Back to Home Page of CD3WD Project or Back to list of CD3WD Publications

CLOSE THIS BOOKLe Stockage du Grain (ILO - WEP, 1986, 140 p.)
CHAPITRE III. STOCKAGE AU NIVEAU VILLAGEOIS
I. LE STOCKAGE TRADITIONNEL
VIEW THE DOCUMENTI.1 Généralités
VIEW THE DOCUMENTI.2 Les greniers traditionnels
VIEW THE DOCUMENTI.3 Problèmes en cours de stockage
II. AMELIORATION DU STOCKAGE VILLAGEOIS
VIEW THE DOCUMENTII.1 Amélioration du séchage
VIEW THE DOCUMENTII.2 Amélioration des structures traditionnelles de stockage
III. UTILISATION DE STRUCTURES NOUVELLES
VIEW THE DOCUMENT(introduction...)
VIEW THE DOCUMENTIII.1 Les silos en béton
VIEW THE DOCUMENTIII.2 Les silos métalliques
VIEW THE DOCUMENTIII.3 Structures en plastique
IV. LA DESINSECTISATION
VIEW THE DOCUMENT(introduction...)
VIEW THE DOCUMENTIV.1 Méthodes de lutte traditionnelles
VIEW THE DOCUMENTIV.2 Utilisation d'insecticides chimiques

Le Stockage du Grain (ILO - WEP, 1986, 140 p.)

CHAPITRE III. STOCKAGE AU NIVEAU VILLAGEOIS

I. LE STOCKAGE TRADITIONNEL

I.1 Généralités

Les caractéristiques du stockage villageois sont les suivantes:

- Bien que représentant la forme essentielle du stockage dans les pays en développement, il intéresse généralement des quantités unitaires très faibles avoisinnant 1 à 2 tonnes (pour les céréales) et dépassant rarement 5 tonnes;

- Les grains sont principalement destinés à l'autoconsommation. Cependant, une part des stocks est réservée à la semence et parfois à la vente;

- Les stocks, dont une partie est prélevée chaque jour pour la consommation immédiate, sont surtout à moyen terme (une année) pour couvrir les besoins familiaux jusqu'à la récolte suivante. Le stockage à long terme (pluriannuel) est plus rare. Ce stockage prévisionnel est surtout présent dans les régions ou les aléas climatiques (sécheresse) ont de tous temps obligé les hommes à constituer des réserves pour plusieurs années (en zone sahélienne par exemple);

- Les récoltes ont généralement subi un séchage sur pied, au champ, durant une période plus ou moins longue suivant les conditions climatiques. Au cours de cette période, les grains ont pu subir des attaques par les déprédateurs (insectes, rongeurs, oiseaux);

- Les produits sont parfois stockés en épis, notamment durant les premiers mois du stockage et sont souvent propres du fait d'un triage manuel effectué par le paysan avant l'emmagasinage.

I.2 Les greniers traditionnels

Les structures traditionnelles de stockage varient selon les pays et selon les zones climatiques. Toutefois, toutes sont construites avec des matériaux disponibles localement qui sont essentiellement la terre, la pierre, les fibres végétales et le bois.

Les greniers fermés

Les greniers "en banco" des zones sahéliennes de l'Afrique représentent un cas typique de grenier fermé. De section circulaire ou carrée, ces greniers sont construits en terre plus ou moins armée de fibres végétales. La base de l'édifice, parfois constituée de rondins de bois, repose sur des pierres pour éviter les remontées d'humidité. Le toit de chaume protège l'ouverture de remplissage (et de vidange) située dans sa partie supérieure. Certains greniers de forme sphérique ont une ouverture supérieure de taille réduite qui peut être obturée par un couvercle (par exemple en pierre) luté à l'argile. Les greniers sont parfois divisés en plusieurs compartiments pour stocker des produits différents.

Ces structures fermées sont adaptées aux zones sèches où les grains sont, dès la récolte, dans un état de siccité important, donc stables vis-à-vis du développement des micro-organismes. Leur principal défaut est de ne pas présenter une protection efficace contre les attaques d'insectes et de rongeurs. Les greniers mal construits (emploi de mauvais matériaux par exemple) et mal entretenus peuvent présenter de nombreuses fissures qui sont autant de caches pour les insectes et qui constituent des foyers d'infestation quasi-permanents.

Les figures III.1 et III.2 illustrent ces greniers traditionnels en terre.

Les greniers aérés

Les greniers aérés constituent la structure de stockage typique des zones humides, bien qu'on les retrouve parfois dans les zones sèches (voir figures III.3 et III.4). Ils sont généralement constitués de fibres végétales tressées et réunies en une sorte de grand panier posé sur une plateforme en bois située à plusieurs dizaines de centimètres du sol. Cette plateforme est soutenue par un ensemble de petits piliers (rondins de bois par exemple). L'ensemble est recouvert d'un toit de chaume. Suivant les zones, les fibres végétales utilisées sont des chaumes de céréales ou des feuilles de palmier maintenues par des armatures en branchage ou en bambou. La nature ajourée des parois ne permet que le stockage de produits en épis.


Figure III.1 Grenier en banco (Côte-d'Ivoire)


Figure III.2 Grenier en banco (Niger)


Figure III.3 Grenier en paille tressée (Indonésie)


Figure III.4 Grenier aéré en chaume (Burkina Faso)

Les greniers aérés sont adaptés aux zones humides ou les produits, malgré un préséchage au champ, n'atteignent pas au moment de la récolte, l'humidité de sauvegarde. Leur paroi non étanche permet la libre circulation de l'air à travers la masse ensilée et par conséquent la finition du séchage au cours des premiers mois de stockage.

Certains greniers, qui peuvent être classés dans la catégorie des greniers aérés, ne présentent pas de parois propres. Ils sont simplement constitués d'un empilement d'épis sur une plateforme surélevée. Le tout est parfois recouvert d'un toit de chaume. C'est le cas par exemple des "meules" de paddy (figure III.5) ou des "ebliva" togolais pour le stockage du maïs (figure III.6). La forme arrondie de l'ensemble et la disposition serrée des épis lors de la confection du grenier ne permettent pas d'assurer une bonne ventilation naturelle du produit. La présence des spathes sur les épis de maïs empêche la bonne aération des grains et le séchage des épis. Des moisissures peuvent alors se développer dans la masse stockée, notamment dans les greniers de diamètre important.

Les greniers aérés traditionnels ne présentent pas en général de protection contre les rongeurs ni contre les insectes. De plus, dans les zones humides ou ils sont utilisés, le risque de développement des moisissures subsiste. Ces greniers aérés doivent être considérés comme des structures de séchage ou de finition de séchage plutôt que comme des structures de stockage proprement dit.

Autres types de greniers

Les greniers de type classique décrits précédemment sont généralement édifiés près des habitations et, plus rarement, sur le lieu de récolte. D'autres structures de stockage sont placées à l'intérieur même des locaux. Ce sont les jarres en terre ou des coffres en bois souvent utilisés pour le stockage des grains. Dans les locaux d'habitation, l'entreposage des produits en épis sur un faux plafond (le soberado en Amérique du Sud) est également pratique courante, notamment pour les produits auxquels les paysans attachent un intérêt particulier (semences par exemple).


Figure III.5 Meule de paddy (Côte d'Ivoire)


Figure III.6 Grenier de maïs type "ebliva" (Togo)

I.3 Problèmes en cours de stockage

Dans les zones sèches, telles que les zones sahéliennes, les conditions climatiques post-récolte sont favorables au stockage, du moins en ce qui concerne le facteur essentiel qu'est l'humidité. Les structures traditionnelles en terre permettent en général une bonne conservation des produits récoltés secs. Certaines études montrent en effet que le niveau des pertes pondérales au cours du stockage des céréales traditionnelles (mil, sorgho) conservées en épis est relativement faible et est souvent inférieur à 5 pour cent. Il faut cependant se garder de généraliser car d'autres produits, tel que le niébé, restent très vulnérables. Dans ces zones, les risques de dégradation des stocks proviennent essentiellement des insectes et des rongeurs.

Dans les zones humides, le problème est plus grave et le niveau des pertes apparaît nettement plus élevé bien qu'on ne dispose pas de données précises à ce sujet. Outre les dégâts dus aux insectes et aux rongeurs, le risque essentiel est celui du développement des moisissures, notamment pour les récoltes de première saison des pluies. Le système traditionnel consiste à laisser sècher le produit sur pied (maïs par exemple) jusqu'à une humidité de 20 pour cent au moins avant de le stocker dans des structures traditionnelles aérées.

Ce système de stockage présente deux inconvénients majeurs:

- en ne libérant pas les terres dès que le grain est mûr, il retarde la préparation des champs pour une éventuelle seconde culture;

- il expose les récoltes aux attaques des différents déprédateurs.

Une solution consiste à récolter le produit des qu'il a atteint sa maturité. Son humidité est cependant telle (25 à 30 pour cent pour le maïs par exemple) qu'il est impossible de le stocker dans les structures classiques sans risquer le développement des moisissures. Il est donc indispensable dans tous les cas de sècher le produit.

II. AMELIORATION DU STOCKAGE VILLAGEOIS

II.1 Amélioration du séchage

L'objet de ce dossier n'est pas le séchage des grains. Cependant, il s'avère nécessaire de rappeler brièvement quelques méthodes qui permettent de faciliter le séchage des denrées au niveau villageois. En effet, dans de nombreuses zones, l'amélioration du stockage passe nécessairement par l'amélioration du séchage.

Le séchage solaire est souvent utilisé dans les régions tropicales où il est courant d'étendre le produit en couches minces, sur le sol ou sur le toit des habitations. Différentes techniques peuvent être utilisées pour parfaire le séchage. Celles-ci sont brièvement décrites dans cette section.

a) Séchoirs solaires améliorés

Aire de séchage: Il s'agit d'une plateforme bétonnée, quelque peu surélevée par rapport au sol, et lègèrement en pente pour permettre l'évacuation rapide des eaux de pluie. Le terrain sur lequel repose la plateforme doit être parfaitement drainé. Un abri, où l'on pourra entreposer le produit en cas de pluie, est construit à proximité. Pour de petites quantités de produit, le séchage peut se faire en couche mince sur de simples tables surélevées. Des bâches plastiques peuvent être prévues pour recouvrir le produit en cas de pluie.

Bâches plastiques: Pour de petites quantités de produit, des bâches en plastique de couleur noire peuvent être utilisées comme aire de séchage portative (figure III.7). Certaines sont pourvues d'oeillets pour le passage d'une corde qui permet de refermer la bâche en cas de pluie. Ces bâches sont très utiles pour le séchage des haricots en grains. Les plus grands modèles peuvent contenir jusqu'à 150 kg de produit.

Claies: L'utilisation de différentes claies (par exemple, séchoir basculant illustré à la figure III.8, "séchoir autobus") peut également être préconisée pour améliorer le séchage solaire des produits. La figure III.9 représente une claie utilisable pour le séchage des épis de mil. De conception simple (rondins de bois), elle est facilement réalisable par les villageois. La figure III.10 illustre une technique très simple pour améliorer le séchage des panicules de riz paddy.


Figure III.7 Utilisation de bâches plastiques pour l'amélioration du séchage du grain


Figure III.8 Séchoir de grain basculant


Figure III.9 Claies de séchage du mil


Figure III.10 Séchage de panicules de riz sur perroquet

b) Autres séchoirs

D'autres systèmes de séchage sont également utilisés au niveau villageois. Le séchoir à bio-combustible (bois), vulgarisé en Afrique de l'Ouest sous le nom de séchoir de brousse Brooks permet de réchauffer l'air grâce à un foyer constitué de fûts métalliques. L'air s'élève par convection naturelle et traverse une grille sur laquelle est étendu le produit à sécher (en couches minces de 10 cm pour du maïs en grain et de 30 cm pour des épis). Ce séchoir, très rustique, permet de sécher environ 200 à 300 kg de maïs de 20 à 14 pour cent d'humidité en une journée. Son rendement évaporatoire très faible (environ 5000 Kcal par kg d'eau évaporée) fait que ce séchoir n'a connu qu'un développement très limité.

Le crib permet de sécher lentement du maïs récolté à un taux d'humidité important. Cette structure de séchage est recommandée dans les zones tropicales, même les plus humides. Le crib est également une structure de stockage.

II.2 Amélioration des structures traditionnelles de stockage

Pour améliorer le stockage au niveau villageois, deux types d'interventions peuvent être envisagées: l'une consiste à modifier partiellement ou entièrement les structures existantes et l'autre à introduire des techniques de stockage totalement nouvelles. Cette section traite du premier type d'interventions.

Les interventions visant à améliorer les greniers existants sont toujours très délicates. Elles ne sont acceptées par les paysans que si elles donnent des résultats probants à peu de frais.

a) Greniers fermés

Les greniers fermés des zones sèches sont en général bien adaptés au stockage des céréales locales. Les structures pourraient cependant être renforcées en ajoutant 10 pour cent de ciment à la terre. Il faut également veiller au lissage correcte des parois internes et externes des silos. L'effort doit surtout porter sur le bon entretien des greniers, notamment par un lutage de toutes les fissures de fond et de parois, par des réfections de toiture et par des nettoyages rigoureux des greniers et de leurs abords.

Certains organismes de développement proposent des interventions beaucoup plus poussées tant au niveau des principes de construction que des matériaux utilisés tout en se référant aux méthodes traditionnelles de stockage. Trois types de greniers fermés promus par ces organismes sont décrits ci-dessous.

(i) Silo en briques de terre stabilisée

Cette structure améliorée est proposée par l'ENDA (Dakar, Sénégal)1. Il s'agit d'un petit silo cylindrique de 1 m3, construit en briques de terre ou banco, et destiné au stockage des céréales en grains. Les différentes phases de la construction de ce silo sont illustrées dans la figure III.11 qui est une reproduction d'une des fiches techniques du GRET2.

1 ENDA: Organisation non gouvernementale établie à Dakar, Sénégal.
2 GRET; Groupe de recherches et d'échanges technologiques (Paris, France).

Après avoir réalisé les briques de terre, destinées à la confection des parois, on construit la plateforme sur laquelle doit reposer le silo. Cette plateforme est constituée de grosses pierres recouvertes d'une couche de ciment. Elle empêche l'humidité contenue dans le sol de remonter au niveau des parois du silo. Le fond du silo est réalisé en forme d'entonnoir afin de faciliter la vidange. Les parois du silo sont montées par couches successives jusqu'à une hauteur d'environ 1,50 m. Le corps cylindrique du grenier est recouvert d'une dalle de toiture en béton armé dans laquelle est ménagé un orifice de remplissage. Une fois terminée, la structure est recouverte d'un enduit de couleur claire afin d'éviter un réchauffement trop élevé de la masse de grains durant les périodes chaudes. De par sa conception (grenier fermé) et sa réalisation (briques de terre), ce silo est principalement destiné aux zones sèches.

(ii) Silo artisanal vulgarisé par l'USAID3 au Nigeria

3 USAID: Agence pour le développement international des Etats-Unis.

Ce silo peut être considéré comme une variante du type précédent. Il s'agit d'un silo cylindrique ayant une capacité d'environ 1 tonne de maïs-grain. La base de la structure est constituée d'une dalle en béton armé de 1,5 m de diamètre reposant sur trois piliers de fondations en béton ou en pierres. Le corps cylindrique du silo est monté en parpaings de terre (10 x 10 x 15 cm) et enduit au ciment sur les deux faces. L'enduit extérieur est armé avec du grillage à poulailler. L'orifice de remplissage, situé en partie supérieure, reçoit un couvercle (ou dôme de couverture) constitué de terre recouverte d'un enduit de ciment et reposant sur des bambous ou sur un fond de fût métallique. Un orifice de vidange, ménagé dans la base du silo, est obturé par une trappe de vidange métallique.


Figure III.11 Phases de la construction d'un silo de briques de terre stabilisée

Phases

1. Moule à briques construit avec des planches de bois.

2. Malaxer le banco (terre argileuse + paille + fumier de vache mélangé avec de l'eau).

3. Mouiller le bois avant de tasser le banco dans le moule. Retirer le moule d'un geste sec et laisser sécher les briques au soleil.

4. Placer de grosses pierres sur la terre damée. Recouvrir les pierres de ciment (1 seau de ciment pour 5 seaux de sable).

5. Déversoir de grains en bois ou en métal.

6. Placer une première rangée de briques avec un mortier ciment (ciment + sable) ou banco. Sceller le déversoir en place.

7. Construire le fond en forme d'entonnoir pour faire couler le grain vers le déversoir.

8. Monter le mur sur 14 ou 15 rangées de briques.

9. Fabriquer un coffrage en bois pour la dalle de la toiture et le couvercle: mettre du grillage de poulailler dans le coffrage pour renforcer la dalle.

10. Couler la dalle de la toiture et le couvercle: laisser sécher au moins 6 jours en arrosant avec de l'eau 2-3 fois/jour (mélange de béton: 1 seau de ciment + 2 seaux de sable + 3 seaux de gravier).

11. Enlever le bois du coffrage.

12. Placer la dalle de la toiture sur le mur en la scellant avec du mortier. Peindre l'ensemble avec de la chaux blanche, pour que le silo absorbe moins de chaleur.

13. COMMENT UTILISER LE SILO:

- garder les grains après le battage seulement (on ne peut stocker les épis);

- bien sécher les épis avant le battage;

- mélanger le grain sec soit avec de la cendre de bois (10 litres de cendres pour 100 kg de grain), soit avec de l'insecticide (suivre soigneusement les instructions);

- après remplissage du silo, placer le couvercle en fermant le joint avec du banco. Bien enfoncer le bouchon du déversoir et sceller avec du banco;

- pour prendre le grain, ouvrir le déversoir;

- si on a utilisé l'insecticide, bien laver le grain avant de piler et de préparer;

- le silo a un volume d'un peu plus de 1 m3: on peut stocker 800-850 kg de mil ou 760-800 kg de sorgho.

Les matériaux nécessaires à la construction de ce type de silos sont:

- 4 à 5 sacs de ciment
- 22 m de fer à béton,
- 9 m2 de grillage à maille de 26 mm
- pour la trappe de vidange:

1 plaque métallique de 15 cm x 30 cm,
et de 1,5 mm d'épaisseur

- pour le moule à parpaings de terre:

1 planche de 60 cm x 10 cm
et de 2.5 cm d'épaisseur,
1,5 kg de clous de 6 cm

Le silo USAID est illustré à la figure III.12.

(iii) Silo "pusa"

Expérimenté en Inde, il s'agit d'un silo en boue ou briques crues dont la forme parallélépipédique reprend celle des structures traditionnelles de ce pays. Le modèle suivant est prévu pour le stockage de 2 tonnes de produit en vrac (Fig. III.13).

La structure, de forme rectangulaire, a des dimensions intérieures de 1,40 m par 1 m, et une hauteur de 1,60 m. Elle repose sur une dalle de briques ou directement sur un sol sain, compacté. La base et le toit sont constitués d'une plateforme en béton de terre de 10 cm d'épaisseur dans laquelle est insérée une feuille plastique (polyéthylène de 175 microns d'épaisseur). Les parois sont doubles, avec une feuille de polyéthylène intercalée. Cette feuille platique est en continuité avec celles du plafond et du sol. Les parois sont également constituées de béton de terre. Un trou de remplissage et de visite de 60 cm par 60 cm est ménagé dans le toit. A cet endroit, la feuille plastique n'est pas découpée mais seulement fendue selon la diagonale de l'ouverture. Pour la vidange, un orifice est prévu à la partie inférieure de la cellule. Cette goulotte de vidange est à l'épreuve des rongeurs.


Figure III.12 Silo artisanal vulgarisé au Nigéria


Figure III.13 Silo de type "pusa"

Pour réaliser ce type de silos, on construit d'abord la base sur laquelle on monte ensuite les parois intérieures. L'ensemble est alors recouvert d'une enveloppe en polyéthylène mise en forme à l'avance et raccordée à la feuille de base par soudure à chaud. La paroi extérieure est montée en dernier lieu.

La présence de la feuille plastique prise "en sandwich" dans les parois du silo est nécessaire si l'on veut assurer un stockage hermétique. Etanche, elle permet un traitement contre les insectes par fumigation. 11 est cependant important que les grains ensilés soient parfaitement secs, sinon ils risquent de se détériorer par les moisissures ou éventuellement par le développement de fermentations.

b) Greniers aérés

Deux types de greniers aérés sont décrits ci-dessous: le grenier de type "ebliva" et les cribs.

(i) Grenier de type "ebliva"

La forme arrondie de ce grenier (figure III.14) et son mode de réalisation - consistant à ranger intimement les épis de maïs les uns sur les autres - ne permet généralement pas une ventilation correct du maïs stocké. Cela est particulièrement vrai pour les greniers de grand diamètre qui sont souvent le siège d'un important développement de moisissure.

Une cheminée d'aération peut être adaptés à ce type de grenier pour améliorer la circulation de l'air entre les épis. Cette cheminée centrale, construite avec des matériaux disponibles localement (bois, grillage ou encore des fûts métalliques percés), réduit de moitié l'épaisseur de produit que l'air doit traverser et favorise la ventilation naturelle du stock. La plateforme inférieure du grenier doit reposer sur un nombre restreint de poteaux supports pour pouvoir adapter aisément des barrières anti-rats.

Le schéma de construction de la cheminée centrale est présenté à la figure III.14.


Figure III.14 Grenier de type "ebliva" amélioré

(ii) Les cribs

Les cribs sont des structures qui permettent un séchage lent du produit par ventilation naturelle. Leur emploi est intéressant dans les zones humides ou les produits, qui ont un taux d'humidité élevé à la récolte, ne peuvent être stockés en structures fermées. Ainsi, du maïs à 30 ou 35 pour cent d'humidité récolté en première saison des pluies, peut être séché jusqu'à 15 pour cent en moins de trois mois pendant la seconde saison des pluies. L'humidité du maïs de seconde saison peut aussi être abaissée de 25 à 15 pour cent en 10 jours. L'efficacité du crib comme structure de séchage dépend de plusieurs facteurs: la largeur du crib (le facteur le plus important) et la forme sous laquelle sont stockés les épis. La présence de spathes sur les épis empêche l'aération correcte des grains et perturbe le séchage.

Dimensions des cribs

Le choix des dimensions d'un crib et sa réalisation sont brièvement décrits ci-dessous.

Largeur: Dans les zones très humides où le maïs est récolté à 30-35 pour cent d'humidité, la largeur ne doit pas dépasser 60 cm. Dans les zones plus sèches, où le maïs est récolté à 25 pour cent d'humidité, la largeur peut atteindre 1 m. Dans les zones très sèches, elle peut atteindre 1,5 m.

Hauteur: Le choix de la hauteur est un compromis entre la recherche d'une capacité de stockage la plus grande possible et les risques d'instabilité de la structure, notamment dans les régions à forts vents dominants. La facilité de remplissage est également un facteur à prendre en compte. Les hauteurs de stockage les plus courantes avoisinent 1,5 m à 2 m. Il faut ajouter à la hauteur du stockage la distance entre le sol et la plateforme du crib, soit 80 cm à 1 m. Un espace de quelques dizaines de centimètres est prévu entre la limite supérieure de stockage des épis et le toit du crib. La hauteur totale d'un crib peut atteindre 2,5 m à 3,5 m.

Capacité: Pour une zone climatique donnée, la largeur et la hauteur du crib sont des données peu modifiables. Le volume de la structure est donc surtout fonction de la longueur de celle-ci. Dans 1 m3 de crib, on peut stocker 500 kg d'épis de maïs à 30 pour cent d'humidité, ce qui correspond à environ 300 kg de grains à 14 pour cent d'humidité. Un crib dont la hauteur de produit stocké est de 1,7 m et la largeur de 60 cm a une capacité de 1 m3 par mètre linaire. Pour une longueur de 5 m, le crib peut contenir 2,5 tonnes d'épis humides soit 1,5 tonne de grains secs.

Le tableau III.1 donne des exemples de capacité de stockage par mètre de longueur de crib et pour différentes largeurs. La hauteur de stockage des épis est égale à 1,70 m.

Tableau III.1.

Capacité de stockage par mètre linéaire de crib pour une hauteur de stockage de 1,7 m.

Largeur du crib (en centimètres)

Capacité en épis humides a 30 pour cent

Capacité correspondante en grains secs (14 pour cent)


(kilogrammes)

(kilogrammes)

60

500

300

80

680

400

100

850

500

120

1000

600

Réalisation du crib

Pour construire le crib, il est préférable d'utiliser au maximum les matériaux disponibles localement. L'ossature de la structure peut être en bambous ou rondins de bois. Les poteaux, espacés de 1 m, sont enfoncés dans le sol sur plus de 50 cm. Cette partie souterraine des montants doit préalablement être recouverte d'un enduit tel que le goudron ou une vieille huile de vidange pour la protéger des termites et de l'humidité. Les parois, généralement en grillage dans les cribs modernes, peuvent parfaitement être réalisées en raphia, bambou fendu ou baguettes de bois. Il suffit que la paroi n'offre pas au passage de l'air une résistance supérieure à celle des épis eux-mêmes.

Le plancher du crib est constitué d'éléments amovibles (rondins, bambous) pour permettre la vidange.

Il n'est pas indispensable d'utiliser des plaques de tôle ou d'amiante-ciment pour couvrir le crib. La couverture peut être réalisée en matériaux traditionnels (chaume, feuilles de bananiers). Dans ce cas, l'entretien et la réfection totale du toit sont plus fréquents. Les différents éléments du crib sont assemblés par des clous ou par des lianes. Les "pieds" du crib doivent être équipés de cônes métalliques pour protéger le produit stocké de l'attaque des rongeurs.

Les figures III.15(a) à III.15(g) illustrent les différentes phases de construction d'un crib.

III. UTILISATION DE STRUCTURES NOUVELLES

On qualifie de structures nouvelles les solutions de stockage mises au point par différents centres de recherche et nécessitant en général pour leur Construction des matériaux non traditionnels (ciment, métal, plastique).

III.1 Les silos en béton

Deux types de silos en béton, parmi les nombreux types de structures en béton développés ces dernières années, sont décrits dans ce dossier technique.

a) Silos en agglomérés de ciment de type Carreras1

1 D'après F. Carreras: Une construction rurale appropriée pour les exploitations paysannes des régions tropicales (Montpellier, Institut de recherches agronomiques tropicales, 1982).

L'originalité de la technique mise au point au Sénégal par F. Carreras réside dans la réalisation de parpaings courbes dont la courbure est plus ou moins forte suivant le diamètre de silo souhaité. Ces blocs sont pourvus d'évidements pour la mise en place d'un ferraillage. Ces agglomérés de béton autocoffrants permettent de réaliser des silos cylindriques renforcés d'armatures verticales et horizontales sans nécessiter de coffrage. Cette technique de construction reste à la portée d'une main-d'oeuvre non spécialisée.


Figure III.15 (a) Phase I de la construction d'un crib

A. 5 Montants Antérieurs de 3,6 m de long

B. 5 Montants Postérieurs de 3.0 m de long

C. 10 Montants de 1,5 m de long supportant la plate-forme

D. 5 Traverses de 85 cm de long

E. 5 Traverses de 1,4 m de long

F. 2 Traverses de 4,5 m de long supportant le plancher

G. 6 Traverses de 4.5 m de long supportant les parois

H. 6 Traverses de 85 cm de long supportant les parois

I. Environ 50 barreaux de 1 m de long, en bambou ou en un autre matériel, pour former le plancher.

J. Raphia ou autres matériaux approprié pour les parois

K. Trois traverses de 4.5 m de long supportant le toit

L. Toiture en tôle ou un autre matériel approprié, chaume par exemple

M. Protection contra les rats - tôle dé coupée en forme d'entonnoir

(Source: FAO)


Figure III.15 (b) Phase II de la construction d'un crib

Assembler 5 châssis en clouant ensemble les pièces A, B, C, D et E.


Figure III.15 (c) Phase III de la construction d'un crib

Enduire le bas des montants avec un agent de préservation tel que cuprinol, créosote ou huile de moteur usagée, pour éviter la pourriture et les dégâts causés par les termites.


Figure III.15 (d) Phase IV de la construction d'un crib

Creuser deux trous de 50 cm de profondeur, espacés de 70 cm (voir y ci-dessus), puis répéter l'opération à 1m de distance (voir y ci-dessus). Enfoncer les montants dans les trous et clouer les traverses F. supportant le plancher. Placer sur F les barreaux formant le plancher.


Figure III.15 (e) Phase V de la construction d'un crib

Clouer sur les châssis les traverses G et H qui supporteront les parois, ainsi que les traverses k qui supporteront le toit.


Figure III.15 (f) Phase VI de la construction d'un crib

Fixer la toiture L et la parois J.


Figure III.15 (g) Phase VII de la construction d'un crib

Fixer les dispositifs anti-rats M, et le grenier de 4 m de long est prêt.

Les différentes phases de l'édificaton du silo sont illustrées aux figures III.16(a) à III.16(d). Les numéros des différents éléments sont répertoriés à la figure III.16(e).

Des silos de différentes capacités peuvent être construits selon cette technique. A titre d'exemple, un silo de 3 tonnes de capacité à les caractéristiques suivantes:

Diamètre intérieur

: 1,50 m (12 agglomérés par rang)

Epaisseur des parois

: 12 cm

Hauteur intérieure

: 2 m (soit 10 rangs d'agglomérés)

Les besoins en matériaux nécessaires à sa réalisation sont:

- 13 sacs de ciment de 50 kg;
- 1,10 m3 de sable; 3
- 1,4 m3 de laterite criblée;
- environ 150 m de fer rond d'un diamètre de 6;
- 1,5 kg de fil de fer pour les ligatures;
- 1 trappe d'ensilage;
- 1 goulotte de vidange;
- 8 kg de chaux pour le badigeon extérieur.

Le coût actuel (1985) de construction d'un tel silo est d'environ 20 000 francs CFA par tonne logée (400 FF par tonne).

b) Silos en ferrociment

Le ferrociment est une forme particulière de béton armé ou les armatures en fer sont constituées de grillage serré auquel on donne la forme de la structure souhaitée. L'ossature ainsi formée est "remplie" par un mortier de ciment.


Figure III.16 (a) Silo en agglomérés de ciment de type Carreras - Production d'agglomérés courbes


Figure III.16 (b) Silo en agglomérés de ciment de type Carreras - Réalisation de la base du silo


Figure III.16 (c) Silo en agglomérés de ciment de type Carreras - Mise en place des parois


Figure III.16 (d) Silo en agglomérés de ciment de type Carreras Réalisation du toit du silo


Figure III.16 (e) Silo en agglomérés de ciment de type Carreras - Inventaire des différents éléments en fer nécessaires à la construction du silo

Le ferrociment constitue un matériau résistant, facile à utiliser localement, à réparer et à façonner. Cette technique est très utilisée en Asie du Sud-Est pour construire les barques et petits bateaux. Elle est également utilisée pour réaliser divers récipients et notamment des structures de stockage des grains.

Cette technique a été testée à plusieurs reprises en Afrique, et notamment en Zambie par K. N. Ostergaard. De petits silos villageois, appelés ferrumbu, ont été construits dans ce pays. La figure III.17 illustre les principales étapes de constructions

La base du silo est constituée d'un amas de pierres empilées jusqu'à une hauteur d'environ 80 cm du sol. Le haut du tas est recouvert d'une fine couche de béton sur laquelle est soudé un tube de vidange réalisé préalablement. Un châssis en bois, préfigurant la forme définitive du silo est construit et mis en place sur la plateforme. Une sorte de panier en grillage est formé ensuite autour de ce châssis. Lorsque deux éléments de grillage doivent se chevaucher, le recouvrement est d'au moins 10 cm.

Le nombre de couches de grillage nécessaire est fonction de la taille du silo. On prévoit une couche de grillage pour un silo d'une tonne de capacité, et deux couches pour un silo de quatre tonnes. Le haut du silo se termine en tronc de cône sur lequel une ouverture circulaire de remplissage d'environ 50 cm de diamètre est ménagée.

Après la réalisation de l'ossature générale en grillage, l'extérieur du silo est façonné avec un mortier de ciment (une unité de ciment pour 4 unités de sable) que l'on laisse prendre pendant plus de trois jours. Durant la prise, on recouvre le silo de vieux sacs de jute humidifiés en permanence pour éviter les fentes de retrait. Lorsque la couche externe est sèche, les armatures de soutien sont retirées, puis l'intérieur de la paroi est humidifié et recouvert d'une couche de mortier de ciment. Un couvercle amovible de forme conique (angle 45° et diamètre de base de 70 cm), construit suivant la même technique, est prévu pour recouvrir l'orifice de remplissage.

Le silo est ensuite recouvert d'un enduit étanche constitué de ciment et d'eau. Il est recommandé de recouvrir cet enduit d'une peinture de couleur claire pour que la structure absorbe moins de chaleur.


Figure III.17 Phases de construction d'un silo en ferrociment (le ferrumbu)

Le tableau III.2 donne un exemple des dimensions à retenir en fonction des capacités de stockage souhaitées.

Tableau III.2

Caractéristiques des silos de ferrociment en fonction de leur capacité


Capacité de stockage


1 tonne

4 tonnes

Dimensions: diamètre (en m)

1,1

1,8


hauteur (en m)

1,5

2,1

Epaisseur des murs (en cm)

3,5

5

Nombre de couches de grillage

1

2

Surface de grillage de 12-15 mm (en m2)

20

50

Ciment (en kg)

200

400

Sable (en m3)

0,75

1,5

Le coût de construction d'un silo en ferrociment est d'environ 15 000 francs CFA à la tonne logée (300 francs français par tonne).

III.2 Les silos métalliques

Les fûts métalliques de 200 litres (figure III.18) utilisés dans le commerce pour le stockage des hydrocarbures peuvent être utilisés comme structures de stockage. Ils constituent une structure étanche permettant d'obtenir une atmosphère confinée et un moyen efficace de lutte contre les insectes. Cependant, il est indispensable d'ensiler des grains bien secs car des risques de condensation peuvent conduire à une détérioration du produit. Etant donné l'importante siccité des grains, l'obtention d'une atmosphère confinée par la seule respiration du complexe grain-micro-organismes est un processus lent. Il est donc conseillé de traiter préalablement les grains par un insecticide de contact.

Les silos métalliques ont une capacité relativement faible (150 kg de grains). Ils peuvent néanmoins être utilisés pour stocker les légumineuses (haricot, niébé) dont la conservation par les méthodes de stockage traditionnelles est difficile et qui sont généralement stockées en petites quantités. Pour éviter de trop fortes températures, les fûts doivent être entreposés sous abri ou à l'intérieur des habitations. Ces silos peuvent avoir une durée de vie d'une dizaine d'années s'ils ne servent qu'au stockage des grains et ne sont pas utilisés pour le transport et le stockage de l'eau. Cependant, ils deviennent de plus en plus rares car le commerce des hydrocarbures évolue vers des livraisons en vrac.


Figure III.18 Fût métallique servant pour le stockage des grains en vrac


Figure III.19 Silo métallique d'une capacité de 3 tonnes

Des cellules métalliques de plus grande capacité (1 à 3 tonnes) sont parfois proposées dans des projets de développement (figure III.19). Dans certaines régions (Amérique centrale, par exemple), elles sont largement utilisées au niveau villageois depuis de nombreuses années. Ces structures peuvent aisément être fabriquées par des artisans locaux, et permettent de lutter contre les insectes et les rongeurs. Il est important de rappeler que le grain doit être stocké propre et sec.

III.3 Structures en plastique

L'utilisation de sacs en plastique étanches permettant une fumigation au tétrachlorure de carbone (CCl4) fut préconisée dans le passé afin d'améliorer le stockage villageois. Les résultats obtenus en Afrique n'ont pas été très probants, surtout à cause de la fragilité des sacs, des difficultés d'approvisionnement et de l'attaque par les rongeurs (figure III.20). Dans d'autres régions (Brésil, Australie), le stockage des grains à long terme se fait dans des poches plastiques ou sont stockés plusieurs centaines de kilos de grains. Une fois remplies, ces poches sont recouvertes de terre. Leur étanchéité permet la création progressive d'une atmosphère confinée favorable à un bon stockage (Figure III.21).

IV. LA DESINSECTISATION

Les insectes, en particulier dans les régions chaudes, sont une des principales causes de dégradation des denrées stockées. L'amélioration du stockage villageois passe donc en priorité par la lutte contre ces agents déprédateurs, responsables d'importantes pertes.

IV.1 Méthodes de lutte traditionnelles

Plusieurs méthodes traditionnelles de lutte contre les insectes sont utilisées dans les pays en développement. Certaines de ces méthodes sont brièvement décrites dans cette section.


Figure III.20 Stockage des grains en sacs de plastique étanche


Figure III.21 Stockage en poches de plastique étanche semi-enterrées

Exposition au soleil

L'exposition au rayonnement solaire direct du produit, étalé en couches minces, fait fuir les insectes adultes qui n'apprécient ni les fortes chaleurs, ni la lumière vive. Les petites bâches noires préconisées précédemment pour le séchage permettent d'améliorer ce procédé.

Enfumage

Dans certaines régions, il est courant de stocker une partie de la récolte de maïs au dessus de l'endroit qui fait office de cuisine. Le produit est ainsi traversé par la fumée du foyer qui tout en favorisant le séchage des grains, éloigne les insectes adultes. L'efficacité de ce procédé semble cependant réduite dans le cas ou les épis de maïs sont pourvus de spathes bien enveloppantes. Il est donc préférable d'enfumer des épis nus.

Addition de matières inertes solides

L'addition de matières inertes aux grains pour en améliorer la conservation est une technique connue depuis fort longtemps. Les pratiques varient d'un pays à l'autre, mais les matériaux utilisés sont en général le sable et la cendre. Au siècle dernier, les agronomes français conseillaient également la suie et le charbon pulvérisé.

Mélangées aux grains, ces matières inertes empêchent la progression des insectes adultes en comblant les vides intersticiels présents entre les grains. Selon leur composition, elles peuvent également avoir une action abrasive et dessicative sur les insectes qui meurent par déshydratation. Des essais de conservation du niébé (légumineuse) réalisés au Togo ont prouvé l'efficacité de ces techniques de désinsectisation. Les quantités de matière sont cependant assez importantes: 1,6 kg de sable ou 400 g de cendre par kilo de grains.

Addition d'huile

L'enrobage des grains de maïs par une fine pellicule d'huile (arachide, palme, ricin) à raison de 5 litres d'huile par tonne de grains est une technique qui semble donner de bons résultats bien qu'elle ne soit applicable que sur de faibles quantités de produit stocké. L'utilisation de ce procédé sur les légumineuses (haricot, niébé) peut être intéressante dans la lutte contre les bruches.

Utilisation de plantes répulsives

Dans certaines régions, il est courant d'utiliser des plantes ou des extraits de plantes (neem par exemple) pour protéger les denrées stockées contre les attaques d'insectes. Ces plantes ont plutôt une action insectifuge qu'insecticide. Des recherches sont actuellement poursuivies pour connaître précisément leur principe d'action et les meilleurs modes d'utilisation.

Toutes ces techniques traditionnelles de lutte contre les insectes apparaissent aujourd'hui dépassées. Dans certains cas, il peut être intéressant de les analyser afin de mieux cerner leur efficacité. Leur utilisation est cependant limitée à des quantités très faibles de grains. Ainsi, les agriculteurs font de plus en plus appel à la lutte chimique.

IV.2 Utilisation d'insecticides chimiques

La vulgarisation de l'emploi des insecticides chimiques est à l'heure actuelle le moyen le plus efficace de lutte contre les insectes, surtout dans les régions sèches ou ces derniers représentent le facteur principal de pertes de grains.

Les insecticides

Il n'entre pas dans le cadre de ce dossier de dresser une liste exhaustive des insecticides chimiques utilisables sur les denrées stockées. Quelques notions importantes seront simplement rappelées.

Il existe deux types de traitement par insecticide chimique:

- le traitement préventif, qui a pour but de prévenir l’infestation ou la réinfestation des stocks. Dans ce cas, la technique consiste à recouvrir le grain ou la surface d'un lot de grain d'un insecticide de contact qui agit plus ou moins rapidement sur les formes libres d'insectes;

- le traitement curatif, utilisé pour détruire rapidement les insectes contenus dans les grains, quel que soit leur stade de développement (oeuf, larve, nymphe, adulte) nécessite l'utilisation de gaz insecticides (fumigants), qui n'ont qu'une action limitée.

En général, l'utilisation d'insecticides de contact est le seul type de traitement chimique envisageable au niveau villageois. Parce qu'elle nécessite des précautions d'emploi, la fumigation ne peut être mise en oeuvre que par des équipes spécialisées des services de protection des végétaux.

Les insecticides de contact de la famille des organochlorés (DDT, lindane), sont aujourd'hui interdits dans les pays industrialisés. Dans les zones tropicales, le lindane est de moins en moins utilisé car les insectes ont développé des résistances à son action.

Les insecticides de contact les plus utilisés à l'heure actuelle sont les organophosphorés (malathion, bromophos, dichlorvos, pirimiphos-méthyl, chlorpyrifos-méthil). Des cas de résistance au malathion et au bromophos ont parfois été signalés. C'est pourquoi l'utilisation d'insecticides relativement nouveaux et plus performants, tel que le pirimiphos-méthyl et le chlorpyriphos-méthyl est de plus en plus fréquente. La persistance d'action du pirimiphos-méthyl (connu dans le commerce sous le nom de Actellic) est estimée à plus de six mois. La généralisation de son utilisation risque toutefois de faire apparaître des groupes d'insectes résistants.

Traitements

Les insecticides de contact sont commercialisés sous différentes formes: poudre à poudrer, poudre diluable, concentré liquide pour pulvérisation, liquide pour nébulisation et solide fumigène.

Au niveau villageois, le poudrage reste le type de traitement des stocks le plus répandu. Il est souvent réalisé à la main par saupoudrage du stock en place, par mélange manuel dans de petits récipients, ou par pelletage du tas de grains.

Différents appareils (représentés aux figures III.22 à III.24) sont utilisés pour le poudrage. L'utilisation d'un fût métallique monté sur un axe excentré permet de bien mélanger la poudre à une petite quantité de grain (figure III.24). Cette technique peut être efficacement utilisée pour le traitement des semences, qui sont en général conservées en petites quantités.

Pour les grains ou les épis conservés dans les silos villageois, la méthode de poudrage utilisée est souvent celle du "traitement en sandwich". Elle consiste à traiter les parois et le fond de la structure, puis à placer une première couche de grains ou d'épis sur laquelle est répandu l'insecticide. Les couches successives de produit sont traitées de la même manière jusqu'au remplissage complet du grenier. La représentation schématique de ce type de traitement est illustrée à la figure III.25.


Figure III.22 Bocal à couvercle percé utilisé comme poudreuse


Figure III.23 Poudreuse à membrane manuelle artisanale


Figure III.24 Poudreuse type "baratte"

Le traitement par poudrage est très irrégulier; certaines zones peuvent être surdosées et d'autres sous-dosées. Une telle méthode n'assure donc pas une protection totale contre l'attaque des insectes.

Pour traiter les parois verticales des magasins de stockage et des greniers, il est préférable de pulvériser l'insecticide. Divers appareils de traitement, tel que le pulvérisateur mécanique à pression entretenue, sont utilisés (figure III.26). On pulvérise également les piles de sacs dans les entrepôts.

Exemple de traitement

Le traitement d'un crib de 60 cm de large sur 1,70 m de haut et 4 m de long (volume de 4 m3, soit 2 tonnes de grains en épis) avec un insecticide tel que le pirimiphos-méthyl à 2 pour cent nécessite 1 kg de poudre. Ce poids de poudre à 2 pour cent est calculé comme suit:

- une dose de 10 parties par million (ppm) représente 10 g de matière active par tonne de grains;

- Une poudre à 2 pour cent contient 2 g de matière active par 100 g de poudre. Il faut donc 500 g de produit commercial pour obtenir la dose de 10 ppm. Le traitement d'un crib de 4 m nécessite donc 1 kg de poudre à 2 pour cent (500 g/tonne multiplié par 2 tonnes) soit, par exemple, 4 sachets de 250 g chacun.

Un traitement "en sandwich" tous les 20 cm nécessite 10 couches d'insecticide (y compris la couche de fond), soit 100 g de poudre par couche. Le traitement est achevé par une pulvérisation d'insecticide liquide sur les parois du crib.

Pour être efficace, un tel traitement doit se faire sur des épis despathés car les spathes ne permettent pas à l'insecticide d'être en contact avec les grains et d'assurer pleinement son rôle protecteur. L'enlèvement des spathes peut sembler paradoxal car on considère que celles-ci protègent naturellement les épis contre les insectes. En fait, si cette protection naturelle est plus ou moins efficace pour les variétés traditionnelles de maïs aux spathes très enveloppantes, elle l'est beaucoup moins pour les variétés améliorées dont les spathes recouvrent mal les épis.


Figure III.25 Schéma de traitement du grain dit "en sandwich"


Figure III.26 Pulvérisateur à dos à pression entretenue par pompe à piston

1. Pompe à piston (en coupe)
2. Cloche à air
3. Réglage de la course du piston
4. Levier de pompage
5. Sangles
6. Lance
7. Réservoir de bouillie
8. Orifice de remplissage avec couvercle

(Source: CEMAGREF)

Une lutte chimique bien menée donne souvent de bons résultats et permet d'améliorer de manière sensible le stockage des produits au niveau villageois. Cependant, le premier type d'action dans la lutte contre les déprédateurs de stocks (insectes, rongeurs) consiste simplement à observer de bonnes mesures d'hygiène préventive, y compris un nettoyage soigneux des greniers et de leurs abords, l'élimination des déchets, la réfection des constructions défectueuses et le nettoyage des produits à stocker.

TO PREVIOUS SECTION OF BOOK TO NEXT SECTION OF BOOK

CD3WD Project Donate