnement ont permis de mettre en place l'un des sites d'élevage les plus performants d'Afrique de l'Ouest. Les lâchers ont commencé dans la Région de la Volta et se sont étendus à l'ensemble du territoire national.

Guinée
Pendant longtemps, la Guinée ne connaissait pas l'ampleur du fléau grand capucin du maïs (GCM). C'est en 1995 qu'une enquête conjointe a identifié l'urgente nécessité d'agir. Un technicien a été formé au Ghana et au Bénin, et des équipements de même qu'une culture de démarrage ont été envoyés à Conakry. Au début, l'élevage était lent, mais le premier lâcher de T. nigrescens a finalement eu lieu en août 1997.

Côte d'Ivoire, Sierra Leone et Sénégal
La TT&TU a apporté son soutien à la Côte d'Ivoire, à la Sierra Leone et au Sénégal pour étudier la présence de P. truncatus dans ces pays. Jusqu'à ce jour, aucune capture n'a été enregistrée dans les pièges qui y ont été posés.

Nigeria
Le Nigeria a récemment achevé sa première enquête du nord au sud, à environ 150 km de la frontière béninoise. Le grand capucin du maïs a été trouvé dans presque tous les 50 pièges mais, à la surprise générale, pas un seul T. nigrescens n'y a été décelé. La TT&TU est disposée à apporter son assistance pour la mise en place d'un programme de lutte biologique, mais il reste à mieux en définir les modalités.

Tanzanie
Prostephanus truncatus
progresse lentement de la côte orientale vers le sud et l'est du continent africain. En raison du recours à la lutte chimique un peu partout en Tanzanie, le ravageur n'y avait jamais été considéré comme une grande menace. Ce n'est qu'en mai 1997 que la décision a été prise d'initier la lutte biologique dans le cadre d'une stratégie nationale de Protection Intégrée contre le grand capucin du maïs. Depuis lors, l'IITA a formé deux scientifiques nationaux et a fourni des équipements et un fonds de roulement. Certaines difficultés rencontrées au début dans l'élevage de P. truncatus ont certainement été surmontées et il est maintenant question d'y envoyer une culture de démarrage de T. nigrescens au début de l'année prochaine.

Rwanda
Avec l'aide de la TT&TU, le Rwanda a repris son Programme de Lutte Biologique pendant le second semestre de 1996, après une amélioration globale des conditions de travail dans ce pays. Suite à la formation du personnel et à l'équipement du programme, un nombre important de T. nigrescens a été livré pour effectuer un lâcher immédiat et pour démarrer des activités d'élevage sur place. Les basses températures qui prévalent dans ce pays semblent réduire la productivité de l'élevage et l'IITA prépare actuellement une prospection au Mexique afin de trouver des souches résistantes au froid.

Zambie
En Zambie, le GCM a brusquement été déclaré catastrophe nationale en 1995 et la TT&TU a été sollicitée pour la formation et la livraison d'ennemis naturels. Suite à cela, deux scientifiques de la PHMD y ont été envoyés pour adapter les procédures locales d'enquête et d'élevage.

Malawi
Au Malawi, P. truncatus a été signalé pour la première fois en 1994, mais grâce à l'efficacité du système interne de quarantaine, ce n'est que l'an dernier que le ravageur a atteint le sud du pays. La lutte biologique est aujourd'hui une priorité pour le Projet de Protection des Végétaux conjointement mené par le Malawi et l'Allemagne. La TT&TU a formé des agronomes nationaux et a déjà fourni des lots de T. nigrescens au Malawi.

Burundi
Le Burundi a découvert ses premiers spécimens de GCM en 1996 et il est en train d'élaborer un plan de lutte. A cet effet, un expert a été formé à Cotonou et il commence actuellement à élever les insectes à Bujumbura.

Ouganda
En Ouganda, le GCM a été découvert presque simultanément dans 3 régions différentes au début de 1997. C'est le passage régulier de l'aide alimentaire vers l'est du Zaïre qui est à l'origine de cette répartition peu commune du ravageur. Un spécialiste en élevage de l'Institution ougandaise de recherche agricole a bénéficié de quatre semaines de formation à Cotonou et il est prévu de démarrer un programme de lutte biologique dans ce pays.

Conclusion

De cet aperçu de la collaboration en cours entre la TT&TU et les SNRVA, vous déduirez aisément que la TT&TU a beaucoup de choses en commun avec le GCM. En initiant des activités supplémentaires de lutte contre le GCM dans d'autres pays, on renforce davantage l'idée admise selon laquelle la lutte biologique classique constitue une importante contribution à la Protection Intégrée en Afrique. La TT&TU reste donc ouverte à toute nouvelle proposition favorable à la mise en œuvre d'une protection écologique et durable des végétaux sur ce continent.

 

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