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5.2 Techniques ameliorees de stockage

Table des matières - Précédente - Suivante

Les structures traditionnelles en matériaux locaux ont les caractéristiques nécessaires pour une bonne conservation des récoltes et sont relativement peu coûteuses. Néanmoins il y a toujours matière à amélioration surtout quand les maténaux traditionnels font défaut ou que le savoir-faire technique pour la construction tend à disparaître.

Pour améliorer l'étanchéité ou lutter contre les rongeurs et les insectes, soit le grenier existant est modifié, soit un nouveau type d'entrepôt est introduit à partir de matériaux industriels. Ces deux approches sont difficiles à mettre en oeuvre en vue d'une large diffusion. Une amélioration techniquement valable, même mineure, peut sembler inacceptable ou trop coûteuse par les populations. Le paysan peut être réticent à adopter une nouvelle structure de stockage tant que son grenier ne nécessite pas de réparation ou de remplacement. D'autre part le manque ou la mauvaise estimation des coûts et bénéfices réels des structures de stockage proposées a conduit à promouvoir des technologies souvent inadaptées. Ces erreurs, généralement de surestimation, concernaient le niveau de pertes à réduire, le taux de remplissage des entrepôts (variable au cours d'une même saison), les prix et la demande du produit. En revanche les aspects liés à la production, à la diffusion, à la disponibilité de crédits pour le financement ont été sous-estimées. Les expériences suivantes, au Togo et au Bénin, sont des modifications mineures de la structure traditionnelle apportant une amélioration significative.

5.2.1 Amélioration des greniers à maïs du Sud du Togo

Le maïs occupe une place de choix parmi les cultures vivrières du Togo. Céréale la plus utilisée dans l'alimentation togolaise, le maïs entre dans la composition d'une vingtaine de mets locaux. Dans la moitié sud du pays, le maïs est récolté depuis longtemps deux fois par an. Dans les régions septentrionales, le maïs est produit, au détriment du sorgho, en une seule campagne annuelle. Dans les zones cotonnières, on cultive le maïs en rotation avec le coton depuis une dizaine d'années, alors qu'il est habituellement associé au manioc et au niébé dans les autres régions.

Un grenier à maïs bien entretenu permet au paysan de profiter de la hausse des prix au moment de la soudure (augmentation de 175 à 325% entre juillet-août et la soudure en mai-juin). Un pourcentage de 90 à 95% du maïs stocké et consommé est produit par de petits paysans. Ceci a été pris en compte afin d'apporter des améliorations technologiques à faibles investissements, à partir des structures existantes. L'intensification de la production et l'introduction de techniques plus modernes seront envisagées par la suite.

Description technique

D'après les recherches sur le séchage effectuées sur le grenier traditionnel "Bliva" (cf. Chapitre 4), Smith et Al. (1994) sont arrivés aux conclusions suivantes. Pour obtenir un séchage optimal des grains (faible taux d'humidité) il faut:

- Maintenir des températures stables à l'intérieur des greniers;
- Réduire la surface du maïs exposée à l'air ambiant;
- Réduire les reprises d'humidité par le maïs après une pluie ou durant la nuit.

L'enfumage réalisé durant les deux premières semaines de stockage et après chaque pluie permet de redistribuer l'humidité de façon homogène. Afin que la fumée pénètre bien dans l masse d'épis, en passant à travers la base de la plate-forme, un dispositif conique a été placé sur la plate forme (figure 5.6). La configuration idéale serait d'incorporer plusieurs ouvertures à trappe, couvertes de grillage, lors de la construction de la plate-forme. Les trappes seraient ouvertes le jour lorsque l'air est plus sec et l'enfumage possible, et refermées pendant la nuit quand l'air est plus humide. Cette configuration est difficile à réaliser lorsque la plate-forme est faite de branches d'arbres. Des études doivent être poursuivies pour réaliser une plate-forme appropriée.

Figure 5.6 - Grenier mudi d'un cylindre ou d'un cône plate-forme pour améliorer l'enfumage
(Source: Kpakote et al, 1994)

5.2.2 Amélioration du stockage au sud Bénin

Le maïs est la culture vivrière principale et la base de l'alimentation des populations du sud et du œntre du Bénin. Cette culture s'est étendue au nord du pays où elle constitue la deuxième culture de rente après le coton. Le maïs fait l'objet d'importantes transactions commerciales à l'intérieur du pays et vers les pays limitrophes. Sa production est passée de 271.000 tonnes en 1982 à prés de 460.000 tonnes en 1992 grâce aux efforts des services de développement agricole.

Malgré ce dynamisme au niveau de la production et de la commercialisation, les pratiques traditionnelles de stockage sont demeurées inchangées et inadaptées à la production en hausse. L'apparition de nouveaux ravageurs des stocks a aggravée cette situation, entraînant des pertes élevées (taux moyen de perte passant de 10 à 15%, à 30% pour le maïs de première saison).

Des tentatives d'amélioration, silos "Ditcher", séchoirs "Brooks" (1976) et "cribs". (1985), ont eu peu d'impact en milieu rural. Le projet BEN/87/017, intitulé "Systèmes de stockage décentralisés., exécuté avec l'assistance technique de la FAO a proposé quelques solutions appropriées (Afomasse, 1994). Un diagnostic de la situation de référence a d'abord été réalisé à partir d'études sur l'environnement socio-économique de la "fonction stockage" et de l'évaluation proprement technique des structures et méthodes de stockage utilisées. Puis les améliorations ont tenu compte des préoccupations émises par les paysans, parmi lesquelles:

- la qualité du bois de construction de la plate-forme;
- la résistance et dureté de la structure (bambou);
- la protection des poteaux des greniers afin d'empécher aux rongeurs de pénétrer dans les greniers;
- la période de récolte du maïs
- la préparation du produit avant son stockage;
- le traitement du maïs en spathes avec les pesticides recommandés par le service de protection des végétaux.

Les paramètres 2, 4, 5 et 6 ont été pris en compte lors des essais sur les greniers modifiés.

Description technique des greniers modifiés

Le grenier circulaire en bambou tressé (BT) pourvu d'un toit fixe en paille et d'une fenêtre a été retenu pour être modifié afin de correspondre aux besoins des paysans. Deux types de plate-forme ont été testées: la plate-forme à fond plat (hauteur sol/plancher de 0,80m) et la plate-forme à fond conique (hauteur sol/plancher de 1,20m et hauteur sol/base du cône de 60cm) qui permet une bonne répartition des charges et un meilleur séchage.

Les trois types de grenier amélioré sont:

- BT 2 Diamètre: 2m, hauteur: 2m, Capacité de stockage: 2 tonnes d'épis non despathés.

- BT 3 Diamètre: 3m, Capacité de stockage: 6 tonnes, cheminée centrale en bois, de forme conique (60cm de diamètre à la base, 1,6m de hauteur). (figure 5.7)

- BT 4 Diamètre: 4m, Capacité de stockage: 10 tonnes, muni de trois cheminées en bois (50cm de diamètre, 1,6m de hauteur) destinées à favoriser le séchage (figure 5.8).

Figure 5.7 - Adaptation d'une cheminée sur la plate -forme d'un grenier traditionnel
(Source: Afomasse, 1994)

Figure 5.8 - Grenier de maïs muni de trois cheminées en bois de forme conique disposées sur la plate forme pour la circulation d'air
(Source: Afemasse, 1994)

Résultats techniques

On observe au bout de trois mois que le taux d'humidité des grains descend à 15,3%, 15,8% et 15% respectivement dans les greniers BT 2, BT 3 et grenier témoin (tableau 5.1). Au bout de 6 mois, les taux d'humidité des grains sont bien en-dessous du niveau de sauvegarde (environ 13-14%). En revanche dans le grenier de 4m de diamètre (BT 4), au bout de six mois, la teneur en eau des grains est toujours supérieure à 15%, malgré le dispositif installé pour faciliter le passage de l'air. L'augmentation du diamètre des greniers améliorés au-delà de 3m n'est donc pas à conseiller.

Malgré un tri systématique des épis de maïs pour écarter ceux qui sont déjà moisis, on observe un niveau non négligeable d'attaques de moisissures en cours de séchage dû au séjour prolongé à des taux d'humidité élevés (tableau 5.2). Pour les modèles BT2, BT3 et traditionnel, le niveau de moisissures reste faible mais peut représenter des risques considérables en l'absence d'analyse et de contrôle. Dans le cas du BT4 les taux de moisissures supérieurs à 10% sont définitivement trop élevés.

L'évaluation des dégâts dus aux insectes (tableau 5.3) montre l'effet significatif du traitement phytosanitaire associé à une préparation des épis avant stockage réalisée sur les greniers améliorés On enregistre moins de 1,5 % de perte en poids au bout de six mois dans le grenier amélioré contre 6,2 % de pertes pour le grenier traditionnel.

Tableau 5.1- Evolution de la teneur en eau des grains

Diamètre du grenier A la récolte Après 3 mois de stockage Après 6 mois de stockage
2 m 19,7 % 15,3% 12,6 %
3 m 20% 15,8% 13,6 %
4 m 20,7 % 16,7 % 15,4%
Témoin 18,9% 15% 11,7%

Tableau 5.2 - Dégâts dus aux moisissures (% de grains moisis)

Diamètre du grenier A la Récolte Après 3 mois de stockage Après 6 mois de stockage
2 m 2,3 % 2,9 % 3,4 %
3 m 3,4 % 5,7 % 5,1 %
4 m 4,2 % 11,4 % 10,7 %
Grenier traditinnnel 2,9% 3,0% 3,2%

Tableau 53 - Pourcentage de perte en poids due aux insectes

Diamètre grenier A la récolte Apres 3 mois de stockage Après 6 mois de stockage
2 m 0,4 % 0,7 % 1,3 %
3 m 0,2 % 0,6 % 0,9 %
4 m 0,9% 0,9% 1,3 %
Grenier traditionnel 0.6 % 1.6 % 6.2 %

Résultats socio-économiques

Le coût du stockage comprend les coûts de construction, de traitement phytosanitaire, et de mise en stock. Le rapport coût/bénéfice est la plus value réalisée en différant la vente du maïs (tableau 5.4)

Tableau 5.4 - Coûts du stockage

Type de grenier Coût du stockage Coût/bénéfice après 6 mois
BT2 4.300 FCFA 2.125 F/tonne
BT3 3.150 FCFA 2.600 F/tonne
Traditionnel 4.100 FCFA  

Les pertes occasionnées par les parasites sont sensiblement réduites grâce à l'utilisation d'une structure de stockage performante associée à une récolte en temps opportun, une préparation des épis avant le stockage et un traitement phytosanitaire. L'autovulgarisation des techniques de construction de greniers améliorés a commencé à se développer dans la zone d'intervention du projet, signe de l'intérêt suscité par la technique. Les paysans formés par le projet offrent à présent leurs services rémunérés à d'autres paysans.

5.3 Silos

Les petits entrepôts traditionnels à enceinte fermée, sont utilisés par les agriculteurs dans presque tous les pays d'Afrique. Ils comprennent les silos souterrains ou silos-fosses et les structures hors terre faites en argile, souvent mélangée à un matériau liant, paille et bouse de vache notamment. On les rencontre dans les régions où les conditions hygrométriques de l'air, au moment de la récolte, permettent d'abaisser facilement la teneur en eau des grains jusqu'à 12% (ou moins) pour un bon stockage en silo (figure 5.9).

Depuis 25 ans on a tenté d'introduire des silos dits "améliorés", soit pour modifier une partie du silo traditionnel (plate-forme ou revêtement), soit pour remplacer le grenier végétal (figure 5.10). Les silos aériens en bois, en briques ou en béton et les silos souterrains possèdent des caractéristiques, d'étanchéité par exemple, adéquates pour un bon contrôle des insectes par fumigation. Néanmoins le taux d'adoption des techniques améliorées a souvent été faible pour diverses raisons (cf. début seconde partie du chapitre) et notamment: manque de disponibilité des matériaux de construction, savoir-faire technique insuffisant et séchage additionnel nécessaire.

Deux expériences réussies, la diffusion de silos métalliques au Swaziland et le silo souterrain au Maroc, sont brièvement décrites ci-dessous.

5.3.1 La diffusion de silos métalliques au Swaziland

Cultivé par tous les agriculteurs du pays, le maïs est la nourriture de base au Swaziland. Après un séchage en crib ou sur le toit des maisons, toute la récolte est égrenée avant d'être vendue ou stockée à la ferme généralement dans des silos métalliques. Cela constitue un cas unique en Afrique, les tentatives d'introduction de ce type de silo dans d'autres pays africains ayant échoué.

Les premiers silos métalliques au Swaziland sont décrits dans les rapports du ministère de l'agriculture en 1940, mais ils ne se développent qu'à partir des années 50. A la fin des années 60, ils sont construits localement par des petites et moyennes entreprises de métallurgie. Il semble qu'aucune aide sous forme de formation ou de subvention n'ait été fournie à ces entreprises ou aux paysans utilisateurs. Il faut noter cependant que les communautés rurales sont relativement riches et ont accès facilement aux matériaux de type tôle galvanisée. En 19711972, 24,7% des exploitations agricoles possédait en moyenne 1,3 silo métallique par exploitation, soit 12.400 silos dans le pays. En 1979 cette estimation s'était élevée à 15.000 silos. Une enquête en 1988-1989 dénombrait 30.000 silos (36% des exploitations avaient 1,2 silo par exploitation). En 1990, 70% des agriculteurs possédaient un silo. Aujourd'hui en 1994 le nombre approximatif de silos est de 45.500.

Description technique

La construction du silo est similaire à celle des réservoirs à eau locaux. Des feuilles d'acier galvanisé de 0,63mm d'épaisseur sont roulées et rivetées en anneaux pour former les murs du silo. Il faut deux feuilles par anneau pour une structure de 2 tonnes. On fixe des feuilles d'acier planes en haut et en bas pour former une enceinte hermétique. Les joints et les rivets doivent être scellés par soudure. La capacité d'un silo varie de moins d'une tonne à 8 ou 9 tonnes de maïs grain. Ceux d'une à trois tonnes sont les plus courants.

Le silo est installé sur une base solide et à niveau, surélevée par rapport au sol (figure 5.11). Les paysans placent le silo à l'ombre de grands arbres, sous des abris ou à l'intérieur de leur habitation afin d'éviter les phénomènes de condensation. Des silos bien entretenus durent plus de trente ans. Néanmoins ils ne sont pas considérés comme des structures permanentes. Ce facteur est primordial pour le paysan de Swaziland qui n'est pas propriétaire de sa terre.

Figure 5.11 Le silo métallique au Swaziland

La fumigation des grains

L'intérêt majeur du silo métallique est sa résistance aux rongeurs et la facilité de contrôle des insectes par fumigation. Les agriculteurs préfèrent la fumigation à la poudre insecticide. On scelle les silos pour la fumigation en recouvrant les ouvertures de remplissage et de vidange à l'aide d'un morceau de plastique épais (un vieux sac d'engrais par exemple) avant de placer les couvercles métalliques. Des années quarante à la fin des années soixante le fumigant utilisé était le bisulfite de carbone sous forme liquide. Depuis 1972 la phosphine a été adoptée après une campagne de vulgarisation et de promotion (tableau 5.5). De 1972 à 1975 la section "stockage des grains" a formé les paysans à l'utilisation efficace et sans risque des tablettes de phosphine. De plus, elle s'est substituée aux entreprises privées absentes du marché en établissant un réseau de distribution, en effectuant des démonstrations sur le dosage et sur les techniques pour sceller les silos. Ce type d'action associée aux conseils sur l'installation et l'entretien des silos ont fortement amélioré les conditions d'utilisation des silos métalliques au Swaziland.

Tableau 55 - Quantité de phosphine utilisée pour la fumigation au Swaziland

Années Tablette utilisées Quantité maïs traité (tonnes)
1972-1973 1.151 384
1973-1974 2.975 772
1974-1975 10.024 3.341
1977 15.840 5.280
1978 146.880 48.960
1979 74.460 24.820
1992 293.320 97.440
1993 449.280 149.760

5.3.2 Les silos-souterrains au Maroc

Le stockage des grains en silos souterrains est une technique ancienne pratiquée dans plusieurs pays. Au Maroc beaucoup d'agriculteurs préfèrent le stockage souterrain pour la conservation de leurs denrées. On estime la capacité de stockage selon cette méthode à environ un million de tonnes. Cette technique, également utilisée en Tunisie, en Egypte, et au Soudan est adaptée au contexte rural et aux petites exploitations lorsque les conditions du sol le permettent. L'atmosphère pauvre en oxygène, créée à l'intérieur de l'entrepôt souterrain permet de réduire les attaques d'insectes. Cela constitue un moyen naturel de lutte contre les ravageurs en substitution des produits pesticides souvent difficiles à se procurer (Bartali H., 1994).

Description technique

Traditionnellement le revêtement des silos souterrains est en paille (figure 5.12) ou en plastique (feuilles simplement collées les unes aux autres). Ces pratiques peuvent entraîner une pénétration de l'eau souterraine dans la masse de grain emmagasinée et provoquer des pertes considérables. Afin de réduire ces risques, on a comparé l'utilisation du revêtement classique en paille et l'utilisation de revêtement en sacs de polyéthylène confectionnés manuellement pour épouser la forme de l'entrepôt (figure 5.13). L'étude financée par le programme PSTC de l'USAID portait sur le stockage de blé dur dans des entrepôts de 1,5 tonne pour une durée de 16 mois. Lors de ce projet les agriculteurs étaient invités à assister à toutes les étapes de l'étude: remplissage et vidange des entrepôts, contrôle et évaluation des pertes.

Figure 5.12 - Silo souterrain revêtu de paille
(Source: Bartali, 1994)

Figure 5.13 - Silo souterrain avec revêtement plastique
(Source: Bartali, 1994)

Résultants

-La terre couvrant le silo protège le grain des fluctuations de température de l'air extérieur. Les températures au sein du silo revêtu de plastique restent voisines de 17°C alors que la température extérieure atteint 45°C. Dans les silos revêtus de paille le manque d'étanchéité entraîne une plus grande activité biologique dans la masse de grain et la température peut atteindre 30°.

-L'humidité relative de l'air dans le silo qui était de 53% avant la mise en stock, augmente rapidement quelques jours après le remplissage pour se stabiliser autour de 73% (équilibre hygroscopique air-grain) trois mois plus tard.

-Les autres paramètres, concentration de C02, teneur en eau, poids volumique et perte en poids sec sont relevés dans le tableau ci-dessous et mettent en relief les meilleures performances du silo à revêtement plastique.

-Le taux de germination diminue de 30% au bout de trois mois lorsque le grain est stocké dans un silo revêtu de paille alors qu'il conserve presque sa valeur initiale dans le silo revêtu de plastique.

Paramètres mesurés selon le type de revêtement utilisé:

Type de revêtement Concentration de C02 Teneur en eau Poids volumique Perte en poids sec
Paille 17% 18% 754 g/l 19%
Plastique 13% 12,5% 674 g/l 3%

Le coût d'utilisation de sacs en plastique s'élevait en 1987 à 25$ pour un silo de 1,5 tonnes. Cet investissement, de la valeur d'un quintal de blé, peut éviter à l'agriculteur la détérioration de plusieurs quintaux de son stock (humidité, baisse du pouvoir germinatif, valeur nutritive et commerciale). Plusieurs agriculteurs ont déjà adopté le revêtement plastique. A chaque récolte l'effort de vulgarisation se poursuit: définition de la nature du plastique utilisé, démonstration de la confection de sacs de plastique, des techniques de remplissage et de fermeture étanche des entrepôts. Des mesures incitatives au stockage décentralisé à la ferme ainsi qu'un assouplissement des délais de remboursement des prêts de campagne contractés auprès d'organismes de crédit ont été adopté. (Bartali, 1994)

5.3.3 Les silos en argile année de paille

Depuis 1987, une autre expérience pilotée par le Département de Génie Rural {a l'Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II de Rabat, a évalué les performances des silos en argile armée de paille (Bartali, 1994). Ces silos s'apparentent aux structures de stockage utilisées en Chine. En 1982, la FAO avait souligné l'intérêt de ce genre de structures dans les pays où existe une tradition de construction en terre et en paille pour les habitations rurales.

La structure est réalisée en matériaux locaux. La paroi est réalisée à partir d'un mélange d'argile et de paille hachée auquel sont incorporés des cordons de paille tressée disposés en cercle afin de compenser la pression du produit contre la paroi. Les agriculteurs utilisent également des silos verticaux en roseaux revêtus d'argile de 1 à 2 tonnes de capacité. Les avantages de ces silos sont à la fois le coût réduit, la simplicité de construction et la bonne isolation thermique offerte par la paroi. Deux silos pilotes d'une capacité de 15 tonnes ont été construits dans une région côtière et une région continentale.

Description technique

L'enceinte de stockage circulaire a une paroi de 0,45m d'épaisseur, une hauteur de 2,9m et un diamètre de 3m. Le fût en argile et paille est surélevé sur un promontoire circulaire de 2m de hauteur comportant une porte permettant de contrôler le système de vidange. Le fond du silo est conique afin de faciliter la vidange à un débit de 6 tonnes par heure. Le toit en terre, paille ou plastique est de forme conique pour une meilleure aération et une évacuation des eaux de pluie. Le remplissage du silo se fait par l'intermédiaire d'une ouverture au niveau supérieur de la paroi. A ce niveau, des orifices grillagés améliorent la ventilation naturelle du grain.

Résultats

Les recherches sur ces structures ont porté sur le stockage de l'orge et du blé tendre pendant des périodes d'une à deux années consécutives. Ces silos, peu coûteux et durables, offrent de bonnes conditions de stockage puisqu'ils se prêtent à une bonne fumigation, sont caractérisés par des températures intérieures plus basses que celles de l'air ambiant et ont un faible taux de perte en poids sec (4%).

5.4 Banques de cereales

Les 25 dernières années ont été marquées par l'apparition du concept de "banques de céréales. et le développement de ces structures. A la suite des grandes sécheresses du début des années 1970 il a semblé nécessaire de mettre en place des structures villageoises, autogérées par les villageois, afin de limiter la situation d'insécurité alimentaire et de compléter l'action des Offices Céréaliers ou de suppléer à leurs défaillances. Cette idée reposait sur deux obsærvations: i) la fluctuation saisonnière du prix des céréales prix bas au moment des récoltes et prix élevés en période de soudure juste avant la récolte suivante), ii) les besoins de liquidités contraignant les paysans à brader leurs céréales ou à commercialiser des quantités plus élevées que leurs excédents réels les obligeant ainsi à acheter en période de soudure, période où les prix sont les plus élevés.

Le "grenier commun villageois. est en mesure d'acheter à la récolte, de stocker et de revendre à la soudure afin de:

- maintenir un stock minimum au niveau du village;
- fournir un approvisionnement à un coût moins élevé en période de soudure;
- donner un débouché aux paysans commercialisant leurs produits à la récolte quand les prix sont bas.

Les premières banques de céréales, établies au Burkina Faso entre 1979 et 1983 étaient essentiellement destinées à la sécurité alimentaire du village. Durant les années 1980, on a assisté au développement rapide des banques de céréales sous l'égide de programmes nationaux et de projets financés par des institutions internationales et des organisations non gouvernementales. Ces actions mobilisant des ressources substantielles ont connu des niveaux de succès variables. Le tableau 5.6 présente une estimation du nombre de banques existantes inférieure au nombre de banques réellement créées du fait des échecs d'une partie d'entre elles.

Par la suite, les banques de céréales ont eu progressivement des fonctions accrues d'écoulement de la production et de régulation du marché, en tant que relais commerciaux des Offices Céréaliers (Gergely et al., 1990). Cependant lorsque les nouvelles politiques céréalières nationales définies dans le cadre des programmes d'ajustement structurel ont supprimé ou considérablement réduit le rôle d'intervention des Offices, les banques de céréales se sont retrouvées seules face au marché, sans interlocuteur privilégié. Malgré cette difficulté, les banques de céréales ont apporté et apportent toujours aux groupements de paysans la possibilité de s'adapter aux nouvelles conditions d'organisation du marché.

Tableau 5.6 - Les banques de céréales dans quelques pays saheliens (Gergely et al, 1990)

Pays Nombre de banques Tonnage équivalent (T)
Sénégal 240 4000
Mali 400 4700
Burkina Faso 800 6 à 7000
Niger 370 4800
Mauritanie 25 -
Tchad 500 à 1000 -

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