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Phenol

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APPELLATIONS

Numéro du CAS: 108-95-2
Nom dans le registre: Phénol
Nom de la substance: Phénol
Synonymes, noms commerciaux: Acide carbolique  , benzophénol  , acide phénique , benzénol , phénol ordinaire
Nom(s) anglais: Phenol, carbolic acid, hydroxybenzene
Nom(s) allemand(s): Phenol, Karbolsäure, Hydroxybenzol
Description générale: Substance incolore/rosée ou fusion incolore; odeur douceâtre.

PROPRIETES PHYSICO-CHIMIQUES

Formule brute: C6H6O
Masse atomique relative: 94,11 g
Masse volumique: 1,07 g/cm3 à 20°C
Densité de gaz: 3,24
Point d'ébullition: 181,75°C
Point de fusion: 40,8°C
Tension de vapeur: 0,2 hPa à 20°C; 3,5 hPa à 50°C; 54 hPa à 100 °C
Point d'éclair: 82°C
Température d'ignition: 595°C
Limite d'explosivité: 1,3 - 9,5 % Vol.
Seuil olfactif: 0,18 mg/m3 = 0,046 ppm
Solubilité: Dans l'eau: 82 g/l;
facilement soluble dans l'alcool, l'éther, le chloroforme, les graisses et les huiles essentielles.

Facteurs de conversion: 1 ppm = 3,91 mg/m3
1 mg/m3 = 0,26 ppm

ORIGINE ET UTILISATIONS

Utilisations:
Le phénol est utilisé pour la fabrication de produits tels que résines synthétiques, colorants, produits pharmaceutiques, pesticides, matières tannantes, parfums, lubrifiants et solvants .

Origine/fabrication:
Dans le groupe des phénols, les crésols et la substance mère elle-même sont le principal composé, mais il convient également de mentionner le thymol, les naphtols, la phénolphtaléine, le trichlorophénol et le pentachlorophénol. Les composés naturels tels que la pyrocatéchine, le gayacol et leurs dérivés n'ont pas d'effets toxicologiques significatifs. L'un des dérivés de la pyrocatéchine, l'adrénaline, est bien connu. Le phénol est présent à l'état naturel dans le bois et les aiguilles de pin, dans l'urine des herbivores (sulfate phénolique) et dans le goudron de houille. Les phénols monovalents forment dans la nature de nombreuses substances odorantes (par exemple vanille, thymol dans le thym, carvacrol, zingivérone dans le gingembre, aldéhyde salicylique). Parmi les phénols polyvalents de synthèse, l'hexachlorophène est particulièrement toxique. Le phénol est obtenu par distillation du goudron de houille (sel. RÖMPP 1983, 1 t de houille permet d'obtenir env. 0,25 kg de phénol). Cependant, la méthode de synthèse qui prévaut à l'heure actuelle est la dissociation de l'hydroperoxyde de cumène, avec comme sous-produit l'acétone. Du phénol est aussi parfois produit à partir du benzène en passant par l'acide sulfonique de benzène ou par le chlorobenzène.

Des émissions sont produites par la combustion incomplète d'essence et de goudron de houille, dans les effluents  des cokeries ainsi que sous la forme de métabolites dans la photolyse du benzène et du chlorobenzène.

Chiffres de production:

Production annuelle (mondiale): 3 millions t/a (RIPPEN, 1989)
Production annuelle (DDR): 250.000 t/a (RIPPEN, 1989)
Production annuelle (USA, 1988): 1.600.000 t/a (RIPPEN, 1989)

TOXICITE

Homme: 1 g peut être mortel sel. RIPPEN, 1989
Mammifères:    
Rat DL50 414-530 mg/kg, v. orale sel. RIPPEN, 1989
Rat DL50 670 mg/kg, v. dermale sel. RIPPEN, 1989
Lapin DL50 400-600 mg/kg, v. orale sel. RIPPEN, 1989
Lapin DL50 850 mg/kg, v. dermale sel. RIPPEN, 1989
Chat DL50 100 mg/kg, v. orale sel. RIPPEN, 1989
Chien DL50 500 mg/kg, v. orale sel. RIPPEN, 1989
Organismes aquatiques:    
Pimephales promelas CL50 24-68 mg/l sel. RIPPEN, 1989
Leuciscus idus melanotus CL 50 25 mg/l (48h) sel. RIPPEN, 1989
Lepomis macrochirus CL 50 24 mg/l (96h) sel. RIPPEN, 1989
Daphnie CL 50 12 mg/l (48h) sel. RIPPEN, 1989
Scenedesmus quadricauda CE0 7,5-40 mg/l sel. RIPPEN, 1989
Microcystis aeruginosa CE0 4,6 mg/l sel. RIPPEN, 1989

Des données de toxicité pour divers dérivés du phénol sont fournies par DFG, 1982, vol. II: Phénols

Pathologie/toxicologie

Homme/mammifères:
Les vapeurs et solutions de phénol sont toxiques et pénètrent aisément dans l'organisme par voie cutanée. L'inhalation de vapeurs a un effet caustique sur les voies respiratoires et les poumons. Le contact cutané et oculaire avec des solutions de phénol entraîne de sévères brûlures (poison puissant pour le protoplasme). L'exposition prolongée entraîne une paralysie du système nerveux central ainsi que des atteintes rénales et pulmonaires. Cette paralysie peut finalement entraîner la mort. L'intoxication s'accompagne de symptômes tels que maux de tête, bourdonnements, vertiges, troubles gastriques et intestinaux, étourdissement, collapsus, empoisonnement, perte de conscience, respiration irrégulière, défaillance respiratoire, troubles cardiaques, et parfois convulsions. Selon HORN (1989), le phénol possède un potentiel tératogène et cancérogène. Selon le test d'Ames, le phénol n'a pas d'effets mutagènes.

Généralement, l'effet organoleptique des phénols halogénés (odeur et goût) permet d'éviter les lésions faisant suite à une ingestion par voie orale. (Voir aussi les fiches 'Crésols' et 'Chlorophénols').

Végétaux:
Perturbation de la perméabilité passive; inhibition de la croissance.

COMPORTEMENT DANS L'ENVIRONNEMENT

Milieu aquatique:
Le phénol est plus lourd que l'eau et tend à se déposer. Il se dissout lentement et, même dilué, continue de former des solutions toxiques. En raison de sa forte toxicité dans l'eau, le phénol figure dans la catégorie de risque WGK 2 (= polluant pour l'eau) en République fédérale d'Allemagne.

Atmosphère:
Les vapeurs de phénol sont plus lourdes que l'air et forment des mélanges explosifs sous l'effet de la chaleur. Le phénol s'oxyde à l'air, et ce processus d'oxydation est accéléré par la lumière ou par des impuretés à effet catalytique.

Sols:
Dans le sol, le phénol subit une dégradation microbienne aérobie ou anaérobie, de sorte que l'effet d'accumulation reste limité. L'accumulation est fonction de la présence de minéraux argileux (forte affinité avec l'oxyde d'aluminium).

Dégradation, produits de décomposition:
La biodégradation des phénols naturels est en général très bonne, de sorte qu'une accumulation dans la flore ou la faune est peu probable. La dégradation par des bactéries est intégrale jusqu'à formation de dioxyde de carbone (gaz carbonique). Dans le sol, une condensation avec formation d'acide humique peut se produire. En revanche, la dégradabilité des phénols synthétiques est plus faible, car nombre d'entre eux ont une action bactéricide. Plus les phénols contiennent d'atomes de chlore ou d'azote, plus leur toxicité est forte. Ainsi, le 'pentachlorophénol'  est le plus toxique des chlorophénols, et le trinitrophénol (acide picrique) le plus toxique des nitrophénols.
La dégradation dans les eaux de surface est de 90% en 7 jours environ (eaux stagnantes), et de 1 jour env. dans le sol sous l'effet de la microflore (RIPPEN, 1989); dégradation intégrale au bout de plus de 2 jours dans les suspensions terreuses.

Les métabolites des phénols peuvent également être très toxiques: la combustion incomplète de 2,4,5-trichlorophénol peut donner naissance à la dioxine TCDD. En règle générale, la dégradation biologique entraîne d'abord la formation de pyrocatéchine, de o-quinone et d'acide dicarboxylique, puis d'acide acétique et de CO2 (RIPPEN, 1989). Dans l'organisme humain, le phénol est éliminé par voie urinaire après oxydation ou liaison conjuguée avec l'acide sulfurique ou l'acide gluconique.

Chaîne alimentaire:
L'accumulation dans les produits alimentaires est limitée. Les personnes à risques sont les fumeurs, car la fumée de cigarette contient des phénols. La présence de phénol dans la nappe phréatique a pour effet de polluer l'eau potable, et lui donne un goût qui la rend impropre à la consommation.

VALEURS LIMITES DE POLLUTION

Milieu Secteur Pays/ organ. Statut Valeur Cat. Remarques Source
Eau: Eau pot. CE (L) 0,0005 mg/l   Conc. max. sel. LAU-BW, 1989
  Eau pot. USA   0,001 mg/l   Etat d'Illinois sel. WAITE, 1984
  Eau pot. USA   0,02 mg/l   Etat de Iowa sel. WAITE, 1984
  Surface D G 0,005 mg/l   4) sel. LAU-BW, 1989
  Surface D G 0,01 mg/l   5) sel. LAU-BW, 1989
  Eau sout. NL G 0,0002 mg/l   Référence sel. TERRA TECH, 6/94
  Eau sout. NL L 2000 mg/l   Intervention sel. TERRA TECH, 6/94
  Effluents CH (L) 0,005 mg/l   6) sel. LAU-BW, 1989
  Effluents CH (L) 0,05-0,20 mg/l   7) sel. LAU-BW, 1989
  Effluents D R 100 mg/l   Directive8) sel. LAU-BW, 1989
Sols:   GB R 0-0,1 mg/kg   Non contaminé sel. LAU-BW, 1989
    GB R 5-50 mg/kg   Sol contaminé sel. LAU-BW, 1989
    GB R > 250 mg/kg   Fortement contamin. sel. LAU-BW, 1989
    NL R 0,05 mg/kg   Référence sel. TERRA TECH, 6/94
    NL L 40 mg/kg   Intervention sel. TERRA TECH, 6/94
Air:   BG (L) 0,01 mg/m3   30 mn, 24 h8) 9) sel. STERN, 1986
    CS (L) 0,1 mg/m3   30 mn, 24 h sel. STERN, 1986
    D L 0,2 mg/m3 MIK Val.l.durée sel. BAUM, 1988
    D L 0,6 mg/m3 MIK Val.c.durée sel. BAUM, 1988
    DDR (L) 0,01 mg/m3   Val.c.durée sel. HORN, 1989
    DDR (L) 0,003 mg/m3   Val.l.durée sel. HORN, 1989
    H (L) 0,01 mg/m3   30 mn, 24 h8) 9) sel. STERN, 1986
    H (L) 0,6 mg/m3   30 mn10) sel. STERN, 1986
    IL (L) 0,02 mg/m3   20 mn sel. STERN, 1986
    IL (L) 0,01 mg/m3   24 h sel. STERN, 1986
    RO (L) 0,1 mg/m3   30 mn sel. STERN, 1986
    RO (L) 0,03 mg/m3   24 h sel. STERN, 1986
    SU (L) 0,01 mg/m3   30 mn, 24 h8) 9) sel. STERN, 1986
    TJ (L) 0,02 mg/m3   60 mn sel. STERN, 1986
  Amb.prof. D L 19 mg/m3 MAK   DFG, 1989
  Amb.prof. DDR L 20 mg/m3     sel. HORN, 1989
  Amb.prof. SU (L) 0,3 mg/m3 PDK   sel. SORBE, 1989
  Amb.prof. USA (L) 19 mg/m3 TWA   ACGIH, 1986
  Amb.prof. USA (L) 38 mg/m3 STEL   ACGIH, 1986
  Emission D L 20 mg/m3   flux massique ³ 0,1 kg/h sel. TA-Luft, 1986

Remarques:
 1) Evaluation de la pollution des sols et des eaux souterraines: valeur A = pas de pollution
 2) Evaluation de la pollution des sols et des eaux souterraines: valeur B = nécessité d'études plus approfondies
 3) Evaluation de la pollution des sols et des eaux souterraines: valeur C = nécessité d'un assainissement
 4) Seuil de pollution en dessous duquel de l'eau potable peut être produite par des procédés naturels
 5) Seuil de pollution en dessous duquel de l'eau potable peut être produite en ayant recours aux procédés physico-chimiques actuellement connus et éprouvés
 6) "Objectif de qualité suisse", qui sert de base pour l'évaluation des eaux de surface et pour l'alimentation en eau potable
 7) Valeur limite pour les rejets d'eaux usées dans les cours d'eau
 8) Directive sur les exigences s'appliquant aux effluents déversés dans les systèmes publics d'épuration du Bade-Wurtemberg
 9) Zones de protection
10) Zones de protection spéciales
11) Autres zones ne nécessitant pas de protection particulière

VALEURS COMPARATIVES/DE REFERENCE

Milieu/origine Pays Valeur Source
Eau:      
Station épuration (amenée/déch.) D, USA 2-20 ppb sel. RIPPEN, 1989
Eau de rivière USA 10-100 ppb sel. RIPPEN, 1989
Eaux superficielles (1977) J < 10 ppb (n=9) sel. RIPPEN, 1989
Danube (1972) D 0,01-1 ppb sel. RIPPEN, 1989
Eau potable D 6-20 ppt sel. RIPPEN, 1989
Sols/sédiments:      
Sédiments (1977) J 30-40 ppb (n=3) sel. RIPPEN, 1989
Atmosphère:      
Concentration à l'air libre DDR 12 µg/m3 sel. HORN, 1989
Milieu urbain (1979) J 0,5-1,0 ppb sel. RIPPEN, 1989
Milieu urbain (1973) USA 15-91 ppt sel. RIPPEN, 1989
Paris (1977), (n=7) F 0,17-2,1 ppb (2h) sel. RIPPEN, 1989
Gaz d'échappement   1,3-1,5 ppm sel. RIPPEN, 1989
Fumée de tabac   300-500 ppm sel. RIPPEN, 1989
Homme:      
Excrétions, urine:   0,02-6,6 mg/kg/j sel. RIPPEN, 1989

EVALUATION ET REMARQUES

Les phénols synthétiques étant plus toxiques que ceux existant à l'état naturel, une réduction des émissions s'impose. Les personnes manipulant du phénol doivent notamment éviter le contact cutané et l'inhalation de ces produits.

(Voir aussi fiches 'Chlorophénols' et 'Crésols'.)


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