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6 Récapitulatif des résultats

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6.1 Biologie de Teretriosoma nigrescens
6.2 Spécificité d'hôte de Teretriosoma nigrescens

Le prédateur T. nigrescens a été lâché en janvier 1992 pour assurer la lutte biologique contre P. truncatus en Afrique (Togo). Les résultats de la présente étude, consacrée à la biologie et à la spécificité d'hôte de T. nigrescens, ont contribué entre autres à justifier l'importation de l'Histéridé.

 

6.1 Biologie de Teretriosoma nigrescens

• La préparation des organes reproducteurs de 1000 imagos de T. nigrescens a révélé dans les élevages un rapport des sexes de 1:1.

• Au cours de sa phase reproductive, qui dure au maximum 10 mois environ, une femelle de T. nigrescens était capable de produire dans un élevage de P. truncatus, 107 descendants F1.

• Le nombre moyen de descendants produits diminue au fur et à mesure que l'âge des femelles de T. nigrescens augmente. Le taux maximal observé (chez des imagos âgés de 0 à 6 semaines) était de 0,84 ± 0,19 individus F1 par femelle et par jour.

• Dans les élevages de P. truncatus, les femelles meurent plus tôt que les mâles.

• Privés de nourriture, les imagos de T. nigrescens vivent au maximum 3 mois.

• Les imagos de T. nigrescens sont en mesure de se nourrir de substrats végétaux présentant une haute teneur en amidon, comme le maïs, le blé, le sorgho et le manioc. La mise en évidence d'amidon dans l'intestin et dans les excréments des animaux à l'aide d'une solution d'iode et d'iodure de potassium a permis d'établir que les T. nigrescens adultes avaient absorbé et digéré du mais.

• Placés sur des substrats végétaux contenant de l'amidon, les T. nigrescens adultes sont capables de vivre 1 à 2 ans en moyenne. C'est sur du blé broyé qu'a été observée chez les imagos de T. nigrescens la plus haute longévité: 870,0 ± 177,5 jours. Le plus vieux des imagos a vécu 3 ans et 3 mois.

• Les dégâts et pertes causés par T. nigrescens sur les substrats végétaux sont si minimes qu'ils peuvent être considérés comme négligeables. De par leur morphologie, les coléoptères sont pratiquement incapables d'entamer les grains de substrat intacts.

• Les larves de T. nigrescens sont exclusivement prédatrices. En cas de manque de nourriture appropriée, elles deviennent cannibales.

• En l'absence d'animaux hôtes, T. nigrescens ne s'est pas reproduit sur des substrats végétaux. Il s'agit en l'occurrence d'une interruption réversible de l'activité de reproduction. Les imagos de T. nigrescens élevés durant 16 mois sur des substrats végétaux et transférés par la suite sur des élevages de P. truncatus, se sont montrés de nouveau aptes à la reproduction.

• Outre l'espèce d'appartenance de l'animal hôte, le maïs possède de toute évidence en tant que substrat une importante signification pour l'évolution de T. nigrescens.

 

6.2 Spécificité d'hôte de Teretriosoma nigrescens

• Durant la période d'essai de 8 semaines sur des monocultures d'animaux hôtes, T. nigrescens s'est uniquement reproduit au sein de populations de P. truncatus, élevées sur du maïs (nombre d'animaux de la génération P / nombre d'individus F1 > 1).

• Sur tous les substrats sur lesquels P. truncatus s'est reproduit (mais, manioc, sorgho et blé), T. nigrescens a lui aussi produit des descendants au sein des élevages.

• L'accroissement d'une population de T nigrescens au sein d'élevages de P. truncatus, était fonction du nombre de proies.

T. nigrescens est parvenu à inhiber significativement la prolifération des populations de P. truncatus sur l'ensemble des substrats d'incubation proposés au ravageur.

• Dans les cultures mixtes réunissant à chaque fois P. truncatus, et une espèce de coléoptères ravageurs des stocks, on a observé en général une multiplication intense de la part de T. nigrescens.

• La phéromone d'agrégation émise par P. truncatus déclenche chez T. nigrescens des réactions identiques à celles provoquées par les "allelochemicals" et stimule par conséquent l'appétit du prédateur.

• Dans les cultures mixtes placées sur du maïs, T. nigrescens a non seulement réduit l'accroissement des populations de P. truncatus, mais également, et de manière significative, celui d'autres espèces de ravageurs (D. porcellus, S. granarius granarius, S. oryzae, A. diaperinus, L. oryzae, P. ratzeburgi, T. castaneum, les deux souches de T. confusum, C. pusillus, ainsi que la souche de laboratoire de C. dimidiatus) sur lesquelles le prédateur n'avait eu aucune influence dans des monocultures élevées sur du mais.

• Dans les élevages de P. truncatus, composés de ravageurs morts, une faible activité de reproduction a été enregistrée chez T. nigrescens.

• Dans les monocultures de D. porcellus, R. dominica, S. oryzae, O. surinamensis et T. stercorea, on a régulièrement observé l'apparition d'un petit nombre de descendants de T. nigrescens. Dans les populations des 14 autres espèces de coléoptères (dont une sous-espèce) testées en tant qu'animaux hôtes, soit on n'a trouvé aucun descendant de T. nigrescens, soit on n'en a découvert que quelques exemplaires isolés.

• Les seuls effets inhibiteurs de croissance significatifs qu'ait eu régulièrement T. nigrescens sur les animaux hôtes élevés en monocultures se sont manifestés au sein des populations de O. surinamensis et de O. mercator, ainsi que, dans certains cas isolés, dans les élevages de R. dominica, D. porcellus, L. oryzae et T. granarium. T. nigrescens n'a eu en revanche aucune influence sur l'accroissement des populations des 13 autres espèces de coléoptères testées (dont une sous-espèce).

• Bien que T. nigrescens ait dévoré les oeufs de certaines espèces de lépidoptères qui lui avaient été proposés dans des petites boîtes de Petri, le prédateur n'a pas eu d'influence sur l'évolution des populations de teignes placées sur un substrat.

Comme l'indiquent les résultats présentés ici, T. nigrescens est étroitement associé à son hôte P. truncatus, Il ne représente aucun danger pour les insectes autochtones n'apparaissant pas en liaison avec P. truncatus, dans les greniers et entrepôts. Les données réunies quant à la biologie de T. nigrescens permettent de penser que l'importation de l'Histéridé va pouvoir intervenir à brève échéance et qu'elle va déboucher sur une lutte biologique efficace contre P. truncatus en Afrique.


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