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Exemples d'installations artisanales
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La Transformation Artisanale des Plantes à Huile. Expérience et Procédés. (GRET, 1995)

Exemples d'installations artisanales

Un projet de mise en place d'unités de transformation des oléagineux à petite échelle doit faire l'objet d'une véritable préparation. La précipitation ne doit jamais l'emporter: la bonne marche d'une petite entreprise ne s'improvise pas. Avant de se lancer dans la production, il faut régler les questions de l'approvisionnement en matière première, du transport, de la main-d'œuvre, de l'organisation du travail, de la commercialisation, etc. Il ne s'agit pas seulement de produire, mais de vendre la production à un prix suffisamment élevé pour couvrir les coûts de fabrication.

Les dimensions concrètes d'un tel projet peuvent être appréhendées par l'étude des installations artisanales de fabrication d'huile déjà existantes. Ces expériences fournissent en effet des enseignements pratiques indispensables et immédiatement utilisables. Elles permettent, en outre, d'aborder les aspects économiques et financiers, indissociables de la réussite d'une telle entreprise. Or, dans le domaine de la transformation des oléagineux, on est confronté à la rareté des expériences.

Nous développerons trois exemples pour la transformation de l'arachide:

- l'atelier de pâte d'arachide au Congo;
- une mini-huilerie au Niger;
- l'entreprise de fabrication de pâte d'arachide AGRIFA au Sénégal.

Tous trois témoignent du caractère profondément particulier de chaque projet. Il n'y a pas de méthode rigide qui, suivie rigoureusement, assure la rentabilité d'une exploitation. Tout est affaire de contexte et de préparation.

C'est la capacité à tirer parti d'un environnement donné qui peut faire le succès d'une telle entreprise. De nombreux facteurs entrent en jeu et modifient la marge de manoeuvre laissée aux entrepreneurs: l'organisation de la distribution, la qualité et la proximité du réseau de transports, la disponibilité de la main-d'oeuvre, etc. Ce qui importe avant tout, c'est de savoir s'adapter aux contraintes locales. Les leçons tirées d'expériences concrètes ne sont valables qu'à la suite d'une appropriation à la fois souple et localisée.

L'atelier de fabrication de pâte d'arachide au Congo

L'atelier de fabrication de pâte d'arachide de Kombé s'intègre à un vaste projet mis en place en 1986 par AGRICONGO, un des instituts d'AGRISUD INTERNATIONAL. Sa mission est de contribuer à résoudre les problèmes de sécurité alimentaire et de développement économique.

Au Congo, l'impasse des méthodes traditionnelles d'exploitation apparaît aujourd'hui patente. Elles ne peuvent faire face au développement rapide des villes. Or, il est urgent d'apporter une réponse à l'augmentation de la demande urbaine en biens de consommation. Le système traditionnel, soumis à des exigences qui le dépassent, tend à en faire porter le coût à l'environnement. La dégradation du milieu naturel se traduit par un appauvrissement des sols et par le défrichement de pans entiers de forêts. Elle s'apparente à une fuite en avant: le sacrifice de l'environnement n'est qu'une solution de court terme; à long terme, c'est l'avenir agricole du Congo qui est en jeu. Les grandes fermes mécanisées ne constituent pas non plus des issues envisageables. Les difficultés d'ordre logistique qu'elles posent sont trop nombreuses.

Dans cette région tropicale de basse altitude, AGRISUD propose une alternative, un moyen terme entre l'agriculture traditionnelle et les grandes exploitations modernes. Il procède par intégration des techniques de transformation modernes à un système d'exploitation à échelle humaine. Ce système est d'abord mis au point en station en fonction des contraintes socio-économiques, puis expérimenté techniquement et économiquement et, enfin, transféré en milieu rural pour une phase pilote. Un atelier de fabrication de pâte d'arachide à entraînement mécanique (moteur diesel) a ainsi été inauguré en 1991 à 50 km au nord de Brazzaville, au niveau d'un groupement de 13 producteurs. Ceux-ci ne sont pas propriétaires de l'atelier.

De l'approvisionnement à la commercialisation: les étapes de la production

Le processus de production mis en place dans l'atelier de Kombé repose sur la rationalisation des méthodes traditionnelles et l'utilisation de machines simples, fabriquées sur place.

· L'approvisionnement en matière première et l'intérêt du stockage

Le prix des arachides subit des fluctuations très importantes au rythme des saisons. Il est à son minimum en février-mars, date de la première récolte, remonte quelque peu jusqu'à la seconde récolte de mai-juin. Le sommet est atteint en octobre-novembre. Or, l'achat des arachides aux 13 producteurs constitue 60% des charges variables. La rentabilité de l'exploitation est donc fortement dépendante du prix d'achat de la matière première. Dès lors, l'investissement dans une installation de stockage peut s'avérer rentable. Il permet de couvrir en continu les besoins de l'atelier aux prix les plus bas.

· Le décorticage et le vannage

Le décorticage est effectué par le décortiqueur mécanique. Un tarare opère la séparation entre graines et coques par un jeu de grilles et de soufflerie. Un second passage dans le tarare permet d'obtenir des graines plus propres et de meilleure qualité.

A la suite de ces opérations, on obtient en moyenne 67 kg de graines décortiquées pour 100 kg d'arachides coques. La machine permet de traiter 200 kg d'arachides par heure. Les coques sont valorisées en étant utilisées comme litière. Le fumier ainsi constitué sert ensuite d'engrais. Le prix de vente des coques est fixé à 25 Fcfa/kg.

· Torréfaction, dépelliculage et tri

Le torréfacteur est un four avec briques réfractaires, surmonté d'un demi-cylindre métallique. Les graines y sont introduites par lots de 10 à 15 kg. Il faut compter 30 mn de cuisson pour 15 kg de graines. Le débit horaire de la machine est donc en moyenne de 30 kg/h. Les pertes pondérales dépassent rarement les 10%. Le coût en bois de chauffe est important (12,5 kg sont nécessaires par heure de chauffe). Une attention particulière est portée au temps de torréfaction puisqu'il influe sur la qualité de la pâte. Une présence quasi-continue est nécessaire pour actionner le torréfacteur et surveiller la cuisson. Cependant, la même personne peut être affectée à l'opération du dépelliculage. Le dépelliculeur est électrique; il ne nécessite que de rares interventions manuelles lors du changement de trémie et du nettoyage de la grille. Son débit est de 150 kg/h.

Le résidu est un mélange de germes et de pellicules qui est vendu au prix de 50 à 65 Fcfa le kg pour servir à l'alimentation des ruminants. Les frais d'eau et d'électricité de l'atelier sont à peu près couverts par cette vente.

Le tri des graines se fait à la main pendant les temps morts de la production comme le broyage.

· Broyage, conditionnement et commercialisation

Le broyage des graines s'effectue dans un broyeur à meule. La mise en route du broyeur occasionne la perte d'un à deux kg de pâte afin de remplir les vides de la machine. Récupérée lors des nettoyages, celle-ci peut être revendue au rabais autour de 600 Fcfa/kg. Cette perte fixe est compensée par le traitement d'une quantité importante de graines à chaque broyage afin d'atteindre un rendement de 93%.

Le broyage est une opération lente: le débit horaire de la machine est de 50 kg/h. Elle consomme beaucoup d'électricité (environ 3000 U) mais ne nécessite aucune main-d'oeuvre, excepté pour le remplissage. La pâte obtenue est ensachée ou mise en pots.

Les sachets de 50 g de pâte d'arachide sont vendus à 45 Fcfa prix de gros et à 70 Fcfa prix de détail, les pots de 250 g sont vendus à 350 Fcfa.

Cette unité n'est pas homogène au niveau de la capacité unitaire de ses différents composants: ils peuvent traiter de 30 à 150 kg/h (sur la base graines décortiquées). Il n'est possible de travailler en continu qu'en se basant sur la plus petite capacité des éléments.

Fonctionnement de l'atelier et résultats

Le fonctionnement de l'atelier nécessite le travail de deux personnes: un technicien assisté d'une ouvrière. Le processus de production complet dure 2 journées de 7 h de travail. La semaine est ainsi découpée en 3 cycles auxquels s'ajoute un jour de congé.

Chaque cycle suit le même déroulement:

· Premier jour

- allumage et montée en température du torréfacteur (1 h),
- mise en route, chargement de la trémie du décortiqueur (30 mn),
- décorticage de 200 kg d'arachides (1 h),
- torréfaction de 134 kg de graines (4 h 30),
- simultanément: préparation des sachets, vannage,
- production de 120 kg de graines torréfiées, consommation de 14 fagots de bois (72 kg)

· Deuxième jour

- dépelliculage de 120 kg de graines (1 h),
- broyage de 110 kg de graines dépelliculées,
- simultanément: tri des graines moisies,
- ensachage de 107 kg de pâte (4 h 15),
- production finale de 2140 sachets ou 428 pots.

On aboutit ainsi à la fin de la semaine à une transformation totale de 600 kg d'arachides en coques et à une production finale de 326 kg de pâte, soit 6400 sachets ou 1280 pots.

Une intensification de la production demeure possible avec l'abandon de l'organisation en cycle de deux jours et l'emploi d'une ouvrière supplémentaire pour l'ensachage. Un torréfacteur électrique est alors nécessaire. On pourrait alors atteindre, avec une utilisation optimale des outils de production, une production hebdomadaire de 18000 sachets ou 3600 pots.

Résultats économiques

Les estimations se font sur la base d'hypothèses concernant le prix de la matière première fixé à 270 Fcfa et le rendement de décorticage à 67%. Le rendement global pâte/arachide en coque est de 50%. Le fonctionnement de l'atelier, tel qu'il a été détaillé, couvre les besoins de transformation de 25 exploitations. Il est destiné à une utilisation en équipements communs de type coopérative.

Les investissements nécessaires pour l'installation d'un atelier de transformation électrifié sont de 8400000 Fcfa. Ils comprennent l'achat:

- du bâtiment, des installations électriques et de la serre de stockage: 3150000 Fcfa;
- des machines et du gros matériel: 4870000 Fcfa;
- du mobilier et du petit matériel: 380000 Fcfa.

Le compte de résultat sert de tableau de bord pour suivre le fonctionnement économique et le contrôle de la rentabilité de l'atelier.

Les charges variables découlent directement du processus de production. L'achat des arachides est le plus important: il représente près de 60% des charges variables contre 36% pour l'emballage.

Les charges fixes, à l'inverse, sont indépendantes de la production. Elles sont dominées par les frais du personnel et les charges liées aux investissements. Pour rentabiliser ces investissements, ii faut pouvoir disposer d'un volume d'activité suffisamment important. En effet, pour que la marge nette (différence entre le total des produits et le total des charges) soit positive, il faut qu'elle puisse couvrir le montant des charges fixes. (Cf. l'exemple de compte de résultat mensuel ci-contre.)

Pour une transformation de 600 kg d'arachides en coques par semaine - ce qui correspond au fonctionnement optimum de l'atelier -, la marge brute hebdomadaire (c'est-à-dire la différence entre les produits et les charges variables) est de 165000 Fcfa pour des charges fixes s'élevant à 87000 Fcfa par semaine. La marge nette est positive de 78000 Fcfa par semaine. L'obtention de tels résultats suppose une attention constante portée à la qualité du produit tout au long de la transformation. Des pesées effectuées à chaque étape contribuent à assurer le bon suivi de la production.

EXEMPLES DE COMPTE DE RESULTAT MENSUEL

Les prix indiqués sont ceux de juillet 1994.

CHARGES

PRODUITS (EN F CFA)

Charges variables

1104500



Achat d'arachides coques

675500



Bois de chauffe

17000

Vente de pâte

1770000

Electricité

7500

Vente de résidus

9000

Emballages

404500

Vente de coques

20500

Charges fixes

371000



Eau

4500



Frais de personnel

167000



Frais financiers

77500



Amortissement

122000



Total des charges

1475500

Total des produits

1799500

Marge nette

324000



Marge brute

695000



PARAMÈTRES

COÛTS (EN F CFA)

Prix d'achat des arachides coques (kg)

270

Coût du kg de pâte

1166

Rendement graine/coque

67%

Prix de revient du pot de pâte

292

Poids du pot (g)

250

Produit par kg de pâte

1424

Prix de vente du pot

350

Produit par pot

356

Période

un mois

Marge par kg de pâte

257

Quantité d'arachide coque (kg)

2500

Marge nette par pot

64

Quantité de graines (kg)

1676

Marge brute par pot

137

Quantité torréfiée (kg)

1509



Quantité dépelliculée (kg)

1358



Quantité de pâte conditionnée (kg)

1264



Nombre de pots

5057



L'expérience décrite est menée par AGRISUD INTERNATIONAL au vu des contraintes socio-économiques locales. Ce modèle de développement peut être transposé à échelle identique en milieu urbain.

Deux points rendent l'expérience d'AGRISUD particulièrement intéressante:

- la formation pour les jeunes qui s'installent dans le cadre du projet;

- la mise en place d'outils de développement à travers la création de formules de financement auprès des banques et de services divers.

L'originalité de ce procédé réside dans la conception et la réalisation des machines de transformation sur le centre de ressources d'AGRISUD. Le choix a été fait d'une technique simple qui peut être reproduite par un artisan spécialisé.

Une mini-huilerie d'arachide au Niger

La mise en place d'une huilerie d'arachides au Niger fait partie de la politique de projets de petite échelle prônée par les pouvoirs publics nigériens depuis quelques années. Cette démarche s'appuie sur la volonté de valoriser la production du paysan par le biais de technologies simples nécessitant de faire des investissements.

On retrouve pour l'essentiel les mêmes objectifs que dans le cas d'AGRISUD:

- l'obtention d'un produit fini de qualité;
- la valorisation des produits dérivés;
- la prise en compte du contexte socio-économique.

Mais, au Niger, l'installation d'une entreprise de transformation des arachides s'inscrit dans un environnement de concurrence très forte. L'huile d'arachide subit l'afflux des huiles d'importation. Pour faire face aux contraintes du marché, son prix est maintenu a un niveau modéré, ce qui limite la rentabilité d'une telle entreprise.

De plus, il arrive que les arachides soient achetées directement décortiquées. Le travail de préparation de l'amande, qui comprend le décorticage, la séparation des graines et des coques et le tri, est effectué par le producteur.

On se trouve dans une situation de double dépendance: en amont avec l'approvisionnement en matière première et en aval avec les contraintes du marché qui pèsent sur l'écoulement de la production. Seul le processus de transformation est complètement maîtrisé par les huiliers. Le rendement en huile est environ de 40% du poids des arachides décortiquées.

La question des moyens de transport des matières premières et de leur coût, du transport des produits finis et des capacités d'absorption du marché se pose donc de manière particulièrement aiguë.

Le contexte permet de déterminer le volume de production de l'huilerie. On distingue le type artisanal amélioré, caractérisé par une main-d'oeuvre familiale employée temporairement au rendement de 40 à 60 kg/h, et le type semi-industriel à la main-d'œuvre salariée permanente et au rendement de 120 à 150 kg/h.

Les étapes de la transformation

Que le stockage ait lieu chez le producteur ou autour de l'unité de production, il importe de prêter attention aux conditions de conservation des arachides: la qualité du produit fini en dépend.

· Le dépelliculage

Le dépelliculage est une opération chère. Il permet de mieux contrôler la pollution des graines en aflatoxine et d'améliorer la valorisation des produits dérivés (présentation du tourteau).

· Le broyage, la cuisson et le pressage

Cette opération nécessite un broyeur à marteaux ou à couteaux. Les graines du Niger sont de consistance fragile et se broient aisément. Elles peuvent alors être cuites à 90°C pendant 20 mn. L'extraction a lieu par pressage des graines. Le choix d'une presse doit être pensé dans le cadre d'une mini-huilerie qui repose sur la valorisation des produits dérivés comme le tourteau sur le marché local.

· Le raffinage

L'huile brute doit être filtrée afin d'être purifiée des résidus qui la composent encore. La cuisson peut en outre améliorer le goût et l'odeur de l'huile. Enfin, la clarification peut être perfectionnée par un traitement au charbon de bois ou une filtration à travers un tissu ou du sable. Cette dernière précaution n'a pas encore prouvé sa viabilité à l'échelle d'une huilerie de ce type.

· Le conditionnement

Le conditionnement de l'huile a lieu dans des bouteilles de récupération ou des bouteilles de polyéthylène achetées pour la circonstance. Dans les deux cas, il faut une hygiène scrupuleuse. Le stockage doit être à rotation rapide (2 à 3 jours maximum) avec le même souci de conservation optimale.

Aspects économiques

Il n'y a pas de modèle établi à suivre. C'est à l'entrepreneur qu'il revient d'appréhender la réalité et de s'y adapter afin d'en tirer le meilleur parti.

Le but est avant tout d'assurer la rentabilité et la pérennité de l'entreprise de transformation. Il n'y a pas encore de modèle précis pour définir les besoins en énergie, en main-d'œuvre et en eau. Il reste donc à élaborer selon les situations et les types d'exploitation. Nous nous contenterons de rappeler certains principes fondamentaux: le coût de production doit être inférieur au prix de l'huile sur le marché.

Le calcul économique doit prendre en compte les charges fixes (l'équipement de l'huilerie, son amortissement, les frais d'entretien et de réparation, voire les frais financiers en cas d'achat à crédit) et les charges variables (notamment le prix de l'arachide en coque, le coût du décorticage, les frais de main-d'œuvre, de carburant, de stockage, de conditionnement et de transport). C'est en fonction de tous ces critères qu'on peut calculer le coût de revient de l'huile et du tourteau.

AGRIFA: une unité de préparation de pâte d'arachide à Fatick (Sénégal)

L'implantation à Fatick d'une unité de production de pâte d'arachide résulte de la rencontre en 1988 de deux entrepreneurs: MM. Diouf et Gauthier. Le premier, natif de cette ville située au cœur du bassin arachidier, avait l'intention de créer une petite entreprise de préparation industrielle de pâte. Le second, spécialisé dans l'ingénierie agro-alimentaire tropicale, avait déjà participé à l'installation d'une unité de ce type en Guyane.

Leurs objectifs étaient:

- d'installer une unité pilote en milieu rural au Sénégal;

- de combler un vide du marché: la pâte d'arachide est abondamment consommée au Sénégal, mais il n'existe qu'une petite entreprise et des préparatrices du secteur informel qui proposent un produit de qualité médiocre (la pâte présente le plus souvent un taux d'aflatoxines élevé);

- de produire une pâte d'arachide de qualité constante et au goût des consommateurs africains et européens. Les deux entrepreneurs prévoyaient notamment d'écouler une partie de la production sur les marchés d'exportation.

Deux produits sont fabriqués: de la pâte d'arachide pure, qui entre dans la préparation des plats traditionnels, et de la pâte d'arachide chocolatée.

L'entreprise GRODIMAR, à laquelle appartient M. Diouf, et l'entreprise GAUTHIER fournissent le capital nécessaire au lancement du projet. Celui-ci a bénéficié également d'appuis externes, notamment de la Coopération française via le réseau "Transformation des produits agricoles et alimentaires" (TPA). En outre, le projet reçoit un appui scientifique de l'Institut de technologie alimentaire (ITA) de Dakar et du CIRAD (Institut des huiles et des oléagineux).

L'installation

La société est installée dans une concession lotie d'un quartier résidentiel de Fatick. Les bâtiments existants ont été transformés en logement de gardien, laboratoire et bureau. De nouveaux bâtiments ont été construits pour abriter les stocks et la chaîne de production.

Un premier magasin sert pour le stockage des arachides en coques. Il a été conçu de manière à empêcher le réchauffement des graines entreposées le long des murs exposés au soleil ou une reprise de l'humidité.

Un second magasin abrite les autres intrants de fabrication (sucre, poudre chocolatée...) et les emballages vides.

Un troisième magasin est destiné au stockage de la production conditionnée.

L'atelier comprend trois parties distinctes séparées par des cloisons: une pièce pour le décorticage, la partie centrale pour la transformation, la dernière pour le broyage, la préparation de la pâte chocolatée et le conditionnement.

Les équipements nécessaires à la fabrication ont été adaptés et installés par l'entreprise GAUTHIER. Ils comprennent:

- un décortiqueur, dérivé d'un modèle SAMAT. Sa capacité a été augmentée et le jeu de grilles de décorticage adapté aux variétés d'arachides du Sénégal. L'alimentation et la récupération des produits sont manuelles;

- un torréfacteur dérivé d'un modèle CECOCO, dont la capacité a également été augmentée. Son maniement est assez délicat car le grillage des arachides doit être arrêté dès que les graines ont atteint le degré de torréfaction souhaité, sous peine de carbonisation. Les arachides sont ensuite déchargées sur une table de refroidissement;

- un dépelliculeur lui aussi adapté d'un modèle CECOCO et qui peut être réglé pour ajuster l'intensité du traitement des graines. L'appareil est équipé d'une ventilation et d'un petit sasseur;

- une trieuse électronique colorimétrique a été fournie par la société SCAN CORE (Usa). Son débit est inférieur à la capacité des autres machines et le taux de rejet est très élevé;

- le broyeur provient de la société suisse FRYMA et est à meules coniques concentriques. La finesse de la pâte peut être très précisément réglée;

- une peseuse-doseuse TELFAFILL délivre des quantités très précises de pâte dans les conditionnements souhaités

- une bascule MILLER d'une portée de 120 kg;

- un batteur-mélangeur pour la préparation de la pâte chocolatée;

- un moulin ELECTROMOLINO pour la préparation du sucre glace.

Le procédé de fabrication est très classique:


L'organisation de la production

La chaîne de fabrication est discontinue; entre chaque étape, l'arachide est manutentionnée en bacs plastique. La capacité de production est de 90 kg de produit fini à l'heure.


Chaîne de fabrication de la pâte chocolatée

Dès novembre 1991, la société AGRIFA démarrait sa production: l'ensemble des équipements étaient montés et mis en route, le personnel administratif et de production recruté et formé, un stock de 50 tonnes d'arachides acheté.

Une telle rapidité dans la mise en œuvre du projet doit beaucoup au dynamisme et à l'engagement personnel des deux associés.

Quelques difficultés de démarrage

Tout n'a pas fonctionné du jour au lendemain "comme sur des roulettes" ! La phase de mise en route a été ralentie par quelques problèmes techniques: ii a fallu améliorer les réglages de la trieuse et les débits des équipements les moins rapides; changer le moteur du décortiqueur et les joints du torréfacteur.

Toutes ces difficultés ont été résolues, notamment grâce à la présence sur place d'un ingénieur de l'entreprise GAUTHIER.

Des problèmes financiers se sont également posés. Hormis des aides du réseau TPA et de la Caisse française de développement, le capital initial a été apporté par trois actionnaires (GRODIMAR Sarl, GAUTHIER Sarl et VALDAFRIQUE). En outre, un emprunt à taux bonifié a été souscrit auprès de la Société générale des banques du Sénégal. Néanmoins, les gros besoins de trésorerie ont nécessité un accroissement de capital. Celui-ci a été assuré par VALDAFRIQUE qui, devenu actionnaire majoritaire, contrôle de près la gestion de l'entreprise. Il a également fallu accroître la production journalière.

L'approvisionnement en matières premières

L'entreprise peut se procurer des arachides soit auprès de la Société nationale de commercialisation des oléagineux du Sénégal (SONACOS), soit directement auprès des producteurs locaux. Cette première étape du processus de production est fondamentale: la qualité du produit fini et la rentabilité de l'entreprise dépendent pour une très grande part de la qualité des lots de matière première achetés.

Le tout premier lot par exemple, qui provenait de la SONACOS, contenait beaucoup de corps étrangers, de brisures et de graines contaminées par l'aflatoxine. Les taux de rejet à la décortiqueuse et à la trieuse étaient très importants. En revanche, des graines achetées toutes décortiquées et triées ont donné entière satisfaction.

Il ne faut donc pas prendre en compte le seul prix d'achat des arachides, mais aussi leur qualité. En outre, pour alimenter toute l'année la chaîne de production avec des graines de qualité, il faut organiser un planning d'achat annuel et apporter un grand soin aux conditions de stockage.

Les exigences de la qualité

AGRIFA a axé sa stratégie de vente sur la qualité. Des progrès restent pourtant à accomplir en ce sens. Ainsi, les locaux consacrés à la fabrication ne respectent pas le principe de la marche en avant, fondamental dans les industries agro-alimentaires: comme il n'existe qu'une seule porte donnant sur l'extérieur pour les trois pièces, les produits se croisent aux diverses étapes de la production.

Il n'y a pas non plus de lavabo dans la salle consacrée au conditionnement.

Le personnel a été formé aux règles de base de l'hygiène, mais les ouvriers ne portent pas toujours un masque. Les bacs plastique de manutention servent indifféremment aux étapes intermédiaires de la production ou au transport des déchets. En outre les agents de fabrication sont moins bien considérés que le personnel administratif et commercial et ne sont guère responsabilisés sur les résultats de leur travail.

Il manque une personne affectée au contrôle qualité de la production. La teneur en aflatoxine contrôlée sur place ou dans les laboratoires de l'Institut de technologie alimentaire à Dakar est irrégulière et parfois encore trop élevée. Elle reste néanmoins inférieure aux taux constatés dans la pâte d'arachide fabriquée de manière artisanale.

Les circuits de commercialisation

Sur le marché sénégalais, AGRIFA a deux concurrents principaux:

- les préparatrices du secteur informel qui commercialisent la pâte d'arachide fabriquée le plus souvent à domicile;

- l'entreprise locale PATISSEN qui propose essentiellement de la pâte chocolatée.

AGRIFA se démarque de ses concurrents par un prix de vente légèrement inférieur et une meilleure qualité des produits. La stratégie de commercialisation adoptée a consisté à:

- promouvoir la pâte d'arachide auprès des collectivités et organismes publics (armée, hôpitaux, écoles, restaurants...) de manière à garantir un débouché pour une bonne partie de la production;

- intéresser les femmes commerçantes à la vente au détail des produits AGRIFA.

Les médias, notamment la télévision, ont été utilisés pour sensibiliser les consommateurs.

Les perspectives de vente à l'étranger ont été abandonnées dans un premier temps. L'exportation exige en effet une production de masse et les contraintes réglementaires sont, pour l'instant, trop difficiles à satisfaire. Des opportunités existent néanmoins, notamment vers la France, grâce aux contacts de GAUTHIER avec des importateurs de produits exotiques.

Fabrication de la pâte d'arachide selon un procédé mécanique semi-industriel


Stockage des graines


Décorticage et vannage


Torréfaction


Dépelliculage


Triage manuel


Broyage


Conditionnement

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