Back to Home Page of CD3WD Project or Back to list of CD3WD Publications

Trichloroethene

Table des matières - Précédente - Suivante

APPELLATIONS

Numéro du CAS: 79-01-6
Nom dans le registre: Ethène, trichloro, trichloroéthène
Nom de la substance: Trichloroéthène

Synonymes, noms commerciaux: Tri , trichloroéthylène , trichlorure d'éthylène , Algylen , Benzinol , Circosolv , Lanadin , Perm-a-chlor, Triasol , Trichloran , Triclène , Trimar , Vitran  et de nombreux autres

Nom(s) anglais: Trichloroethene
Nom(s) allemand(s): Trichlorethen
Description générale: Liquide incolore volatile, d'odeur douceâtre rappelant celle du chloroforme; la densité du gaz est nettement plus élevée que celle de l'air.


PROPRIETES PHYSICO-CHIMIQUES

Formule brute: C2HCl3
Masse atomique relative: 131,4 g
Masse volumique: 1,46 g/cm3 à 20°C
Densité de gaz: 4,54
Point d'ébullition: 86,7°C
Point de fusion: -73 to -87°C
Tension de vapeur: 77 hPa à 20°C
Température d'ignition: 410°C
Limites d'explosivité: 7,9 - 41 Vol%
Seuil olfactif: 50 ppm dans l'air
Solubilité: Dans l'eau: 1,1 g/l à 20°C; aisément soluble dans des solvants organiques.
Facteurs de conversion: 1 ppm = 5,46 mg/m3
  1 mg/m3 = 0,18 ppm


ORIGINE ET UTILISATIONS

Utilisations:
Les utilisations du trichloroéthène  sont multiples. 75-80% de la production mondiale de trichloroéthène sont utilisés pour le dégraissage des métaux et dans l'industrie du verre (DVGW, 1985). En raison de ses propriétés intéressantes comme solvant , il était utilisé autrefois pour le nettoyage à sec des textiles et dans l'extraction de substances naturelles (p.ex. pour la fabrication de café décaféiné et d'extraits de jus de fruits). Il sert également de produit intermédiaire pour la fabrication de l'acide chloracétique et de solvant pour les graisses, huiles, résines, caoutchouc, peintures, laques, esters et éthers cellulosiques.

Origine/fabrication:
Le trichloroéthène n'existe pas à l'état naturel; il doit être produit par synthèse à partir de 1,2-dichloroéthane. Le produit commercial contient des stabilisateurs.

Chiffres de production:

Production mondiale 1978-80 600.000 t (RIPPEN, 1989)
CE 1984 200.000 t (ULLMANN, 1986)
USA 1984 110.000 t (ULLMANN, 1986)
Rép.fédérale d'Allemagne 1984 30.400 t (RIPPEN, 1989)
Japon 1984 80.000 t (ULLMANN, 1986)

On enregistre actuellement une baisse de la production mondiale de l'ordre de 5 - 7 % par an.

TOXICITE

Homme: DL100 150 g, v.dermale sel. RIPPEN, 1989
  TCL0 44 mg/l, inhalation (83 mn) sel. RIPPEN, 1989
Mammifères:    
Rat CL50 7 200 mg/kg, v.orale (14 j) sel. RIPPEN, 1989
  CL50 28-29 mg/kg, v.dermale sel. RIPPEN, 1989
NEL 400 mg/kg, v.orale (28 j) sel. RIPPEN, 1989  
Souris DL50 2 400 mg/kg, v.orale sel. RIPPEN, 1989
  CL50 45 mg/l, inhalation (4 h) sel. RIPPEN, 1989
Lapin DL 7 330 mg/kg sel. DVGW, 1985
Chat DL 5 860 mg/kg sel. DVGW, 1985
Chien DL50 5 900 mg/kg sel. DVGW, 1985
Organismes aquatiques:    
Vairon d'Amérique CL50 120-150 mg/l (48 h) sel. RIPPEN, 1989
  CL50 41-67 mg/l (96 h) sel. RIPPEN, 1989
  CE50 22 mg/l (96 h) sel. RIPPEN, 1989
Grande perche soleil CL50 41-45 mg/l (96 h) sel. RIPPEN, 1989
Daphnie CE50 21 mg/l (48 h) sel. RIPPEN, 1989
Végétaux:    
Algue verte CE50 530 mg/l (24 h) sel. RIPPEN, 1989

Pathologie/toxicologie:

Homme/mammifères: Le trichloroéthène est un irritant oculaire et cutané, et possède un effet narcotisant. L'inhalation de plus de 3mg/kg de poids corporel se traduit par une perte de conscience. L'intoxication chronique porte atteinte au système nerveux central et se manifeste par des symptômes tels que perte de poids, céphalées, troubles neuropsychiques, ébriété et accès de frénésie (symptômes observés chez des ouvrières à partir de concentrations de 200 vppm; RIPPEN, 1989).

Le trichloroéthène  se signale également par des atteintes cardiaques, hépatiques et rénales. Pendant longtemps, le trichloroéthène était considéré comme cancérogène, mais on tend maintenant à penser qu'il ne l'est pas à l'état pur. Ce sont plutôt les stabilisateurs ajoutés à cette substance, comme par exemple l'épichlorhydrine et l'époxybutane, qui provoquent une prolifération des tumeurs dans les expériences sur l'animal. Cependant, aux USA, des expériences faites sur deux espèces animales avec du trichloroéthène pur ont entraîné une augmentation du taux de tumeurs (UBA, 1986).

Un produit de décomposition direct du trichloroéthylène, le trichloroéthanal, est mutagène pour l'homme.

Végétaux: Le trichloroéthène entraîne une inhibition de la division cellulaire et de la croissance. On observe dans certains cas un léger jaunissement des feuilles.

COMPORTEMENT DANS L'ENVIRONNEMENT

Milieu aquatique:
Le trichloroéthène est plus lourd que l'eau et se dépose lentement au fond dans les eaux souterraines . La contamination des eaux souterraines peut persister pendant plusieurs décennies. En République fédérale d'Allemagne, le trichloroéthène fait partie de la classe de risque WGK 3 (très dangereux pour le milieu aquatique).

Atmosphère:
Cette substance étant très volatile, une part importante de la production s'évapore (1979 env. 50.000 t selon DVGW,1985) et se répartit de façon homogène dans l'atmosphère, de sorte que sa présence est ubiquitaire. Un échange se produit entre l'air et l'eau. Selon RIPPEN (1989), le trichloroéthène contribue dans des proportions modérées à la formation du smog. Il est ramené au sol par les précipitations, et migre ainsi dans les eaux superficielles et souterraines.

Sols:
Ce produit s'accumule dans les sédiments, et surtout dans les boues d'épuration, où il peut même porter atteinte aux organismes anaérobies.

Demi-vie:
La durée de séjour dans l'atmosphère est estimée à 1 semaine environ. Dans les sols insaturés d'eau, la persistance du trichloroéthylène  est de 2 à 18 mois. La demi-vie est de 39 semaines dans l'eau de mer (pH8 / 10°C et de 2,5 à 6 ans dans l'eau douce  (RIPPEN, 1989). Dans l'obscurité, la demi-vie est de 1 mois. Le trichloroéthène est stable en conditions normales (RIPPEN, 1989).

Dégradation, produits de décomposition:
Sous l'effet de la lumière et de la chaleur, le trichloroéthène se transforme dans l'air en phosgène, chlorure formique, chlorure d'acétyle, puis enfin en CO2 et HCl. Dans l'eau, il forme du CHCl2COCl. De l'hexachlorobenzène  se forme à hautes températures; il entre en réaction avec des matières alcalines (par exemple mortier) pour former du dichloroacétylène. Une transformation anaérobie en isomères de dichloroéthylène et chlorure de vinyle se produit dans les eaux souterraines contaminées, dans les sols anaérobies et dans les décharges. Aucune transformation n'intervient dans les sols sableux. Une dégradation biologique s'opère sous l'action de micro-organismes adaptés.

Chaîne alimentaire:
Les apports de trichloroéthylène  dans l'organisme humain se produisent à raison de 2-4% au travers de l'eau potable, de 3-26% par la chaîne alimentaire, et de 70-95% par inhalation (UBA, 1986). Dans l'organisme, cette substance se métabolise et s'accumule dans les tissus.

VALEURS LIMITES DE POLLUTION

Milieu Secteur Pays/ organ. Statut Valeur Cat. Remarques Source
Eau:   CH R 25 µg/l   1) sel. RIPPEN, 1989
  Eau pot. A L 30 µg/l   2) sel. RIPPEN, 1989
  Eau pot. A   100 µg/l   3) sel. RIPPEN, 1989
  Eau pot. D R 10 µg/l TVO 4) sel. DVGW, 1985
  Eau pot. DDR R 1 µg/l     sel. RIPPEN, 1989
  Eau pot. CE R 1 µg/l   5) sel. DVGW, 1985
  Eau pot. SU R 500 µg/l   6) sel. RIPPEN, 1989
  Eau pot. USA R 105 µg/l   plus de 1 j.7) sel. RIPPEN, 1989
  Eau pot. USA R 15 µg/l   plus de 7 j. 7) sel. RIPPEN, 1989
  Eau pot. USA R 2 µg/l   plus de 1 j. 8) sel. RIPPEN, 1989
  Eau pot. USA R 0,2 µg/l   plus de 10 j.8) sel. RIPPEN, 1989
  Eau pot. USA R 75 µg/l   9) sel. RIPPEN, 1989
  Eau pot. OMS R 30 µg/l     sel. DVGW, 1985
  Eau surface USA R 27 µg/l   10) sel. UBA, 1986
  Eau surface USA (R) 1,5 µg/l   11) sel. RIPPEN, 1989
  Effluents D R 5000 µg/l   Site de rejet sel. ROTH, 1989
Air: Emission D L 100 mg/m3   flux massique ³ 2 kg/h sel. TA-Luft, 1986
  Amb. prof. D L 270 mg/m3 TRK Cat. 3 DFG, 1994
  Amb. prof. D L 150 mg/m3   12) sel. DVGW, 1985
  Amb. prof. DDR L 750 mg/m3 MAKK   sel. HORN, 1989
  Amb. prof. DDR L 250 mg/m3 MAKD   sel. HORN, 1989
  Amb. prof. SU (L) 10 mg/m3 PDK   sel. RIPPEN, 1989
  Amb. prof. USA (L) 270 mg/m3 TWA   sel. RIPPEN, 1989
  Amb. prof. USA (L) 1.080 mg/m3 STEL   ACGIH, 1986
    D L 500 µg/dl BAT 13) DGE, 1989
    D L 100 mg/l BAT 14) DFG, 1989
    D L 30 mg/m3 MIKK   sel. BAUM, 1988
    D L 90 mg/m3 MIKD   sel. BAUM, 1988
    D R 5 mg/m3   1/2 h, dir.VDI 2310 sel. LAU-BW, 1989
    DDR L 4 mg/m3 MIKK   sel. HORN, 1989
    DDR L 1 mg/m3 MIKD   sel. HORN, 1989
    OMS R 1 mg/m3   24 h sel. LAU-BW, 1989
Aliments:   D L 0 mg/kg LHmV   sel. UMWELT, 1989
    D L 0,2 mg/kg LHmV 15) sel. UMWELT, 1989

Remarques:
 1) Seuil de tolérance provisoire (cumul de tous les solvants chlorés)
 2) Somme de 14 hydrocarbures halogénés
 3) Somme de 14 hydrocarbures halogénés en moins de 6 mois
 4) Somme des substances suivantes: trichloroéthane, trichloroéthylène, tétrachloroéthylène et dichlorométhane
 5) Somme des composés organiques chlorés sauf pesticides
 6) Seuil de tolérance organoleptique
 7) National Academy of Sciences
 8) United States Environmental Protection Agency (Agence pour la protection de l'Environnement)
 9) En cas d'exposition chronique
10) Critère pour la qualité des eaux
11) Critère de qualité pour la protection des organismes d'eau douce 
12) Pour un flux massique de 3 kg/h et plus
13) Paramètre trichloroéthanol dans le sang pur
14) Paramètre acide trichloroacétique dans l'urine
15) Valeur cumulative de plusieurs solvants dans un même produit alimentaire

VALEURS COMPARATIVES/DE REFERENCE

Milieu/origine Pays Valeur Source
Eau potable:      
Brême (1980) D 0,1 µg/l sel. DVGW, 1985
Mannheim (1980) D 0,3 - 7,1 µg/l sel. DVGW, 1985
Taunus (1980) D <9,5 µg/l sel. DVGW, 1985
Grande-Bretagne (1981) GB 0,24 µg/l sel. DVGW, 1985
Japon (1977) J 0,2-0,9 µg/l (5 villes) sel. DVGW, 1985
USA (1977) USA 0,1-0,5 µg/l (5 villes) sel. DVGW, 1985
Vienne 1984) A <3,5 µg/l sel. RIPPEN, 1989
Zürich (1977) CH 0,005-0,105 µg/l sel. DVGW, 1985
Göteborg S 0,015 µg/l sel. DVGW, 1985
Eaux de surface:      
Rhin (Bâle, 1982) D 0,2-2,44 µg/l sel. DVGW, 1985
Rhin (Cologne, 1983) D 0,06-0,81 µg/l sel. DVGW, 1985
Main (1980) D 0,4-13 µg/l sel. DVGW, 1985
Lac de Constance (1982) D 0,01- 0,08 µg/l sel. DVGW, 1985
Liverpool Bay GB 0,3 µg/l sel. RIPPEN, 1989
Niagara (1981) USA 8 µg/l (val.moy.) sel. RIPPEN, 1989
Lac Ontario (1981) CDN 13 µg/l (val.moy.) sel. RIPPEN, 1989
Golfe de Kavala GR 0,26-2,80 ng/l sel. RIPPEN, 1989
Suisse (1981-83) CH <1,3 µg/l (val.moy.) sel. RIPPEN, 1989
Japon (1974) J 5 µg/l (val.moy.) sel. RIPPEN, 1989
Golfe du Mexique, côte MEX 10-50 ng/l sel. RIPPEN, 1989
Pacifique Sud (1981)   0,1-0,7 ng/l sel. RIPPEN, 1989
Eaux souterraines:      
Brême-Nord (1985) D <100 µg/l sel. DVGW, 1985
Pays-Bas NL <1.000 µg/l (val.moy.) sel. RIPPEN, 1989
Pays-Bas, eaux contamin. NL 3.000 µg/l sel. RIPPEN, 1989
Grande-Bretagne GB <0,01 - 60 µg/l sel. RIPPEN, 1989
Minnesota USA 0,2 - 6,8 µg/l sel. RIPPEN, 1989
Ohio, eaux contaminées USA <6.000 µg/l sel. RIPPEN, 1989
Suisse (1981-83) CH <15 µg/l sel. RIPPEN, 1989
Sédiments/sols:      
Rhin (1978) D <300 µg/kg sel. DVGW, 1985
Rhin (Hitdorf) (1982) D <10 µg/kg sel. DVGW, 1985
Forêt Noire, expos.ouest D 8 - 30 µg/m3 sel. RIPPEN, 1989
Proximité de lavages chim. D 30 - 200 µg/m3 sel. RIPPEN, 1989
Boues d'épuration USA 0,048 - 44 mg/kg RS sel. RIPPEN, 1989
Atmosphère:      
Hémisphère Nord   87 ng/m3 sel. RIPPEN, 1989
Hémisphère Sud   8,2 ng/m3 sel. RIPPEN, 1989
Arctique (1980-82)   22 - 220 ng/m3 sel. RIPPEN, 1989
Francfort, centre-ville D 2-46 µg/m3 (max.: 1.100) sel. RIPPEN, 1989
Berlin (1977) D 1-61 µg/m3 sel. RIPPEN, 1989
Japon (1979) J 0,08-32 µg/m3 sel. RIPPEN, 1989
Suède (ville) S 10 µg/m3 sel. RIPPEN, 1989
Mammifères:      
Invertébrés   1-10 µg/kg sel. RIPPEN, 1989
Poissons   0,5-100 µg/kg sel. RIPPEN, 1989
Oiseaux aquatiques   1-100 µg/kg sel. RIPPEN, 1989
Mammifères   1-10 µg/kg sel. RIPPEN, 1989
Homme (tissus adipeux)   < 32 µg/kg sel. RIPPEN, 1989
Homme (globalement)   1 µg/kg sel. RIPPEN, 1989
Aliments:      
Boissons D <0,1-8 µg/kg sel. RIPPEN, 1989
Aliments solides D 0,1-64 µg/kg sel. RIPPEN, 1989

EVALUATION ET REMARQUES

En raison de la forte toxicité de cette substance pour les organismes aquatiques, l'EPA recommande la concentration "zéro" dans les eaux superficielles. Dans la mesure où le risque de cancer au travers de la consommation d'eau potable n'est pas exclu, un objectif de qualité a été fixé pour un ensemble de quatre hydrocarbures chlorés ayant un comportement similaire au niveau de leurs effets. Bien que la valeur limite soit très variable dans les différents pays, il est recommandé de ne pas dépasser 10 µg/l pour l'eau potable.

Le trichloroéthylène  étant un polluant caractéristique des eaux usées dans les agglomérations urbaines, il convient de veiller à ce que les émissions soient aussi réduites que possible. Dans les années 90, plusieurs pays ont réglementé l'utilisation du trichloroéthène par des textes de loi, de sorte que ce dernier est progressivement remplacé par d'autres substances.


Table des matières - Précédente - Suivante